Retour à l'Ouest
légende forgée, que cette assemblée ne fut
autre que le congrès sioniste de Bâle, réuni en 1897. Malheureusement ce
congrès se déroula en pleine lumière, ses travaux sont connus, comme ses participants.
Il a fallu chercher autre chose et l’on n’a rien trouvé.
Les
Protocoles
exposent en somme, avec un cynisme assez intelligent, l’art d’asservir et
dégrader les peuples pour bien asseoir la tyrannie policière des riches : politique
de longue date exercée par les maîtres non-juifs du monde. Hitler en a fait, dit-on,
un de ses livres de chevet ; le certain est que les
Protocoles
figurent en bonne place dans
le trésor intellectuel du III e Reich. L’édition française que j’ai
sous la main, parue chez Bernard Grasset, est préfacée et postérieurement
annotée, avec un certain embarras, par M. Roger Lambelin [257] . La seule
préface de M. Lambelin est un document psychologique où l’on découvre au
premier abord les manifestations d’une sorte de délire apocalyptique.
Les Juifs, apprenons-nous, ont fait les révolutions, le
bolchevisme, la Société des Nations, la paix de Versailles. Woodrow Wilson
était leur instrument comme Lloyd George, comme Lénine. Au fond, ces trois-là
conspiraient ensemble pour le compte des Sages de Sion !
Pour mieux nous en convaincre, l’auteur fait du pur Slave
Kerensky un Juif et marie – de même – Lénine à une Juive… Mais ce n’est là que
menue monnaie de l’une des plus effarantes, des plus indigentes, des plus
bouffonnes impostures du temps présent.
Des chercheurs consciencieux se sont, en effet, appliqués à
établir la provenance des
Protocoles
.
Ils y sont parvenus. « Quand on cherche la vérité, disait Rémy de Gourmont,
le malheur c’est qu’on la trouve… » On a donc trouvé ceci. Les feuillets
des
Protocoles
furent divulgués
pour la première fois en Russie par un mystique passionné, Serge Nilus. Tout
porte à croire qu’il les tenait, par des intermédiaires d’ailleurs connus, des
chefs de l’Okhrana, c’est-à-dire de la police politique. On sait que la première
version des
Protocoles
fut
rédigée par un des subalternes du chef de la police secrète russe à Paris,
M. Ratchkovsky. M. R. Blanc vient de publier un ouvrage détaillé sur
ce sujet :
Adolf Hitler et les
Protocoles des Sages de Sion
. D’autres œuvres, plus complètes
encore, dont la principale est pour le moment inédite font sur les moindres
épisodes de cette fabrication une lumière irréfragable [258] . Pendant
longtemps, en Russie même, dans les cercles dirigeants, ce faux parut trop mal
fait pour mériter une large diffusion, même à l’époque où les autorités
imputaient aux Juifs des crimes rituels. Après enquête, Nicolas II s’était
prononcé contre la publication des
Protocoles
car, selon ses propres paroles, « il ne convenait pas de défendre une
cause propre avec des moyens malpropres ». Bien des intellectuels d’Occident
ne partagent plus à cet égard les scrupules de l’autocrate qui régnait pourtant
par les potences et les pogromes.
Il est en effet démontré – et la simple confrontation des
textes porte cette démonstration à l’évidence – que l’auteur des
Protocoles
, fabriqués pour servir de
justification à la propagande antisémite de l’Empire russe, ne fit preuve d’aucune
imagination et se borna à paraphraser, voire à plagier littéralement une œuvre
d’un pamphlétaire républicain français, Maurice Joly, dirigée contre Napoléon III
et intitulée
Dialogue aux Enfers entre
Machiavel et Montesquieu
[259] …
Ainsi la prétendue scélératesse juive est tout entière empruntée par les faussaires
à des politiques du plus pur sang latin, interprétés par un Français !
La chose est si peu contestable que le préfacier de l’édition
française des
Protocoles
,
M. Roger Lambelin, ne la conteste pas. « Du fait, écrit-il, que
certains passages des
Protocoles
sont calqués sur des paragraphes du
Dialogue
aux Enfers
, toute la presse juive et même certains journaux qu’on
croyait indépendants en ont déduit que le petit livre… était une supercherie, un
faux au même titre que les
Monita Secreta
attribués naguère aux jésuites. » On ne sait vraiment ce que vient faire
ici la déduction : un faux est un faux, même si l’ayant « calqué »
sur un auteur français on l’impute aux « Sages de Sion ». Et M. Lambelin
de conclure pourtant : « En nous maintenant
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