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Retour à l'Ouest

Retour à l'Ouest

Titel: Retour à l'Ouest Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Victor Serge
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l’histoire des
dix-sept congrès du parti bolchevik : et nous aurons ainsi dressé en
quelque sorte la feuille de température d’une grande révolution…
    Neuf socialistes marxistes se réunissent en 1894 dans une
maison de Minsk, en Russie blanche, pour fonder le parti ouvrier
social-démocrate de Russie dont c’est là le I er congrès. L’événement
passe inaperçu du monde. Les neufs congressistes disparaissent bientôt dans
diverses prisons de l’Empire.
    En 1903, le parti social-démocrate de Russie tient son II e congrès à Bruxelles et Londres. De jeunes émigrés s’y rassemblent autour de
Plekhanov. Une scission se produit entre les intransigeants qui vont désormais
s’appeler les majoritaires (bolcheviks), dirigés par Lénine et les modérés, minoritaires,
ou mencheviks, dont le porte-parole est Martov. Ces deux jeunes militants sont
d’ailleurs des amis et qui font œuvre commune. Le parti compte en Russie – dans
l’illégalité – et à l’étranger, quelques centaines de personnes.
    1905. Les majoritaires bolcheviks se réunissent seuls au III e congrès, qui se tient à Londres. Ils arrêtent la tactique à suivre dans la
révolution qui commence. Ils font preuve d’une clairvoyance et d’une volonté
dont les historiens s’étonneront.
    Mais en un an de combats, la première révolution russe
succombe (la banque française y est pour quelque chose…). Les deux fractions de
la social-démocratie russe refont alors, en 1906, l’unité, au congrès de
Stockholm, qui est le IV e . Retenons cette leçon : dans la
défaite, Lénine se prononce pour l’unité avec ses camarades adversaires, les
modérés.
    Cette unité se révèle d’ailleurs à peu près impossible. Trotski,
évadé de Sibérie après avoir présidé le premier Soviet de Petersbourg, en 1905,
préconise en vain au V e congrès (Londres, 1907) le désarmement et la
collaboration des fractions.
    Les années de réaction se suivent, écrasantes. Puis les
années de guerre. Pour la plupart des militants ce sont des années d’exil, de
déportation, de prison, de misère, de résistance acharnée. Ils ne désespèrent
point cependant et ils ont raison : en 1917, l’autocratie s’effondre toute
seule, sous le poids de ses fautes, sous le poids de la guerre qu’elle a voulue.
Le parti social-démocrate (bolchevik) tient son VI e congrès à
Petrograd, en pleine révolution. Ce n’est encore qu’un petit parti, mais qui
sait très bien ce qu’il veut et qui dispose d’une équipe d’hommes intrépides, intelligents,
dévoués, disciplinés. Jours difficiles : Lénine doit se cacher. Trotski
donne son adhésion au bolchevisme, salué par des acclamations, élu au comité
central. Staline y entre en même temps, mais à l’arrière-plan : il est à
peu près inconnu.
    1918. Le VII e congrès discute après la prise du
pouvoir. Le parti change son nom pour revenir à la tradition du
Manifeste
rédigé par Marx en 1848 ;
il s’appellera désormais parti communiste. Lénine, nullement grisé par la
victoire, insiste pour maintenir un programme minimum : « Il n’est nullement
impossible, dit-il, que la réaction réussisse encore à nous rejeter en arrière… »
Trotski est chargé de la formation et de la direction des armées rouges.
    Le VIII e congrès, en 1919, s’occupe
principalement de l’organisation de la guerre civile et de l’économie de guerre ;
il espère le prochain triomphe de la révolution socialiste en Europe centrale. L’Allemagne
et la Hongrie fermentent. Des républiques soviétiques se fondent à Munich et
Budapest. Elles ne durent point. L’état de siège se prolonge dans la Grande Commune
russe.
    Les effets s’en font sentir sur le régime intérieur de
celle-ci. Dès 1920, au IX e congrès, Sapronov dénonce les
empiétements de la bureaucratie. Mais les armées rouges sont partout
victorieuses des armées blanches et de l’intervention étrangère. Le régime du
salut public fait ses preuves.
    Le X e congrès délibère en 1921 en pleine crise du
communisme de guerre, pendant que le canon tonne à Cronstadt. L’Opposition
ouvrière distribue son réquisitoire contre la bureaucratie [292] . Lénine se
prononce rudement contre elle : ce n’est pas le moment de relâcher la discipline
du parti. Cette discipline, on la tend, au contraire… Est-ce bien le moment ?
En revanche, la « nouvelle politique économique » va pacifier les
campagnes en supprimant les

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