Retour à l'Ouest
réquisitions et en rendant une valeur à l’argent. La
Nep se précise au XI e congrès, en 1922. Staline accède discrètement
au secrétariat général. Les figures de premier plan demeurent Lénine, Trotski, Zinoviev, Kamenev, Dzerjinski. Au XII e congrès, en
1923, Trotski pose la question de l’industrialisation : le paysan paie
trop cher les articles manufacturés ; si l’on ne remédie à cela, il finira
par se dresser contre la dictature du prolétariat.
Le XIII e congrès s’ouvre, en 1929, après la mort
de Lénine et un nouvel échec de la révolution en Allemagne. Quel sera le
successeur de Lénine à la tête du parti ? L’homme le plus populaire et le
plus incontestablement grand, c’est Trotski ; mais ce n’est pas un vieux
bolchevik. Zinoviev déclenche contre lui de véhémentes campagnes préparées par
l’intrigue. Le « Triumvirat » Zinoviev-Kamenev-Staline réussit en
dix-huit mois à écarter Trotski du pouvoir.
La crise du blé, si longtemps attendue, et les défaites de l’Internationale
communiste permettent bientôt au secrétaire général, Staline, de préparer
minutieusement un congrès formé en grande majorité de fonctionnaires qu’il a
nommés lui-même. Il y fait tout à coup mettre en minorité Zinoviev et Kamenev (XIV e congrès, en 1925). Il va maintenant gouverner avec Boukharine, Rykov et Tomski,
c’est-à-dire avec la droite du parti.
Zinoviev et Kamenev passent à l’opposition qu’ils
persécutaient auparavant. Ils rejoignent Trotski, qui incarne l’intransigeance
révolutionnaire. Dès lors, la lutte s’envenime dans le parti, auquel Staline
révèle la doctrine du « socialisme dans un seul pays ». En 1927, au
XV e congrès, Staline fait exclure toute l’opposition, c’est-à-dire
la majorité du comité central et des cadres du parti de Lénine. Zinoviev et Kamenev
font en vain leur soumission. L’inflexible Trotski est déporté ainsi que des milliers
de militants. C’est le Thermidor soviétique. Il s’accomplit sans effusion de
sang.
En revanche, le sang coule à flots dans les campagnes
pendant la collectivisation forcée de l’agriculture, décrétée par Staline pour
résoudre l’insoluble problème des rapports avec les paysans. Le premier plan
quinquennal s’exécute à force de privations. La famine règne. 1930 : XVI e congrès. Staline, tout puissant, parle seul au milieu du silence du parti. La
droite (Boukharine-Rykov-Tomski), qui veut une réconciliation avec les paysans,
n’ose pas livrer une bataille politique. Quatre années terribles s’écoulent
encore. Au XVII e congrès (1934), c’est Staline qui dénonce une
sourde opposition de droite qui s’incline, s’humilie, se désavoue, s’avilit…
Ces congrès ne font plus qu’ovationner le dictateur ; ce
ne sont plus que des grands meetings de fonctionnaires parfaitement stylés. Pendant
plus de quatre ans, bien que ce soit contraire aux statuts du parti, Staline ne
songera pas à réunir le XVIII e . En 1936, il institue soudainement la
terreur au sein du parti. Toutes les anciennes oppositions, toutes les équipes
de rechange de vieux révolutionnaire susceptibles de prétendre au pouvoir, ex-gauche
repentie avec Zinoviev et Kamenev, ex-droite mal repentie avec Rykov et
Boukharine, sont fusillés. Epurations sur épurations. Au XVIII e congrès
qui s’est ouvert il y a quelques jours dans une des salles impériales du
Kremlin, Staline, chaque jour égalé au soleil par des poètes qu’il décore, Staline
maître absolu d’un immense État totalitaire, parle seul, absolument seul ;
car il n’est de voix que pour faire écho à la sienne.
Équilibre instable… *
25-26 mars 1939
Mars 1939 révèle tout à coup de singulières ressemblances
avec septembre 1938. De nouveau l’Europe se sent au bord de la guerre. De
sombres nuées s’accumulent sur tous les horizons. L’orage est donc possible. Est-il
fatal ? Est-il probable ? Qu’il me soit permis de citer ce que j’écrivais
ici même le 17 septembre :
« Tout porte à croire que le chef du nouvel
impérialisme ira dans la voie de la guerre aussi loin que possible, sans
toutefois faire la guerre, afin de tirer le maximum de profits de la constante
menace d’une catastrophe qu’il lui appartient de déclencher ou de ne pas déclencher.
Nous entrons peut-être dans une longue phase de marchandages armés, hypocrites
et occasionnellement sanglants, pour la révision ultime du partage du monde
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