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Retour à l'Ouest

Retour à l'Ouest

Titel: Retour à l'Ouest Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Victor Serge
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bien faire en reproduisant ici la liste des
personnalités juives disparues, publiées par le
Courrier socialiste
russe. Voici :
    Hommes politiques : M. Litvakov, Esther Froumkina,
Weinstein-Rachmiel, S. Dimanstein, Mérégine, Tchémerisk, Klipper, Khavkine, S. Lévine.
    Journalistes et savants : Dounetz, Sprach, Agoursky, Ochérovitz,
Zwi Friedland, Kachine, Volobrinski.
    Artistes, pédagogues, publicistes : Erichh, Bronstein, Judelsohn,
M. Lévitan, Kavitia, Rokhkine, Haim Guildine, Liberberg.
    Dirigeants du Birobidjan : Liderberg, Khavkine, Katel, Heller,
Anchine, Rysskine, Schwartzberg, Schweinstein, Furrer, Huberman, Khalinski, Lapitski,
Idov.
    Dirigeants des Comités Ozet et Komset, c’est-à-dire de la
colonisation juive : Trachtenberg, Pliatskine, B. Trotski, Zameev, Kaganov,
Liberson, Manévitch, Lander.
    Hommes de lettres et artistes : Abtcholtk, Léo Zisskind,
Zaretsky, Chvédik, Groublan, Miltiansky, Dekhtiar, Feldmaa, Rafalaki.

En Ukraine et Russie blanche *
    14 avril 1939
    La soviétisation des parties, naguère encore polonaises de
la Russie-blanche et de l’Ukraine, s’est accomplie comme il fallait s’y
attendre avec une parfaite orchestration. Élues à la hâte, sous le contrôle des
troupes d’occupation, des assemblées populaires ont sollicité le rattachement
de ces contrées à la Russie-blanche et à l’Ukraine soviétiques, sans qu’une
seule voix discordante se fît entendre… Tout au contraire, les orateurs ont
décerné au « Père des Peuples », « Chef génial », – et
cætera, l’on connaît la litanie – les louanges dont il est friand. Il avait
donc suffi de quelques semaines pour que la machine totalitaire, mise en marche
avec ses chars d’assaut et son infanterie motorisée, fit voter, parler, manifester
à son gré. Nous ne doutions pas de ce résultat tout aussi prévu que ces
événements eussent dû l’être et que nous en prévoyons aujourd’hui la suite.
    L’entrée des troupes staliniennes dans ces provinces de
Pologne, rattachées à la Pologne en 1921, après la guerre polono-russe conduite
par le maréchal Pilsudski et qui faillit provoquer la chute de Varsovie, y
avait fait naître une sorte de jacquerie. Dès 1920, rappelons-le, l’Angleterre
conseillait à la Pologne une autre frontière avec l’URSS, qui fut en son temps
la ligne Curzon et qui n’était pas sensiblement différente de celle que les
agresseurs de la Pologne viennent d’établir par la force : lord Halifax s’en
est souvenu dans un discours récent. Sans doute le désir de maintenir en
sécurité les domaines des vieilles familles seigneuriales polonaises
prévalut-il chez les négociateurs du traité de 1921. Sans doute ces familles s’opposèrent-elles
par la suite à une réforme agraire qui eût désarmé autour d’elles le ressentiment
de la misère paysanne. Il n’y eut pas de réforme agraire dans ces contrées et
les fonctionnaires staliniens ont eu beau jeu d’annoncer le partage des terres
seigneuriales entre les paysans pauvres. À première vue, les paysans gagnent
ainsi au changement de régime, une révolution les rend propriétaires. Et un ami,
cultivateur dans le midi de la France, me dit que cette nouvelle n’a pas été
sans trouver un écho favorable dans son village…
    Ce que l’on ignore généralement c’est que le partage des
terres n’est que la première phase d’une opération qui se terminera en réalité
par la collectivisation forcée des cultures, c’est-à-dire par la dépossession
complète des cultivateurs. Loin de conserver la jouissance de leurs parcelles
accrues, ils perdront la libre disposition des lopins qu’ils possédaient avant
la soviétisation. Quant aux paysans aisés, ils subiront la loi commune de leurs
frères de Russie, déportés pour la plupart. Ces changements se feront assez
vite, en quelques mois probablement, car le Bureau politique ne saurait tolérer
en Ukraine et Russie-blanche la coexistence de deux régimes de propriété dans l’agriculture
sans courir le risque de voir surgir dans les kolkhozes une tendance à la
désagrégation. Il ne saurait admettre que les paysans des régions nouvellement
soviétisées bénéficient d’un traitement de faveur qui les ferait envier par les
paysans de toutes les Russies. Et l’on sait qu’il n’a pas coutume de tenir
compte des usages, des intérêts, des aspirations des gens… Les résistances
seront brisées comme on les brise là-bas :

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