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Retour à l'Ouest

Retour à l'Ouest

Titel: Retour à l'Ouest Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Victor Serge
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fait ses adieux au Comité, embrasse son vieil adversaire de tant de
polémiques, le socialiste Bonifacio Martin et va se faire tuer, comme
Delescluze en 1871, sur une barricade. Quelques poignées de partisans avec
Gonzalez Péna gagnent la montagne. Manuel Grossi libère les prisonniers qui le
remercient d’avoir été bien traités et bien nourris et rentre chez lui pour
attendre qu’on vienne l’arrêter. Il allait, dans sa cellule de condamné à mort,
écrire son beau livre :
L’insurrection
des Asturies, quinze jours de révolution socialiste
.
    Les troupes du général Ochoa entrèrent la nuit à Oviedo, sans
rencontrer de résistance, comme il était convenu. L’orgie sanglante commença le
lendemain. Exécutions sommaires, pillages, destructions, férocités, bestialités.
Luis de Sirval, journaliste honnête, ayant pris des notes sur les excès de la
soldatesque, un Blanc-russe de la légion étrangère lui fait sauter la cervelle…
Ce fut le massacre, ce n’était pas la victoire. Les mineurs, en quinze jours de
combat, avaient mis en échec la politique d’appropriation pacifique du pouvoir
par les droites fascistes. L’opinion tout entière était soulevée. Une nouvelle
lutte s’engageait autour des Asturiens condamnés à mort, vers lesquels montait
l’acclamation d’un peuple entier. L’Espagne ouvrière se sentait au tournant, grandie
par l’exploit des mineurs. Elle venait de se révéler sa propre puissance.
    Les mêmes hommes, aujourd’hui, se battent à Oviedo – pour
nous tous.

Au seuil de la campagne d’hiver *
    24-25 octobre 1936
    De 150 à 170 000 hommes de troupes, le gouvernement ne
peut compter, à la fin de juillet, que sur une trentaine de bataillons d’infanterie,
4 régiments de cavalerie, près de 200 canons et 250 avions, soit, au total, moins
de 40 000 hommes.
    Les rebelles disposaient théoriquement de 120 000
hommes ; mais on sait que l’infanterie casernée à Saragosse n’a pas encore
vu le feu, car ses chefs ne s’y fient pas et ils ont raison. Ils avaient une
centaine d’avions et la Légion étrangère, excellente troupe de choc estimée par
un expert soviétique à 10 000 hommes environ. La plupart des officiers, 80
%, étaient avec eux. Ils tenaient les dépôts d’armes et de munitions les plus
importants, là du moins où la sédition avait réussi. Ne pouvant compter sur la
troupe, ils firent appel avec succès à la jeunesse fasciste et formèrent ces
unités de phalangistes qui, encadrées par des officiers de métier, se battent
le mieux, après la Légion étrangère, dont les professionnels n’osèrent jamais
rêver si belles occasions de pillage. L’armement du peuple sauva la situation ;
dès lors, pouvant compter sur des millions de travailleurs, tenant les plus
grands centres, les lignes de chemin de fer, disposant des vivres et du trésor,
avec une aviation fortement supérieure à celle des rebelles, le gouvernement du
Front populaire devait l’emporter en peu de temps.
    Mais ici se produisit un fait nouveau : l’intervention
technique de l’Italie et de l’Allemagne. Abondamment ravitaillés en armes, munitions,
vivres, pourvus de trimoteurs de bombardement, soutenus par des aviateurs
étrangers, les rebelles se trouvèrent, au sens militaire du mot, les plus forts.
Ils prirent Badajoz pour assurer leur liaison avec la France ; Irun, mal
défendue (héroïquement, mais sans organisation) et trahie en somme (les wagons
de munitions destinés aux défenseurs de cette ville envoyés de Barcelone
étaient en souffrance dans une station française), Saint-Sébastien, livrée par
la petite bourgeoisie locale qui craignait de voir endommager la plus belle
cité balnéaire de l’Espagne fainéante ; ils dégagèrent Tolède, où les
milices républicaines manquèrent de munitions et, plus encore, d’organisation ;
ils commencèrent l’encerclement de Madrid.
    Tel est l’actif des généraux en plus de quatre-vingt-dix
jours.
    Considérons celui des milices populaires : victoires au
front d’Aragon, prise de Monte Aragon et Estrecho Quinto, deux positions
extrêmement fortes sous Huesca ; stabilisation du front sous Bilbao ;
défense victorieuse de Malaga ; menaces sur Cordoue et Grenade ; victoires
de la Guadarrama et de Navalperal [74] sous Madrid ; bataille indécise de Talavera ; prise d’Oviedo… Il
semble vrai qu’une colonne fasciste soit parvenu non à dégager Oviedo, comme on
l’a dit, mais à se

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