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Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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Fédéraux ont organisé des hôpitaux et recruté médecins et infirmières, mais il n'en va pas de même pour les Sudistes. Leurs blessés succombent souvent, faute de soins, sous des tentes, dans des églises, des boutiques, des hôtels et même des granges transformés en hôpitaux de campagne. Les esclaves sont promus fossoyeurs, et beaucoup de femmes blanches se sont faites infirmières, comme mes cousines Cornfield.
     
    – En temps de guerre, les femmes se font aisément infirmières. Surtout depuis que Florence Nightingale a révolutionné le service médical pendant la guerre de Crimée avant de créer, à Londres, la première école d'infirmières à Saint Thomas's Hospital, persifla Tilloy.
     
    – Eh bien ! c'est un exemple à suivre. Je suis venue vous dire que je ne repartirai pas avec vous demain, annonçat-elle ex abrupto .
     
    Charles et Mark perçurent dans le ton de sa voix une nette détermination.
     
    – Vous laisser ici ! ne put s'empêcher de s'écrier Desteyrac, abasourdi.
     
    – Je ne resterai pas ici longtemps. Bertie connaît le chef du Confederate Medical Department. Il me fera conduire à Richmond où je me mettrai à la disposition de Sally Louisa Tompkins, une de ses amies, chargée d'organiser les hôpitaux confédérés. Je pourrai l'aider dans sa tâche.
     
    – Mais, que dira lord Simon ? Imaginer sa fille au service des blessés sudistes ! Si encore vous proposiez vos services au Nord, il comprendrait, et moi aussi ! Mais lady Ottilia, épouse de l'honorable Malcolm Cuthbert Murray, se dévouant pour les esclavagistes, c'est un peu fort ! lança Charles, véhément.
     
    – Mon ami, un soldat blessé n'appartient plus à aucune armée. C'est seulement un homme qui souffre et demande des soins. Or, les Confédérés ont, dans ce domaine, plus besoin d'aide que les Fédéraux. Cela ne signifie pas que j'approuve l'esclavage, vous le savez. Les gestes de celles qui soignent peuvent avoir plus d'influence sur les consciences que les discours des politiciens. Et puis il y a, mon cher Charles, plus d'une façon de combattre l'esclavage, conclut-elle, sibylline.
     
    – Que dirons-nous à sir Malcolm, votre mari, que nous allons retrouver demain à Charleston ? s'enquit Mark.
     
    – Charles Desteyrac saura, j'en suis certaine, dire ce qu'il convient à mon honorable époux, répliqua Otti avec un regard malicieux à Charles.
     
    – Mais Varina Cornfield va être fort déçue, lady Ottilia. Pas plus son mari que lord Simon n'apprécieront qu'elle soit contrainte de voyager à bord du Phoenix sans escorte féminine, osa le capitaine.
     
    – Elle ne voyagera pas sans chaperon. Ma gouvernante, Mlle Lanterbach, rentre avec vous à Soledad. Elle saura tenir compagnie à ma gémissante cousine et, éventuellement, protéger sa vertu, acheva Otti, faussement apitoyée.
     
    – Eh bien, puisque tout est prévu, je vous souhaite une bonne nuit ! jeta Tilloy en s'inclinant avant de quitter la galerie.
     
    Resté seul avec Ottilia, Desteyrac lui prit le bras.
     
    – Voyons, Otti, est-ce sérieux ? Pourquoi diable cette décision ? Vous voulez jouer un rôle qui n'est pas dans votre registre. Qui plus est, au service de gens dont vous désapprouvez le comportement humain et social vis-à-vis des Noirs. Je ne sais comment votre père et Malcolm prendront votre étrange engagement !
     
    – Malcolm, vous le savez, se soucie peu de ce que je fais ou pense. Nous sommes habitués depuis longtemps à ne pas nous étonner de nos agissements individuels. Il trouvera, dans ce que vous appelez mon engagement sudiste, matière à rire et à faire de bons mots. Quant à mon père, il rugira. Peut-être même vous mordra-t-il, puis il se mettra à massacrer Bach ou Haendel sur les claviers de son orgue, ce qui fera aboyer les chiens ! Dans quelques semaines, il tentera de correspondre avec moi pour savoir comment, en temps de guerre, vont les affaires américaines, ses affaires américaines. Ne vous faites ni souci ni illusions, Charles. Je ne suis pas assez aimée pour que l'on se tourmente pour moi plus d'une demi-heure à Soledad !
     
    – Ounca Lou et moi-même éprouverons beaucoup d'inquiétude, Otti.
     
    – Vous seuls, sans doute.
     
    – Otti, je vous en prie, réfléchissez encore. Je ne trouve pas cette idée raisonnable, et je ne crois pas à une subite vocation de samaritaine. Pourquoi ce désir inattendu de rester dans ce pays ? Que cache cette

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