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Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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et ne donnent lieu à aucune modification du décor intérieur ». Au soir de la mise en service de l'installation, Charles Desteyrac reconnut que les exigences du lord lui avait coûté plus de réflexion, d'heures d'étude et de plans que tous les autres chantiers !
     
    – Maintenant, mon bon Charles, vous devez penser au confort des vôtres et équiper Valmy. Faites pour le mieux ! Ne regardez pas à la dépense, je veux que mon petit-fils acquière les notions de propreté et d'hygiène utiles à un gentleman et qui garantissent, sous nos climats, une bonne santé, dit lord Simon.
     
    Desteyrac n'avait pas attendu cette invitation pour entreprendre, chez lui, les travaux indispensables. L'eau destinée à Valmy, pompée à la surface de Mermaid Hole, arrivait déjà dans la baignoire d'Ounca Lou tout comme elle coulait dans celle du lord. Un serpentin de cuivre placé au-dessus d'un foyer permettait même d'obtenir de l'eau chaude. La cuisinière, Serafita, ne passait pas une semaine sans inviter une commère à constater comment il suffisait de tourner un robinet pour voir « la bonne eau de la terre » couler dans son évier.
     
    Depuis que fonctionnait cette installation, les servantes donnaient chaque soir un bain à Pacal qui, le plus souvent, rentrait le visage barbouillé, les genoux et les mains maculés.
     
    Après une séance de nettoyage au cours de laquelle Adila et Viola recevaient force éclaboussures et jets d'éponge, le garçonnet, fleurant bon le savon, dînait avec appétit, puis était autorisé à passer un moment avec ses parents, sur la galerie, avant d'aller au lit. Charles et Ounca Lou l'écoutaient alors raconter ses aventures de la journée, réciter la leçon apprise et, curieux insatiable, poser mille questions. Ainsi vint un jour la question de la luminescence épisodique de la mer.
     
    Il arrivait qu'au soir d'une journée particulièrement chaude, sous un ciel pur, l'océan devînt, par larges bandes, phosphorescent du côté du large. Ce phénomène, bien connu des marins, conservait pour les îliens les moins évolués une part de mystère inquiétant et intriguait fort les enfants.
     
    Ceux du cacique Maoti-Mata, comme les fils de Sima ou les filles de Wyanie, compagnons de jeu de Pacal, se donnaient des frissons en regardant, au loin, les vagues comme éclairées par en dessous et qui poussaient vers la grève des rouleaux argentés. Ébahis par ce merveilleux spectacle, fréquent sous les tropiques, ils y cherchaient une explication et ne manquaient pas de poser des questions aux aînés.
     
    Souvent délégué à la surveillance de la petite bande, les jours de baignade, Sima croyait encore que cette luminosité de la mer se manifestait quand la reine des sirènes ouvrait les portes de son palais sous-marin et dépêchait ses suivantes avec mission de capturer des hommes et de les lui conduire. « Ces nuits-là, le curieux qui s'aventure en barque ou à la nage sur l'eau lumineuse est invité par les belles sirènes à visiter le palais de leur souveraine. Il n'en revient jamais », assurait-il à voix basse, d'un ton grave.
     
    L'air assuré, comme toujours quand il venait d'apprendre quelque chose, Pacal rapporta à ses parents les propos du pêcheur d'éponges. Ounca Lou, de qui l'enfance avait été charmée par les superstitions insulaires, démontra, comme chaque fois qu'elle en trouvait l'occasion, que ces croyances avaient une explication naturelle, voire scientifique.
     
    – Si l'océan devient lumineux – on dit phosphorescent – à la nuit tombée, après que le soleil a brillé très fort, c'est parce que ses rayons, pénétrant dans l'eau, ont chargé de lumière des milliers de petits mollusques en suspension, de minuscules conques, en somme, qui restituent une partie de la lumière reçue pendant le jour. Le palais sous-marin des sirènes est une belle invention, mais il n'existe pas, non plus que les femmes-poissons, mon chéri.
     
    – Si, elles existent, les femmes-poissons ! Mark Tilloy m'a dit qu'il en avait vu une, morte mais bien conservée, à New York, chez Barnum. Ça, il me l'a raconté ! Et Takitok m'a dit que marraine Lamia, elle est peut-être la fille d'une femme-poisson ! répliqua l'enfant avec aplomb.
     
    Charles, qui suivait, l'air amusé, la conversation, intervint.
     
    – Moi aussi, je l'ai vue, cette momie de sirène, et je puis te dire que c'est un petit monstre fabriqué par Barnum, qui est un malin. Il

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