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Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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le gouvernement américain à l'effigie de George Washington, les Américains l'appellent greenback .
     
    – C'est vrai qu'il est imprimé à l'encre verte, constata Cornfield.
     
    – Ce bout de papier verdâtre vaut tout de même un dollar, dit Murray qui, se tournant vers Charles, changea de sujet.
     
    – Les sénateurs américains qui, en février, avait voté une résolution condamnant l'intervention française au Mexique, ont été marris en découvrant que les Français étaient entrés à Mexico et que, le 10 juillet, l'archiduc autrichien Maximilien, époux de la princesse Marie-Charlotte 1 , cousine de notre reine, avait été proclamé, par cent trente-cinq notables mexicains, empereur du Mexique. Le dictateur Benito Juárez García, accusé d'avoir tué dix Français en 1861, s'est réfugié à San Luis Potosí. Les marchands d'armes américains qui fournissaient, avec l'accord du gouvernement, des armes à Juárez, figurent maintenant sur la liste des créanciers d'un homme qui doit de l'argent à l'Europe entière, lança Murray, railleur.
     
    – Notamment au duc de Morny, demi-frère de Napoléon III, précisa Charles, amusé.
     
    Bien qu'elle n'eût aucune affection réelle pour Ottilia, Margaret Russell, pour qui l'espionnage restait une activité condamnable quelle que fût la cause servie, voulut savoir ce que la fille du lord avait retenu de sa brève expérience d'infirmière.
     
    – J'ai constaté que la vie humaine est d'une grande fragilité. C'est une petite flamme, Margaret, qu'une balle de plomb suffit pour souffler. Après une bataille, les églises, les hôtels, les tavernes sont transformés en infirmeries, mais bon nombre de blessés sont soignés, voire opérés, sous des tentes, sans anesthésie, car on manque partout de chloroforme. On n'utilise celui-ci que pour les opérations longues. À Richmond, il y a sept hôpitaux, mais, bien souvent, les blessés, qui viennent de loin, meurent dans les charrettes avant d'y arriver. Les éclats d'obus font d'horribles blessures aux membres et l'on ampute les soldats pour éviter la gangrène. Quant à ceux qui reçoivent une balle dans le ventre, leur sort est scellé d'avance. On dit qu'un blessé sur cinq meurt avant d'être soigné, et l'on compte deux morts de maladie ou de blessure pour un tué au combat. Car la fièvre et la dysenterie se répandent dans les camps où l'on manque de calomel, de laudanum et de quinine. Le Nord est, je crois, mieux organisé que le Sud, mais partout on rencontre plus de bonne volonté et de dévouement que de compétence, rapporta Ottilia.
     
    – À Washington, on m'a dit qu'un militaire sur dix est atteint de la vérole, compléta Murray, sachant que le mot ferait sursauter l'épouse du pasteur.
     
    – Où diable trouvent-ils des femmes ? demanda lord Simon.
     
    – De tous temps les prostituées ont suivi les armées, pour assurer ce qu'on nomme le repos du guerrier, précisa le major Carver, fort de son expérience.
     
    – Ceux qui attrapent cette maladie, je ne les plains pas, trancha Margaret Russell.
     
    – Je sais que vous étiez tous deux à New York au moment des émeutes des 13 et 14 juillet. Je me suis fait beaucoup de souci pour mon père et mes sœurs, intervint Ann Cornfield, s'adressant au couple Murray.
     
    – Nous avons en effet rendu visite à votre père et à vos sœurs qui, tous, sont en parfaite santé. Ils n'ont pas été importunés par les émeutiers, rassurez-vous, fit Ottilia.
     
    – Que s'est-il passé exactement ? The Nassau Guardian n'a pas donné beaucoup de détails, et les journaux de New York mettent plus d'un mois à nous parvenir, précisa lord Simon.
     
    – L'agitation a commencé quand Lincoln a décrété la mobilisation de tous les hommes de vingt à quarante-six ans, ce qui rendait la conscription obligatoire. Il faut savoir qu'à New York, plus que partout ailleurs dans l'Union, la guerre contre les États du Sud est détestée, parce qu'elle nuit aux affaires et au commerce avec l'étranger, dit Murray.
     
    – C'est en tout cas l'opinion de notre cousin Jeffrey, souligna Ottilia.
     
    – C'est aussi la mienne, grommela lord Simon.
     
    – Même les abolitionnistes s'insurgent contre la durée d'un conflit qu'ils espéraient bref et décisif. Si, après leurs premières victoires, les Confédérés avaient été meilleurs stratèges, la capitale fédérale serait tombée en 1861. D'ailleurs, malgré les succès

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