Retour à Soledad

esclavagiste 7 .
     
    1 Unités de longueur. Un yard équivaut à 0,914 mètre ; un pouce à 25,4 millimètres.
     
    2 Recommandation d'Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus, aux jésuites qui doivent obéir à leurs supérieurs « comme un cadavre ».
     
    3 Le gouvernement de Sa Très Gracieuse Majesté avait proclamé sa neutralité dans le conflit qui opposait les États du Nord à ceux du Sud et accordé le statut de belligérants à ces derniers. Il admettait cependant un représentant des Confédérés dans cette colonie britannique.
     
    4 Jerez .
     
    5 Mot acadien désignant le dollar. Utilisé en Louisiane et, à l'époque, dans une bonne partie du Sud.
     
    6 Nom donné par les Américains à la fièvre jaune qui, cette année-là, tua deux mille cinq cents des six mille habitants de Wilmington.
     
    7 Le Banshee franchit le blocus et le cheval fut livré, à Richmond, au président de la Confédération. Thomas L. Taylor écrit dans son livre de souvenirs, Running the Blockade , que ce voyage lui rapporta plus de vingt mille dollars.
     

TROISIÈME ÉPOQUE
     
    Lendemains d'ouragan
     

1.
     
    – Comme deux bons époux, nous rentrons ensemble au bercail.
     
    Malcolm s'adressait ainsi à Ottilia en descendant le premier du bateau-poste de Nassau. La jeune femme suivit son mari, puis, l'abandonnant, courut sur le quai vers le landau des Desteyrac.
     
    – Ah ! Vous êtes là ! dit-elle à Charles, venu à sa rencontre.
     
    Le ton, le regard, le sourire traduisaient le soulagement d'une femme qui avait craint une décevante absence. Séparés depuis plus d'un an, tous deux se retrouvaient avec un plaisir partagé qu'ils se soucièrent peu de dissimuler.
     
    – J'attendais avec confiance l'enivrement de vous revoir, avoua l'ingénieur à voix basse.
     
    Elle lui tendit une main qu'il retint un instant avant de l'effleurer d'un baiser mondain. Puis, Charles aida Otti à prendre place dans le landau, près d'Ounca Lou, restée à l'abri du chaud soleil d'août sous le dais de toile à franges de la voiture.
     
    Comme toujours attentif au déchargement de ses nombreux bagages, Murray refusa de se joindre à ses amis.
     
    – Envoyez-moi Mortimer avec la grande voiture, demanda-t-il à son épouse après avoir salué Ounca Lou.
     
    » J'ai beaucoup à vous raconter, glissa-t-il à Charles avec un clin d'œil qui annonçait, pensa l'ingénieur, quelques révélations libertines.
     
    Ottilia ayant demandé à sa demi-sœur de l'aider à se réinstaller à Exile House, où n'officiait plus Gertrude Lanterbach, Charles y laissa les deux femmes et se fit conduire par Timbo au port oriental, où l'appelaient les travaux de réfection d'une jetée.
     

    Le lendemain du retour des Murray, lord Simon donna un grand dîner à Cornfield Manor. Ce soir-là, il entendait marquer à la fois le retour de sa fille aînée et, avec un peu de retard, le sixième anniversaire de Pacal à qui, le matin même, il avait offert un cob, petit cheval à peine plus grand qu'un poney, produit du meilleur haras irlandais. Fier d'un petit-fils d'une rare précocité, tant physique qu'intellectuelle, et d'une fille qui, au péril de sa vie, venait de combattre à sa manière les esclavagistes, Simon Leonard affichait une humeur badine quand ses invités se présentèrent.
     
    Informé par Edward Carver, dès le retour de l' Arawak à Soledad, des péripéties de la libération de sa fille et de la décision de Bertie III de se séparer de son épouse, lord Simon avait demandé au major de ne pas ébruiter l'affaire, et décidé de faire lui-même abstraction de la répudiation de Varina jusqu'à ce qu'elle-même l'en informât. « Faites passer la consigne, Edward », avait-il ordonné. Et tous les initiés s'y étaient depuis conformés.
     
    Au soir du dîner des retrouvailles, lord Simon renouvela l'ordre, rien ne s'étant produit qui pût le faire annuler.
     
    – Les hommes de loi n'étant jamais pressés, Varina doit encore ignorer la décision de son mari, et ce n'est pas à nous de la lui apprendre. Je l'ai invitée ce soir avec Ann de qui elle s'est fait une amie. Nous devons la traiter comme si de rien n'était, dit-il à Charles.
     
    – Et quelle conduite tiendrez-vous quand la nouvelle lui parviendra ?
     
    – Jusque-là, je devais, par égard pour mon malheureux cousin, dissuader Winnie d'aller faire la belle à Nassau. Maintenant, je vais plutôt l'y encourager. Bon