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Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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parc. Depuis son retour à Soledad, Malcolm Murray avait fait ajouter, au cours des derniers mois, des dépendances qui ne figuraient pas sur les plans confiés à Charles. Il s'agissait de plusieurs cottages que Desteyrac découvrit sans étonnement, Timbo, véritable gazette insulaire, ayant décrit à M'ame Ounca, comme il nommait sa maîtresse, ce que construisaient les ouvriers qui travaillaient pour Murray.
     
    Les vieux arbres épargnés par Malcolm, ainsi que des buissons de broméliacées qui prospéraient au rythme tropical, dissimulaient en partie les nouveaux édifices, bâtis à bonne distance de l'habitation principale. Reliés entre eux et à la villa par des allées tracées entre les massifs et les espaces gazonnés, ces bungalows, disséminés sous les frondaisons, donnaient au parc, qui s'élevait en pente douce jusqu'aux confins du Cornfieldshire, l'aspect d'un petit village neuf.
     
    Au plus près de la maison, des massifs de roses porcelaine et d'azalées masquaient cuisine et celliers. Comme la glacière, couverte d'une épaisse couche de rondins et de sable, ces annexes restaient, sous les intempéries, accessibles par une allée couverte d'un auvent.
     
    Un peu plus loin, des lauriers, des caféiers sauvages, des rhododendrons, des panaches d'hibiscus, des mimosas canaris, des baumiers aux feuilles luisantes tendaient un rideau feuillu et fleuri devant un appentis qui abritait la buanderie et la resserre où les jardiniers rangeaient leurs outils.
     
    Remises, bûcher et écurie, déjà construits sous la surveillance de Desteyrac, se trouvaient assez éloignés de la partie résidentielle du domaine pour n'incommoder les occupants de la villa ni par les bruits ni par les odeurs.
     
    – Je ne veux rien voir de ce qui peut choquer le regard, ni entendre ce qui offusque l'oreille. Beauté, confort, silence : telle est ma devise, commenta Murray.
     
    Une arcade claustrale sous toit de tuile, réunissant un pignon de la villa à un pavillon différent des autres par sa structure de brique rouge, intriguait Charles. Il avait appris par Tom O'Graney, toujours sollicité quand il s'agissait de charpente, que sir Malcolm – comme l'Irlandais nommait Murray – avait fait creuser une vaste excavation rectangulaire destinée à recevoir sur son pourtour les fondations d'une petite maison dont l'Irlandais avait fabriqué la poutraison. D'après Tom, le creusement d'un tel trou ne se justifiait que par l'aménagement probable d'une salle en sous-sol, peut-être d'un caveau.
     
    – Voici mon home très privé, d'abord cabinet de travail, expliqua Malcolm Murray en poussant la porte du cottage.
     
    – Pourquoi ces briques rouges ? s'étonna Desteyrac.
     
    – Ce sont les mêmes que l'architecte Philip Webb a choisi d'utiliser pour construire Red House, la résidence du grand William Michael Morris, un génie préraphaélite, près d'Abbey Wood.
     
    – Ainsi, en quelques pas, nous passons de la Vénétie au Kent ! dit Charles, un rien moqueur.
     
    – C'est ici que je compte mettre au point les plans des travaux que lord Simon ne va pas manquer de nous commander. Il m'a confié qu'il veut un nouveau cantonnement, avec dispensaire, pour les marins de sa flotte et ceux en escale, une petite résidence confortable – mais à un mile au moins de Cornfield Manor – pour les visiteurs, membres de la famille ou amis, de plus en plus nombreux chaque année. Il souhaite aussi une école dans chaque hameau de l'île, y compris au village des Arawak, si Maoti-Mata accepte qu'on instruise à la mode anglaise les enfants des derniers Sauvages.
     
    – Il n'a pas évoqué le tracé du chemin de fer que je dois établir entre le nord et le sud de l'île ?
     
    – Non. Il tait provisoirement ces détails. Sans doute pour ne pas faire regretter à sa sorcière de sœur l'accord que vous lui avez arraché grâce à votre charme français ! plaisanta Malcolm.
     
    Dans le cabinet de travail, Charles vit une belle table à la Tronchin, des rayonnages où s'alignaient, sous reliure de maroquin aux armes des Murray, des ouvrages d'architecture et d'art, de bons fauteuils et des placards.
     
    – J'ai aussi fait aménager une chambre, dit Malcolm en ouvrant une porte. J'aime à travailler la nuit, me coucher et me lever quand bon me semble, sans mettre en branle toute une maisonnée.
     
    – En somme, un cabinet de travail-garçonnière, émit Charles.
     
    – Eh ! Eh ! L'adultère

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