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Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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oiseau, désigna la lune comme proie et, tenant à deux mains les pans écartés de son manteau, se jeta dans le vide. Comme Icare, il se fracassa les os sur les dalles de sa cour. Alors, horrible épilogue, ses faucons lui crevèrent les yeux ! raconta Murray avec complaisance.
     
    – Vos proies paraissent plus accessibles que la lune, ironisa Charles.
     
    – Je dois reconnaître qu'au fil des siècles, les ambitions des Murray ont beaucoup perdu de leur panache ! conclut Malcolm en riant.
     
    1 Pour Her Majesty's Ship Hawk  : Épervier , bateau de Sa Majesté.
     
    2 L'officier confirme ici la teneur d'un article publié en mars 1858 par le New York Herald , article repris par le Journal de Genève , le 4 avril 1858.
     
    3 Mariana « se voit gratifiée d'un traitement caricatural dans Punch  », rappelle Danielle Bruckmuller-Genlot, professeur à l'université de Strasbourg, dans son ouvrage de référence, les Préraphaélites , Armand Colin, Paris, 1994.
     
    4 Variante de lord. En Écosse, grand propriétaire foncier.
     

5.
     
    C'est à Cornfield Manor que fut célébré, à la demande du maître de l'île, le premier anniversaire d'Alexandre Simon Pacal Desteyrac. L'enfant, qui marchait depuis quelques jours, jouissait d'une constitution robuste et se révélait d'une intrépidité dont il fallait sans cesse prévenir les manifestations. Prunelles bleu myosotis, cheveux lisses du plus beau noir des Arawak, peau mate, il tendait sans cesse des mains avides de saisir tout objet à sa portée. D'humeur enjouée, il poussait des cris stridents dès qu'on contrariait sa convoitise. La vue d'un cheval, d'une chèvre ou d'un perroquet déclenchait des battements de mains enthousiastes et une cascade de gloussements, sa façon de rire.
     
    On s'amusa beaucoup quand, dans un dandinement à la limite du déséquilibre, Pacal se dirigea vers lord Simon, assis dans un rocking-chair sur la galerie. Ne sachant quelle attitude adopter face à l'enfant qui venait à lui, Cornfield tendit la main. Sa confusion amusa toute l'assemblée quand Pacal, au lieu de la saisir, tenta de retirer du doigt du lord la chevalière armoriée qu'il ne quittait jamais.
     
    – Je te promets que tu l'auras quand je serai mort, dit lord Simon, ému.
     
    – Si lui vient une sœur, elle aura la mienne, promit lady Lamia qui portait la même bague que son frère.
     
    – Pourra-t-il bientôt se tenir sur un poney ? demanda Cornfield.
     
    – Pas avant quatre ou cinq ans, répondit Ounca Lou.
     
    – Que Dieu me prête vie jusqu'à ce que nous puissions chevaucher ensemble ! souhaita lord Simon.
     
    Ce jour-là, il offrit à l'enfant une timbale en vermeil, cadeau du roi Charles II au fils de son ancêtre, James Edward George, premier lord de la famille Cornfield.
     
    – Chaque fois qu'il s'en servira, il boira un peu d'histoire, ajouta Simon, emphatique, en tendant le précieux gobelet à Ounca Lou.
     

    Les familiers s'attendaient, après le retour de New York de lady Ottilia, à recevoir une invitation pour la traditionnelle house-warming party , que Charles traduisit mentalement par « pendaison de crémaillère ». Il n'en fut rien et l'épouse de Malcolm s'installa à Exile House sans autre forme de cérémonie. Seule parut la préoccuper la mise en place du grand Steinway transporté par le Centaur . En revanche, elle combla Pacal de cadeaux : draps fins, serviettes moelleuses, bavoirs et bonnets festonnés de dentelle.
     
    Les Desteyrac furent les premiers conviés, pour un dîner à quatre, à Exile House. Parfaite maîtresse de maison, Ottilia fit servir un repas, composé de homards et d'une selle d'agneau, dans porcelaine, argenterie et cristaux, dons de lady Orianne, la mère de Malcolm. Comme Ounca Lou interrogeait sa demi-sœur sur le séjour new-yorkais, Otti révéla combien les affaires de Jeffrey Cornfield avaient souffert de la crise financière maintenant en voie d'apaisement.
     
    – Il n'en serait pas sorti indemne sans le sacrifice de cette pauvre Ann. Elle a consenti à épouser ce Chicagoan richissime pour qu'il renfloue les affaires de son père, dit-elle.
     
    – Une déception et une humiliation pour notre ami Mark Tilloy, observa Charles.
     
    – Dites plutôt qu'il l'a échappé belle ! Comme sa sœur Lyne, Ann est une gourgandine. Non seulement Mark eût été cornard en rien de temps, mais elle eût vidé sa bourse plus vite qu'il ne l'eût remplie, rectifia

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