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Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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mécontent de faire parade de son beau vapeur devant Jeffrey », avait commenté lord Simon, malicieux.
     

    Alors que la guerre entre les États américains entrait, en cette fin d'automne 1861, dans une phase plus active, lord Simon et ses invités débarquèrent à Nassau. De la bouche de l'envoyé du gouverneur, qui les accueillit à leur descente du Phoenix , ils apprirent les plus récentes nouvelles du conflit qui opposait, depuis le printemps, les sécessionnistes des États cotonniers du Sud à l'armée fédérale.
     
    La marine et les troupes de l'Union avaient pris pied sur la côte de Caroline du Sud avec l'intention annoncée d'y installer une base navale d'où serait organisé le blocus des ports de la Confédération, décrété le 19 avril par le président Abraham Lincoln.
     
    La défaite subie par le Nord à Bull Run, le fait que les Sudistes eussent atteint la rive du Potomac et menacé un moment la capitale fédérale, l'avance des soldats gris vers les vallées de l'Ohio, du Tennessee et du Cumberland avaient provoqué une réaction d'orgueil chez les Nordistes. En débarquant des fantassins en Caroline du Sud, la marine fédérale, bien que faible encore, prouvait son importance dans un conflit dont on commençait à penser, dans les deux camps comme aux Bahamas, qu'il pourrait durer plus longtemps que prévu.
     
    Ces nouvelles éveillèrent chez lord Simon des craintes dont il fit aussitôt part à ses amis.
     
    – Si le blocus se révélait efficace et si les États du Sud – Louisiane, Carolines, Virginie et d'autres – se trouvaient dans l'incapacité d'expédier leur coton à Liverpool, les métiers de nos filatures de Manchester devraient s'arrêter, bougonna-t-il.
     
    Lord Simon ne prêta aucune attention aux décorations florales qui, depuis l'inauguration du Royal Victoria Hotel, donnaient au port et à la ville un air de fête. Accompagné d'Ottilia et de son mari, du major Carver et du couple Desteyrac, il avança à grands pas, sur une allée bordée de buissons d'hibiscus, vers l'hôtel, où une suite lui avait été réservée. Tous admirèrent l'ordonnance du parc où arboriculteurs et jardiniers avaient rassemblé « plus de deux cents espèces de plantes tropicales », assura l'envoyé du gouverneur.
     
    On vit soudain le commandant Colson, qui précédait le groupe, revenir sur ses pas en compagnie d'un officier de marine en uniforme blanc, cravaté de noir. Tous reconnurent aussitôt le capitaine John Maitland, commandant du HMS Hawk , déjà reçu à Soledad. L'escale des Bahamas, sur la route de la Jamaïque, leur port d'attache, offrait aux officiers de la frégate l'occasion de visiter le nouvel hôtel.
     
    – Bienvenue dans nos îles ! bougonna lord Simon, préoccupé par ce qu'il venait d'apprendre.
     
    Il poursuivait son chemin quand Lewis Colson le retint d'un geste.
     
    – Le capitaine Maitland vient de vivre une expérience qui peut vous intéresser, lord Simon. Il arrive de Charleston..., précisa l'officier pour justifier son insistance.
     
    – Tiens ! Peut-il me donner des nouvelles de mon estimé cousin Bertie III Cornfield, le planteur, un des barons de l'Ashley River qui se sont emparés de mon train ? grommela Simon, toujours caustique quand il évoquait « l'esclavagiste de la famille ».
     
    – À Charleston je n'ai fait que déposer le nouvel agent consulaire de Grande-Bretagne. Mais, retardé par le gros temps, j'ai assisté, bien malgré moi, le 7 novembre, au débarquement des troupes fédérales, dit le marin.
     
    Encouragé à donner des détails, John Maitland, qui venait de rédiger un rapport pour l'Amirauté britannique, livra son témoignage.
     
    – Le 4 novembre, une escadre de l'Union, forte d'une cinquantaine de navires, dont quinze vapeurs armés, commandée par l'amiral Samuel Francis Du Pont et transportant douze mille hommes, s'est présentée devant le port de Hilton Head, au nord de Savannah, à l'entrée du chenal de Port Royal, embouchure de la Broad River, commença-t-il, citant de mémoire son rapport.
     
    – Le 28 août, les troupes fédérales de Benjamin Butler avaient déjà occupé le fort Hatteras, en Caroline du Nord. On peut penser que l'attaque de Hilton Head était déjà décidée, observa Murray.
     
    – Comment s'est-elle déroulée ? demanda lord Simon, négligeant l'interruption de Malcolm.
     
    – Dès son entrée dans le chenal de Port Royal, la frégate amirale

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