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Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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arbres. Un chickcharnie c'est pas méchant, répliqua l'enfant, nullement effrayé.
     
    L'étroite plateforme rocheuse qui dominait la courbe harmonieuse de Sharks Bay se révéla déserte. Sur la plage en contrebas, on ne releva aucune trace de roues qui aurait donné à penser qu'Ann se fût aventurée au plus près des vagues.
     
    De son sifflet indien, l'enfant tira des sons stridents.
     
    – Si elle entend, elle appellera, dit-il.
     
    Mais seul le rire grinçant des mouettes, réveillées en sursaut, lui répondit.
     
    – Nous devrions pousser jusqu'au pont de Buena Vista, proposa Carver.
     
    – Allons, concéda Charles, maintenant autant préoccupé que son fils par le sort de l'infirme.
     
    Les deux voitures roulaient au petit trot vers Pink Bay, au sud de l'île, quand Poko signala la présence d'un homme qui, courant à travers champs, semblait venir à leur rencontre. À la lueur des lanternes, le sikh reconnut un métis, ancien marin devenu fermier, qui fournissait œufs et légumes au village des artisans.
     
    – Si vous cherchez la dame américaine, elle est chez nous. Elle a vu vos lumières et m'a envoyé, dit le cultivateur dans un anglais des plus correct.
     
    – Est-elle blessée ou malade ? demanda le major.
     
    – Non, elle va bien, mais elle peut pas revenir chez elle. Son cheval l'a pas attendue !
     
    Un instant plus tard, on trouva Ann devisant avec la fermière sur le seuil de la maison. Pacal, à peine posé à terre, courut vers elle et se jeta dans ses bras.
     
    – On a eu peur, dit-il.
     
    Il reçut un baiser de la jeune femme et, un peu honteux de tant de précipitation, revint se placer près de son père, attentif au récit de l'infirme, moins émue que lui-même.
     
    – Comme souvent, quand un endroit me plaît pour une halte, j'ai roulé ma chaise à bas de la voiture et je me suis engagée sur le sentier qui conduit à cette ferme. Je voulais m'en approcher pour la dessiner. Les enfants du fermier sont venus me parler, voir comment on dessine, et la fermière m'a gentiment proposé d'entrer chez elle pour boire un verre de lait. Ils ont presque porté ma chaise qui roulait fort mal sur le mauvais chemin. Et puis, nous avons bavardé. Quand j'ai voulu m'en aller, je me suis aperçue que Purity, laissée au carrefour de la route et du chemin, avait disparu. J'étais bien incapable de rentrer à Cornfield Manor. Ce brave fermier ne possède qu'un char à banc sur lequel je ne pouvais me tenir. Sachant que le major Carver m'attendait pour dîner, j'ai pensé que, tôt ou tard, on se mettrait à ma recherche. Et puis, j'ai vu vos lanternes ! Voilà toute mon escapade. J'ai bien dîné d'un excellent jambon frit, de fromage de chèvre et d'une crème à l'ananas dont j'emporte la recette, conclut Ann, sereine comme qui sort d'un repas mondain.
     
    – Eh bien, nous, nous n'avons pas encore soupé ! Et lady Lamia doit se morfondre chez moi, dit Edward, un brin agacé par la désinvolture de miss Cornfield.
     
    Ann offrit à la fermière le dessin qu'elle avait pris de sa maison et promit de revenir. Installée dans le landau de Charles, elle attira Pacal contre elle. La voiture n'avait pas parcouru un demi-mile que l'enfant dormait, la tête dans le giron de la jeune femme.
     
    1 Futur duc d'Édimbourg, alors midship, âgé de dix-sept ans.
     
    2 Descendant de Jules Auguste Armand de Polignac, ministre des Affaires étrangères, puis président du Conseil en 1829 sous Charles X. Devait s'illustrer lors de la bataille de Mansfield, en Louisiane, en 1864.
     
    3 Au cours de la guerre de Sécession, le Florida allait détruire trente-huit bateaux marchands de l'Union avant d'être capturé, le 7 octobre 1864, dans les eaux de Bahia, au Brésil, par le Wachusett , ce qui devait provoquer un incident diplomatique.
     
    4 Ou cocoyos . Pyrophores. Sortes de taupins qui peuvent émettre une forte lueur phosporescente. Après la campagne du Mexique, il devint à la mode, à Paris, de les utiliser comme ornement vivant sur les vêtements ou la chevelure.
     
    5 Animal mythique des Bahamas. Il s'agirait, d'après David G. Campbell, auteur de the Ephemeral Islands , d'un grand hibou disparu au XVI e  siècle, dont on a retrouvé des os fossilisés dans les trous bleus. Des ornithologues estiment qu'il s'agirait plutôt du pygargue, grand rapace diurne, semblable à l'aigle. Le pygargue à tête blanche sert d'emblème aux États-Unis

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