Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
Vom Netzwerk:
entrepôt d'armes pour les rebelles du Sud. Russell, le ministre britannique des Affaires étrangères, a rassuré l'ambassageur américain et a invité le gouverneur Bailey à faire respecter la neutralité de notre colonie. Nous avons donc signifié aux capitaines connus comme forceurs de blocus qu'ils ne devaient pas compter sur la protection des autorités britanniques contre la recherche et la saisie de leurs bateaux... en haute mer, révéla le fonctionnaire chargé de livrer d'île en île le décret du gouverneur.
     
    – En haute mer ! Mais, dans les eaux bahamiennes, la marine de l'Union n'a aucun droit d'interception, asséna le major avec satisfaction.
     
    – N'y aurait-il pas un peu d'hypocrisie diplomatique dans tout cela ? risqua Desteyrac.
     
    – Plus encore que vous ne le pensez, intervint le commandant Colson. Je voudrais que Rodney répète ce qu'il m'a dit avoir vu et entendu à Nassau, ajouta l'officier à l'intention de son second.
     
    – C'est, ma foi, fort intéressant, et dès que ce paresseux de Sharko aura rechargé nos verres, je vous conterai l'affaire de l' Oreto .
     
    Le barman s'exécuta, Philip Rodney but une gorgée et, certain de son effet, satisfit à la demande de Lewis Colson.
     
    » On a vu récemment arriver à Nassau un navire construit à Liverpool, l' Oreto . Il avait été commandé, l'an dernier, aux chantiers Miller and Sons, de la Mersey, par James D. Bulloch, un envoyé de Jefferson Davis. On disait le bateau destiné à un armateur de Palerme. Mais le détective du consulat des États-Unis à Londres, Thomas H. Dudley, ayant appris que l' Oreto était en réalité destiné à la marine confédérée, a aussitôt alerté son ambassadeur, Charles Francis Adams. Le diplomate américain a écrit à Palmerston pour l'informer du départ imminent du bateau pour les Bahamas. Il n'a reçu aucune réponse. Notre Premier ministre, sans doute lassé par les récriminations constantes des Américains à propos d'une neutralité britannique jugée par trop accommodante pour les rebelles, ne s'est pas opposé au départ du bateau... pour Palerme ! acheva Rodney en riant.
     
    – Comment avez-vous su tout ça ? demanda Desteyrac.
     
    – Le capitaine anglais qui commandait l' Oreto , un vieil ami, m'a rapporté ce que je viens de dire. Dès son arrivée à Nassau, il a été remplacé par un officier de la marine confédérée, et le navire a pris le nom de Florida . Cela fit encore toute une histoire, car le consul des États-Unis à Nassau décida de porter plainte contre mon ami pour avoir convoyé l' Oreto de Liverpool aux Bahamas. Cette démarche, tout a fait déplacée, n'a heureusement pas abouti. Le Florida a quitté le port de Nassau et s'est rendu dans une baie de l'île Andros où l'attendait un navire marchand britannique chargé d'armes et de munitions. On a tranquillement transbordé la cargaison, et le Florida a fait route vers Mobile où il doit maintenant être transformé en vaisseau de guerre par les Sudistes 3 .
     
    – Nassau va devenir l'arsenal du Roi-Coton ! s'écria le major Carver en levant son verre.
     

    Ayant reçu mission d'améliorer le pompage de l'eau douce qui stagnait à la surface de l'eau salée dans les trous bleus, Charles Desteyrac parcourait Soledad pour établir des canalisations, faire creuser dans le calcaire corallien des réservoirs. À la demande de lord Simon, il avait commencé par assurer l'alimentation en eau potable du village des Arawak, ce qui lui valut de grandes démonstrations de gratitude de la part du vieux cacique Maoti-Mata.
     
    Un soir, Old Gentleman – ainsi que le nommait toujours Cornfield –, informé de tout ce qui se passait sur l'île, invita Charles à boire un verre de vin de palme, signe qu'il avait quelque confidence à faire ou une réclamation à formuler.
     
    – Mon petit-fils Tokitok, qui passe plus de temps chez vous, à jouer avec son ami Pacal, que près de moi, m'a dit que la jeune infirme américaine, cousine de lady Ottilia, leur lisait souvent des contes. Les enfants aiment la compagnie des infirmes. Ils les sentent vulnérables et ont sur ceux qui ne peuvent se mouvoir, comme cette demoiselle dans son fauteuil à roues, une supériorité évidente que leur âge ne pourrait leur valoir. Puis-je vous demander d'où lui vient cette infirmité ?
     
    – Sans doute un choc violent dans le dos lors d'un naufrage sur le lac Érié, puis une longue amnésie. Ses

Weitere Kostenlose Bücher