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Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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l'union de nos anciennes colonies d'Amérique. À cette pénurie, due au blocus des ports du Sud, exportateurs de coton, nous tentons de remédier en respectant les lois internationales qui donnent droit aux neutres de commercer avec des belligérants. Sans soutenir pour autant la cause esclavagiste qui, j'en suis certain, vous fait à tous horreur !
     
    Cornfield fut applaudi et, verre en main, circula d'un groupe à l'autre pour bavarder.
     
    – Savez-vous, my lord , comment sont présentés, à l'Exposition universelle qui se tient actuellement à Londres, les coquilles de conches sculptées en camées, nos écailles de tortue, les éponges et les ananas que nous avons envoyés à nos agents anglais ? demanda un colon, grand propriétaire à Cat Island.
     
    – Cette Exposition universelle, qui vient d'ouvrir et se tiendra jusqu'au 15 octobre, n'aura pas, je le crains, le retentissement de celle de 1851, que j'ai visitée. La crise de l'industrie textile et les mauvaises récoltes de céréales freinent les initiatives. Le Crystal Palace, la merveille la plus extraordinaire de l'Exposition de 1851, couvrait neuf hectares et avait coûté deux millions de livres. Le nouveau palais, fait de briques et d'arceaux vitrés, en couvre onze à Kensington. C'est un hall pourvu à ses deux extrémités de dômes, hauts de deux cent cinquante pieds. Une belle place, dans le hall de l'industrie, était initialement prévue pour les nouveaux métiers à filer et à tisser, mais qu'en sera-t-il maintenant ? En revanche, étant donné que les envois des colonies sont placés dans un hall annexe, on peut penser que nos produits bahamiens seront vus et appréciés par les visiteurs. Je doute, hélas, que ceux-ci soient aussi nombreux qu'il y a onze ans, conclut lord Simon, dubitatif.
     
    – Cette guerre est vraiment préjudiciable aux affaires. Mon agent de change de Londres m'écrit que même les banquiers suisses sont inquiets. Plusieurs maisons de banque parmi les plus sérieuses de la Corraterie, à Genève, se ressentent de la crise du coton, dit le docteur Weston Clarke.
     
    – Certes, les affaires vont mal. Le Great Eastern , notre léviathan des mers, a été saisi le mois dernier à la demande de Scott Russell, le constructeur naval, qui n'était pas payé, révéla Lewis Colson.
     
    – Les choses ont dû s'arranger, car j'ai appris à Nassau que le Great Eastern était attendu à New York, compléta Mark Tilloy.
     
    – Devons-nous accueillir les planteurs de la Virginie, des Carolines et de la Louisiane qui comptent trouver refuge dans notre archipel ? demanda le commandant du port.
     
    – Nous le devons, bien sûr.
     
    – Même s'ils viennent avec leurs esclaves, comme autrefois les loyalistes ?
     
    – Tout nègre qui pose le pied sur une de nos îles devient un homme libre, qu'il accompagne son maître ou qu'il débarque seul. Mais ne vous tracassez pas. Les Sudistes savent que l'archipel des Bahamas, colonie de la Couronne, accepte les nègres en rupture d'esclavage depuis qu'en 1841 les esclaves entassés à bord du Créole se révoltèrent et débarquèrent à Nassau, où ils furent aussitôt affranchis, rappela le maître de l'île avant de se retirer.
     

    Comme chaque année, au jour anniversaire de Victoria, lord Simon donna à Cornfield Manor une réception suivie d'un dîner très habillé, robe longue pour les dames, tail coat and white tie 15 pour les hommes. En ce printemps 1862, seul le bal traditionnel fut supprimé par respect pour le deuil de Sa Très Gracieuse Majesté.
     
    Ce soir-là, Ottilia, apparemment revenue de ses rébellions de jeunesse, portait pour la première fois le diadème des Cornfield, à la grande satisfaction de son père. Elle parut dans une robe bleu pastel à volants multiples de Worth, rapportée de Paris, au côté de sa demi-sœur, Ounca Lou, moulée dans un strict fourreau de soie émeraude qui ne laissait rien ignorer de ses formes vénusiennes.
     
    – Toutes deux belles, mais combien différentes ! dit le major Carver.
     
    À peine remis de sa chute de cheval, pâle et flageolant, il s'appuyait d'une main sur une canne, de l'autre au bras de lady Lamia.
     
    – Elles tiennent, je crois, à montrer leur différence, grinça Margaret Russell.
     
    Si la femme du pasteur acceptait la toilette d'Ottilia, elle ne pouvait approuver qu'une jeune mère de famille comme Ounca Lou se présentât dans une robe si provocante.
     
    – Parfois

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