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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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je
dois te dire que tu ferais de vains efforts. »
    Et la délégation de l’Assemblée se retire, préfère ne pas
savoir.
    « Les ténèbres ne nous ont pas permis de voir ce qui se
passait. »
    « Nulle puissance n’aurait pu les arrêter », dit
Danton.
     
    Et les assassins continuent. Ils terrorisent, favorisent les
Montagnards, les Cordeliers.
    « Nous sommes sous le couteau de Robespierre et de
Danton », dit Manon Roland.
    Brissot et Pétion, qui veulent être élus à la Convention, sont
contraints de quitter Paris, de se présenter en province.
    Louvet, un écrivain lié aux Girondins, qui a pris la parole
pour discuter la candidature de Marat à la Convention, est entouré à la sortie
de la salle d’« hommes à gros bâtons et à sabre, les gardes du corps de
Robespierre. Ils menacèrent. Ils me dirent en propres termes : “Avant peu
tu y passeras.” Ainsi l’on était libre dans cette assemblée où sous les
poignards on votait à haute voix ! ».
     
    Il faut approuver si l’on veut rester en vie.
    Billaud-Varenne, avocat, membre de la Commune
insurrectionnelle, substitut du procureur Manuel, fait le tour des prisons, assiste
aux massacres, et déclare : « Peuple tu immoles tes ennemis. Tu fais
ton devoir. »
    Et il attribue vingt-quatre livres aux tueurs, aux « tape-dur »
qui exécutent les verdicts de Maillard.
    Le maire Pétion détourne la tête.
    « Le peuple de Paris administre lui-même la justice, dit-il,
je suis son prisonnier. »
     
    « Le peuple, dit Couthon, le député Montagnard, continue
à exercer sa souveraine justice dans les différentes prisons de Paris. »
    Et Marat s’en félicite.
    Son programme d’exécutions qu’il répète depuis des mois – et
presque chaque jour depuis le 10 août – est enfin mis en œuvre.
    Un homme comme Fournier – « l’Américain » – s’y
emploie.
    Il a vécu à Saint-Domingue. De retour à Paris, il a été un « enragé
du Palais-Royal ». Il a participé à la prise de la Bastille et aux autres
journées révolutionnaires, devenant une figure notoire des Cordeliers.
    Il organise le massacre des cinquante-trois prisonniers qu’il
doit transférer d’Orléans à Paris, les livre aux tueurs à Versailles. Mais
avant, il les a dépouillés de tous leurs objets de valeur.
     
    Car on ne se contente pas de tuer. On vole. On pille. Qui
osera s’opposer à ces hommes armés, aux mains rouges de sang ?
    Ils exigent qu’on leur donne montres et colliers, bijoux. Il
faut faire vite sinon ils arrachent le lobe de l’oreille avec sa boucle.
    Ils s’introduisent dans le Garde-Meuble qui contient les
fortunes royales et y volent pour trente millions de diamants.
    Paris est ainsi livré pendant près d’une semaine à quelques
centaines de massacreurs et de voleurs.
     
    « Les circonstances rendaient les exécutions pour ainsi
dire excusables », écrit un fédéré brestois, qui ajoute quelques jours
plus tard : « Elles étaient nécessaires. »
    Les sans-culottes, dit-on, ont empêché « les scélérats
de souiller la terre du sang du peuple ».
     
    On tue donc sans hésitation, gaiement.
    Autour des cadavres on danse, on chante La Carmagnole :
    Ah ! ça ira ! ça ira ! ça ira !
    Les aristocrates à la lanterne
    Ah ! ça ira ! ça ira ! ça
ira !
    Les aristocrates on les pendra.
    On les sabre, on les pique, on les dépèce, on arrache leurs
entrailles, on tranche leur sexe.
    On dispose des bancs pour les habitants du quartier qu’on
réveille afin qu’ils puissent assister au spectacle « purificateur ».
    Et qui oserait refuser quoi que ce soit à ces hommes armés ?
    Ils posent des lampions sur chaque cadavre.
    Et pour que l’ennui de tuer ne vienne pas tuer l’ardeur, on
s’excite, on jouit de faire souffrir. On met les condamnés à nu, on entaille
leur corps.
     
    Voici la princesse de Lamballe, amie de la reine.
    « C’est une petite femme vêtue de blanc, raconte un
témoin, que les bourreaux armés de toutes sortes d’armes assommèrent. »
    On lui coupe la tête, on traîne son corps. On le fend, on
arrache le cœur. La rumeur se répand qu’on l’a fait griller et qu’un homme l’a
mangé.
    On promène la tête et les parties génitales – dit un témoin
– jusqu’au Temple.
    On interpelle Marie-Antoinette. On veut qu’elle voie « comment
le peuple se venge de ses tyrans. Je vous conseille de paraître, si vous ne
voulez pas que le peuple monte ici »,

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