Révolution française Tome 1
girondins sont favorables à l’indulgence, craignant
les conséquences de la mort du roi.
Mais Vergniaud, qui préside, vote la mort. Et huit des
députés de Bordeaux votent comme lui.
Pas de surprise avec les Montagnards.
Robespierre, plus poudré que jamais, parle longuement pour
expliquer son vote :
« Tout ce que je sais, dit-il, c’est que nous sommes
des représentants du peuple envoyés pour cimenter la liberté publique par la
condamnation du tyran, et cela me suffit.
« Le sentiment qui m’a porté à demander, mais en vain, à
l’Assemblée constituante l’abolition de la peine de mort est le même qui me
force aujourd’hui à demander qu’elle soit appliquée au tyran de ma patrie et à
la royauté elle-même dans sa personne. Je vote pour la mort. »
Le vote se poursuit dans la nuit du 16 au 17 janvier.
On attend Danton. Il monte à la tribune vers quatre heures
du matin.
Les partisans du roi espèrent de sa part un mouvement d’indulgence.
« Je ne suis point de cette foule d’hommes d’État qui
ignorent qu’on ne compose point avec les tyrans, déclare Danton. Ils ignorent
qu’on ne frappe les rois qu’à la tête. Ils ignorent qu’on ne doit rien attendre
de ceux de l’Europe que par la force de nos armes ! Je vote pour la mort
du tyran ! »
Voici un autre Montagnard, Philippe Égalité, ci-devant duc d’Orléans,
le corps lourd, disant d’une voix assourdie, qu’uniquement occupé de son devoir,
il vote pour la mort de Louis, son cousin.
Et Desmoulins et Fabre d’Églantine, et le peintre David, et
Marat, font le même choix.
Et quand, le 17 janvier à huit heures du soir, Vergniaud
donne le résultat, il y a trois cent quatre-vingt-sept régicides contre trois
cent trente-quatre voix.
La mort n’a donc été votée qu’à la majorité de
cinquante-trois voix ! Et parmi les députés qui ont voté la mort, certains
ont demandé qu’il soit sursis à l’exécution.
Le lendemain, vendredi 18 janvier, de nombreux députés
contestent les résultats du scrutin de la veille.
On procède à un nouveau scrutin qui donne trois cent
soixante et une voix pour la mort contre trois cent soixante !
La mort de Louis XVI a donc été décidée à une voix de
majorité ; alors que la salle du Manège, où siégeait la Convention, était
cernée de sans-culottes armés de piques.
« Tandis que les citoyens honnêtes de cette ville
attendent dans un calme profond le jugement de Louis XVI, peut-on lire dans les Annales républicaines du 18 janvier, toutes les avenues de la Convention
sont entourées d’une foule inconnue d’agitateurs dont les vociférations se font
entendre jusque dans le temple législatif, et semblent vouloir influencer les
opinions de nos mandataires. On les entend beugler de toutes leurs forces que
si Louis XVI n’est pas condamné à mort, ils iront eux-mêmes l’assassiner. Quelques
députés en entrant hier dans la salle ont été menacés d’être massacrés s’ils ne
votent pas pour la mort.
« Quelque inaccessibles que soient nos représentants à
toute impulsion de crainte, on aurait dû réprimer cette horde audacieuse et
ôter aux malveillants tout prétexte de pouvoir dire que les opinions n’ont pas
été parfaitement libres. »
Il faut encore voter le samedi 19 janvier sur la question du
sursis, que les députés girondins ont demandé.
Mais ceux de la Plaine hésitent. Ils entendent les cris de
la foule autour de la Convention.
Dans les tribunes, on guette et note leur choix. On les
menace au moment où ils entrent dans la salle. Et ils veulent en finir.
Des ennemis de la Révolution ont assassiné à Rome un
diplomate français. Les émeutiers ont tenté d’incendier le ghetto de la ville, accusant
les Juifs d’être complices de la Révolution française.
Les Montagnards refusent le sursis comme Danton, et comme
Philippe Égalité, qui se réitère « convaincu que tous ceux qui ont attenté
ou attenteront par la suite à la souveraineté des peuples, méritent la mort ».
Immédiatement.
À deux heures du matin, le dimanche 20 janvier 1793, le
sursis est rejeté par trois cent quatre-vingts voix contre trois cent dix.
Louis n’est pas surpris.
« Je ne cherche aucun espoir, dit-il à Cléry, mais je
suis bien affligé de ce que Monsieur d’Orléans, mon parent, a voté ma mort. »
À deux heures de l’après-midi, le dimanche 20 janvier 1793, Louis
ne sursaute pas quand lés membres du
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