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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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dit Louis, c’est celui de
mes ancêtres. J’aurais désiré, Monsieur, que les commissaires m’eussent laissé
mon fils pendant les deux heures que j’ai passées à vous attendre. »
    Point de réponse.
    Louis monte dans le carrosse du maire, et on commence à
rouler, entouré d’une escorte si dense de cavaliers et de fantassins qu’on ne
voit pas la foule le long de la rue du Temple, des boulevards, de la rue des
Capucins et sur la place Vendôme.
    Mais on entend les cris de « Mort au tyran ! ».
    Et quand Louis descend du carrosse dans la cour des
Feuillants, il voit au loin les piques dressées.
    Il pleut. Il fait froid, et souffle la bourrasque.
     
    Il sent la morsure de tous ces regards.
    Il se redresse, debout face à la Convention. Peu importe que
ses vêtements soient sales et froissés, qu’aucun barbier ne l’ait rasé depuis
quatre jours ; il est le roi et il ne répondra que par des dénégations, quand
on lui montrera des pièces saisies dans l’« armoire de fer ».
    Il ne veut rien « reconnaître ».
    Il n’est pas au pouvoir d’une Assemblée de juger le roi de
France.
    Et le roi a le droit et le devoir de refuser de se soumettre
à un questionnaire.
     
    Après cinq heures d’audition on le reconduit au Temple, et
des cris plus nombreux, plus haineux encore, l’accompagnent tout au long du
parcours.
    « La tête au bout d’une pique, Capet ! Mort au
tyran ! »
    Au Temple, seul avec Cléry, il peut enfin laisser voir son
épuisement.
    « Je ne compte sur aucun égard, aucune justice, murmure-t-il,
mais attendons. »
     
    Il est surpris, heureux aussi et il en remercie Dieu, que la
Convention lui accorde le droit d’avoir pour l’assister un conseil.
    Malesherbes, âgé de soixante et onze ans, ancien secrétaire
d’État à la Maison du roi, qui avait été l’un des hommes les plus ouverts à l’esprit
des Lumières, se propose d’être l’avocat de Louis XVI.
    « J’ai été appelé deux fois au Conseil dans un temps où
cette fonction était ambitionnée de tout le monde, écrit Malesherbes. Je lui
dois le même service lorsque c’est une fonction que bien des gens jugent
dangereuse. »
    D’autres se proposent pour cette charge périlleuse.
    Louis et Malesherbes retiennent les avocats Tronchet et de
Sèze. Le premier avait été bâtonnier à Paris et député à la Constituante.
    « Tout sera inutile », murmure Louis XVI après
avoir serré Malesherbes contre lui, et l’avoir remercié d’exposer ainsi sa vie.
    « Non, Sire, je n’expose pas ma vie et même j’ose
croire que Votre Majesté ne court aucun danger. Sa cause est si juste et les
moyens de défense si victorieux ! »
    « Ils me feront périr, répond Louis en secouant la tête.
N’importe, ce sera gagner ma cause que de laisser une mémoire sans tache. Occupons-nous
de mes moyens de défense. »
     
    Il prie. Malesherbes a présenté aux gardiens l’abbé
Edgeworth de Firmont, comme un commis. Et Louis prie à ses côtés, lui demande
de l’assister quand viendra l’heure de sa mort. Car si, scrupuleusement, Louis
lit, paraphe, conteste les pièces provenant de l’armoire de fer qu’on lui
présente, il ne doute pas de l’issue du procès.
    Il a même renoncé à voir ses enfants, car il n’y aurait été
autorisé qu’à la condition que le dauphin et Madame Royale soient séparés de
leur mère. Et il sait que Marie-Antoinette ne trouve un peu de force et de paix
qu’au contact de ses enfants.
    Il murmure :
    « On noircit la reine pour préparer le peuple à la voir
périr : sa mort est résolue. En lui laissant la vie on craindrait qu’elle
ne se vengeât. Infortunée princesse ! Mon mariage lui promit un trône, aujourd’hui… »
    La mort pour moi et pour elle.
    Il n’ose penser au sort de ses enfants.
    Il pleure, le 19 décembre, jour anniversaire de sa fille, qu’il
ne verra pas.
    Il est seul avec Cléry le jour de Noël, et il rédige son
testament.
    « À présent ils peuvent faire de moi ce qu’ils voudront. »
     
    Le lendemain, mercredi 26 décembre – « il a fait grand
vent, bourrasque, et plu toute la nuit et toute la journée, et 2 degrés au
thermomètre » –, Louis comparaît devant la Convention pour la seconde et
dernière fois.
    L’avocat de Sèze se lève. Il est jeune, plein de fougue
maîtrisée. C’est lui qui, avant la déclaration de Louis, prononcera la plaidoirie
de la défense.
    Il déroule, avec une précision

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