Révolution française Tome 1
implacable, sa démonstration,
montrant que le roi n’a jamais violé la lettre ou l’esprit de la Constitution
de 1791, usant seulement des droits qu’elle lui avait consentis.
« Citoyens, conclut-il, je cherche parmi vous des juges
et je n’y vois que des accusateurs ! Louis n’aura ni les droits du citoyen
ni les prérogatives de roi… Citoyens je n’achève pas, je m’arrête devant l’histoire.
Songez quel sera votre jugement et que le sien sera celui
des siècles ! »
Louis prend la parole. Sa voix est apaisée. Elle ne tremble
pas. « En vous parlant, peut-être pour la dernière fois, je vous déclare
que ma conscience ne me reproche rien et que mes défenseurs ne vous ont dit que
la vérité.
« Je n’ai jamais craint que ma conduite fût examinée
publiquement ; mais mon cœur est déchiré de trouver dans l’acte d’accusation
l’imputation d’avoir voulu faire répandre le sang du peuple et surtout que les
malheurs du 10 août me soient attribués.
« J’avoue que les gages multipliés que j’avais donnés
dans tous les temps de mon amour pour le peuple et la manière dont je m’étais
toujours conduit me paraissaient devoir prouver que je craignais peu de m’exposer
pour épargner son sang et devoir éloigner à jamais de moi pareille imputation. »
Il se rassied.
On le reconduit au Temple.
Les députés se déchirent.
Certains, émus par les propos du roi, tentent d’obtenir le
retrait de l’acte d’accusation.
Les Montagnards s’insurgent. Les Girondins avancent avec
Vergniaud l’inviolabilité du roi, Brissot évoque l’indignation de l’Europe et
demande l’« appel au peuple » qui jugera en dernier ressort.
Robespierre dénonce cette manœuvre.
Seuls les « fripons », des « perfides »,
« dont la sourde et pernicieuse activité produit des troubles peuvent
réclamer l’appel au peuple ».
« Oui, s’écrie-t-il, j’ambitionne l’honneur d’être
massacré le premier par les brissotins, s’il le faut, mais avant d’être
assassiné, je veux avoir le plaisir de les dénoncer. »
Et avec lui les Montagnards accusent les Girondins d’être
compromis par les documents de l’armoire de fer.
Vergniaud a négocié avec la Cour du 5 au 9 août
1792, pour éviter l’insurrection.
Le président de la Convention, Barère, le vendredi 4 janvier
1793, fait rejeter l’idée d’un « appel au peuple », juge souverain du
roi.
« Le procès, dit-il, est en réalité un acte de salut
public ou une mesure de sûreté générale, et un acte de salut public n’est pas
soumis à la ratification du peuple. »
Les Girondins n’osent plus contester cette décision.
Le 7 janvier 1793, la Convention déclare clos les débats du
procès de Louis XVI.
Le vote commencera le lundi 14 janvier.
Louis, ci-devant roi de France, dit à Malesherbes :
« Êtes-vous bien convaincu à présent, qu’avant même que
je fusse entendu, ma mort avait été jugée ? »
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Il faut voter.
Et d’abord choisir entre la culpabilité et l’innocence de
Louis Capet, ci-devant roi de France.
Le 15 janvier 1793, le vote commence sur cette première
question.
La Convention déclare Louis Capet coupable de conspiration
contre la liberté publique par sept cent sept voix contre zéro.
Ce même jour, il faut voter une seconde fois pour confirmer
que le jugement de la Convention ne sera pas soumis à la ratification du peuple.
« Peuple, s’écrie Robespierre, c’est à nous seuls de
défendre ta cause. Plus tard, lorsque les vertueux auront péri, alors venge-les
si tu veux. »
Par quatre cent vingt-quatre voix contre deux cent
quatre-vingt-sept, la Convention rejette l’appel au peuple.
Maintenant, il faut voter par appel nominal, sur la question
capitale :
« Quelle peine infligera-t-on à Louis Capet ? »
Chaque député doit monter à la tribune et expliquer à haute
voix son vote. Les députés en mission s’exprimeront par écrit.
Le vote commence le mercredi 16 janvier 1793, à huit heures
du soir. Les députés votent dans l’ordre alphabétique des départements et pour
chacun dans l’ordre de l’élection.
La lettre G a été tirée au sort, et le premier département
sera la Haute-Garonne… les représentants du Gard votant les derniers. On sait
que Vergniaud, député de Bordeaux, a déclaré, la veille :
« Je resterais seul de mon opinion que je ne voterais
pas la mort. »
Et les députés
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