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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Messieurs ! »
    Et l’on sait que pour Mirabeau, Necker n’est qu’un « charlatan,
un roi de la canaille », mais comment empêcher la parution de son journal,
alors que Brissot lance Le Patriote français , et que d’autres feuilles
paraissent ?
    C’est sous la surveillance des journaux que vont se dérouler
les débats aux États généraux.
    L’opinion publique, dont ils sont l’écho et qu’ils orientent,
entre dans la salle où délibèrent les députés et elle n’en sortira plus.
     
    On lit avec passion ces journaux, et de nombreux Parisiens
font le voyage de Versailles.
    Ils sont admis sans difficulté dans la salle commune des
États généraux qu’on a laissée au tiers état, l’ordre qui compte le plus de
députés.
    Ils écoutent les leurs qui, par leur talent ou leur
notoriété, s’imposent jour après jour : Mirabeau, Sieyès, Mounier, Barnave.
    Parfois c’est un inconnu qui prend la parole, comme ce
député d’Arras, l’avocat Maximilien Robespierre, qu’on écoute distraitement, lors
de sa première intervention le 18 juin.
    Les deux ordres privilégiés se sont retirés dans des salles « séparées »,
où ils siègent à huis clos, marquant ainsi leur volonté de refuser l’« Assemblée
unique » au moment où les députés du tiers choisissent de se nommer « Communes »
à l’imitation de l’Angleterre, et dans quelques jours ils se choisiront pour « doyen
des Communes » l’astronome Jean Sylvain Bailly, député de Paris.
     
    Louis observe, interroge, écoute.
    La reine, le comte d’Artois – les princes – répètent que le
tiers, en refusant de vérifier isolément les pouvoirs de ses membres, en
demandant aux autres ordres de le rejoindre, s’est mis en état de « sédition ».
Le tiers état veut briser la division en ordres.
    Il appelle les députés de la noblesse et du clergé à le
rejoindre. Il refuse toutes les « transactions ». Il faut donc « le
réduire à l’obéissance ».
    Mais comment ?
    Louis mesure le danger pour le pouvoir royal.
    Suffit-il de s’appuyer sur les ordres privilégiés qui, dans
leurs salles séparées, ont décidé de vérifier, chacun pour soi, les pouvoirs de
leurs députés ?
    Mais quarante-sept nobles s’y sont opposés (contre cent
quarante et une voix pour) et le clergé est profondément divisé : cent
quatorze voix pour rejoindre le tiers, constituer une Assemblée unique, et une
courte majorité de cent trente-trois voix pour le maintien de la séparation. Des
délégations du tiers état s’en vont tenter de convaincre les « curés »
de rejoindre les « Communes ».
    Et ce « bas clergé » est tenté. Il ose se dresser
contre les prélats : « Les curés de village s’ils n’ont pas les
talents des académiciens ont du moins le bon sens des villageois », dit l’un,
s’adressant à l’abbé Maury, membre de l’Académie française.
    « Ici, Messeigneurs, dit un autre, nous sommes tous
égaux. »
    Et l’abbé Grégoire, « ami des Noirs », célèbre par
son Mémoire sur l’émancipation des Juifs , réunit autour de lui, chaque
soir, « soixante curés », patriotes.
     
    Et Paris bouillonne, du Palais-Royal au faubourg
Saint-Antoine.
    Des témoins, pourtant « patriotes », s’inquiètent
de la violence des propos qui sont lancés.
    On réclame un « carcan sur le Pont-Neuf pour l’abbé
Maury ».
    On compte sur ses doigts les ennemis de la nation : « deux
altesses royales, trois altesses sérénissimes, une favorite… »
    Il s’agit des frères du roi, du prince de Condé, du duc de
Bourbon, du prince de Conti, et de Madame de Polignac. Et naturellement, la
reine est fustigée, couverte d’injures. Le libraire Nicolas Ruault 1 ,
éditeur de Voltaire, esprit éclairé, patriote, s’inquiète : « Si la
haine fermente quelque temps encore dans le peuple contre les ordres
privilégiés, si l’autorité ne vient pas la calmer ou l’éteindre, il est à
craindre que la partie du peuple sans propriété, que cette multitude sans
existence civile, sans principes moraux et qu’il est si facile de mettre en
mouvement, qui s’y met souvent d’elle-même sur les moindres propos qu’ils
entendent au coin des rues et des carrefours, dans les halles et les marchés
publics, ne coure de château en château, tout piller et tout détruire.
    J’ai déjà entendu ces menaces de la populace de Paris dans
des groupes qu’on voit se multiplier chaque

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