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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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état ! », « Vive l’Assemblée
nationale ! ».
    Une femme qui a proféré des « injures au buste de
Necker, a été troussée, frappée jusqu’au sang par les poissardes », dit un
espion de police.
    On s’en prend aux « uniformes suspects ». Dès que
paraît un hussard, on crie : « Voilà Polichinelle, et les tailleurs
de pierre le lapident. Hier au soir, deux officiers de hussards, MM. de Sombreuil
et de Polignac sont venus au Palais-Royal, on leur a jeté des chaises, et ils
auraient été assommés, s’ils n’avaient pris la fuite… »
    Et lorsqu’un espion de police a été démasqué : « On
l’a baigné dans le bassin, on l’a forcé comme on force un cerf, on l’a harassé,
on lui jetait des pierres, on lui donnait des coups de canne, on lui a mis un
œil hors de l’orbite, enfin malgré ses prières et qu’il criait merci on l’a
jeté une seconde fois dans le bassin. Son supplice a duré depuis midi jusqu’à
cinq heures et demie et il y avait bien dix mille bourreaux. »
     
    Parmi cette foule, des gardes françaises, qu’on entoure, qui
crient « Vive le tiers état ! ».
    « Tous les patriotes s’accrochent à eux. »
    Ils ont quitté leurs casernes bien qu’ils y aient été
consignés. Le Palais-Royal est un lieu qu’ils ont l’habitude de fréquenter. C’est
le rendez-vous des filles, et maintenant celui des patriotes.
    « On leur paie des glaces, du vin. On les débauche à la
barbe de leurs officiers. »
    Que faire, s’interroge Louis, quand on ne dispose plus de la
force ?
    Quand l’Assemblée du tiers, cette Assemblée qui se veut
nationale, délibère de l’aveu même de Bailly, son doyen, sous la surveillance
de plus de 600 « spectateurs » qui votent les motions comme des élus,
applaudissent, contestent, menacent les quelques rares députés du tiers qui n’ont
pas rallié la majorité. Leurs noms sont relevés et la foule les attend à la
sortie de la salle.
     
    Que faire ?
    Ce 9 juin, Louis ne se prononce pas sur les propositions de
Necker.
    Mais l’abîme est là devant lui, qui l’effraie et le fascine.
     
    Il apprend que le clergé, par cent quarante-neuf voix contre
cent trente-sept, a décidé de rallier le tiers état.
    Certains prélats ont donc rejoint les curés qui, avaient-ils
dit, « précédés du flambeau de la raison, conduits par l’amour du bien
public et le cri de notre conscience, venons nous placer avec nos concitoyens
et nos frères ».
    Les députés du tiers et ceux du clergé se sont embrassés en
pleurant, et la foule crie « Vive les bons évêques ! ».
    L’ordre de la noblesse, au contraire, maintient son refus de
la réunion.
    Les princes du sang royal, la reine, les frères du roi ne
cessent de l’inciter à défendre « sa » noblesse qui lui reste fidèle.
    Louis voit ce gouffre devant lui, où tout son monde peut s’engloutir.
    Il entend ses proches, au Conseil royal du 20 juin, dire que
les réformes de Necker vont « ébranler les lois fondamentales de l’État ».
    La reine insiste pour que le roi mette fin à cette « révolte ».
    Et Louis en convient. Il ne peut pas accepter que la
monarchie dont il a hérité sombre.
    Qu’on agisse, murmure-t-il, qu’on fasse un premier pas, qu’on
donne un signe. Et il ajoute qu’il faut être mesuré et sage.
     
    Il a choisi de faire fermer la grande salle commune aux
États généraux où se réunissent les députés du tiers.
    Il attend, angoissé, leurs réactions.
    Ils trouvent les portes closes, puisque, leur dit-on, les
huissiers doivent aménager la salle, pour une séance générale – séance royale
pour les trois ordres – prévue pour le 23 juin.
    On a, autour du roi, où tout le monde est pour la fermeté et
pour la noblesse, critiqué à mots couverts cette mesure équivoque, qui n’ose
pas s’avouer pour ce qu’elle est, une tentative d’empêcher l’Assemblée
nationale de délibérer.
     
    Le désarroi est grand parmi les députés.
    Ils n’osent forcer les portes.
    L’un d’eux crie : « Au jeu de paume. »
    La salle est proche. On l’occupe. On entoure Bailly. Sieyès
propose de se transporter à Paris. L’émotion est extrême ; le roi, dit-on,
prépare un coup d’État contre l’Assemblée.
    Il faut avertir le peuple, lancent certains.
    Mounier, le député de Grenoble, invite à prêter serment « de
ne jamais se séparer et de se rassembler partout où les circonstances

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