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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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jour. » Et Nicolas Ruault
ajoute : « Il est fort à souhaiter que le souverain intervienne avec
son autorité pour donner la paix à cette assemblée d’hommes libres… »
    Mais à la fin mai, les États généraux ne sont pas encore une
Assemblée unique.
    Les trois ordres restent sur leurs positions et lorsque le
roi propose des « conférences de conciliation », entre les ordres, le
tiers qui craint un piège refuse.
    Mirabeau a plaidé qu’en restant immobile le tiers est « formidable
à ses ennemis ».
    Et le roi est las, désespéré.
    Tout se mêle en lui, la déception de voir son peuple se
diviser et se rebeller, et chaque jour de constater que la mort envahit le
corps du dauphin.
     
    On a transporté l’enfant à Meudon, dans l’espoir qu’il y
respire un air plus pur qu’à Versailles.
    Louis se rend quotidiennement à son chevet, et c’est comme s’il
avait devant lui, devant son fils mourant, la preuve de son impuissance.
    Le dauphin meurt le 4 juin.
    Selon l’étiquette, les souverains ne peuvent accompagner
leur fils jusqu’à Saint-Denis.
    Ils s’installent à Marly, terrassés par le chagrin, désireux
de se recueillir.
    Mais Louis ne peut ignorer les événements.
     
    Les troubles continuent. On pille des greniers à blé.
    Le comte d’Artois, la reine, leurs proches, harcèlent le roi
quand ils apprennent que le 17 juin, sur la proposition de l’abbé Sieyès, les
Communes du tiers état se constituent en Assemblée nationale.
    Cette Assemblée nationale vota aussitôt un décret, assurant provisoirement la perception des impôts et le service de la dette publique.
    Provisoirement : c’est-à-dire que l’Assemblée
menace d’une « grève des impôts », si le roi et les ordres
privilégiés refusent de reconnaître cette Assemblée nationale.
    Provisoirement  : jusqu’à ce que l’Assemblée
nationale ait élaboré une Constitution.
    Chaque député du tiers se sent porté par cette houle qui
balaie le pays.
    « Le tiers a pour lui le droit et la force des choses »,
dit l’abbé Sieyès.

     
     
    13
    « Assemblée nationale ».
    Louis répète ces mots, relit ces récits, ces pamphlets qu’on
pose devant lui, et il a l’impression d’être saisi par le vertige comme s’il se
trouvait au bord d’un abîme, qu’il était prêt à y être précipité, et il ne peut
s’empêcher d’osciller, d’avant en arrière, comme si son corps voulait exprimer
l’hésitation et en même temps la frayeur qui ont fondu sur lui.
     
    Les députés du tiers, ces roturiers, ont osé le défier, alors
qu’ils n’existent que par lui, qui a bien voulu organiser les élections, réunir
les États généraux.
    Ses frères, la reine, les princes du sang, les aristocrates,
ceux que le peuple appelle les aristocranes , exigent qu’on brise ces
rebelles, qu’on dissolve même les États généraux.
    Le garde des Sceaux Barentin insiste pour que le roi oblige
le tiers état à se soumettre :
    « Pourquoi tant de complaisance, tant de considération ?
dit Barentin au Conseil royal réuni le 19 juin. Il faut du nerf et du caractère,
ne pas sévir c’est dégrader la dignité du trône, opposer la modération à l’injure,
la faiblesse à la violence, c’est autoriser la violence. »
    Louis partage ce sentiment, mais il écoute Necker, qui
propose un plan de réformes : le vote par tête, l’égalité devant l’impôt, l’admissibilité
de tous les Français aux fonctions publiques, la création d’une Chambre haute, le
pouvoir exécutif confié au roi avec droit de veto…
    C’est capituler, disent les frères du roi, la reine, le
garde des Sceaux.
    Louis se tait.
     
    Ont-ils tous oublié que l’ancien garde des Sceaux Lamoignon
s’est brûlé la cervelle dans le parc de sa demeure ?
    Ne savent-ils pas que dans les rues de Versailles, des
bandes venues de Paris pourchassent les députés de la noblesse et du clergé
hostiles à la « réunion » avec ceux du tiers ?
    L’archevêque de Paris a été poursuivi à coups de pierres. On
lui a jeté de la boue, on a injurié l’abbé Maury. On les a insultés en les
qualifiant d ’aristocranes .
    À Paris, au Palais-Royal, un orateur a proposé de « brûler
la maison de Monsieur d’Esprémesnil, sa femme, ses enfants, son mobilier et sa
personne », parce qu’il est hostile à la réunion avec le tiers.
    La foule a piétiné, battu, fouetté, tous ceux qui osaient ne
pas crier « Vive le tiers

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