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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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personnes ont encerclé l’Abbaye,
brisé à coups de pique et de marteau les portes de la prison, libéré non
seulement les onze gardes françaises mais tous les autres militaires
prisonniers. Les dragons, les cavaliers, les hussards qu’on a envoyés à l’Abbaye
pour disperser la foule ont refusé de charger, ont rengainé leurs sabres, ont
trinqué avec le peuple, qui criait « À la santé du roi et du tiers état ».
    Ils ont répondu en lançant : « Vive la nation ! »
    Les dragons disent à l’officier qui les conduit à Versailles :
« Nous vous obéissons mais quand nous serons arrivés, annoncez aux
ministres que si l’on nous commande la moindre violence contre nos concitoyens,
le premier coup de feu sera pour vous. »
    Ces soldats comme le peuple se défient des régiments
étrangers.
    À Versailles, des gardes françaises et des hommes du peuple
ont écharpé des hussards parlant allemand au cri de :
    « Assommons ces polichinelles, qu’il n’en reste pas un
ici. »
    On s’indigne en apprenant que le Conseil de guerre suisse a
fait pendre deux gardes suisses qui avaient manifesté leur sympathie pour les
sentiments patriotiques français.
    On constate des désertions parmi les troupes qui ont établi
leur camp au Champ-de-Mars.
    Et au Palais-Royal, on note la présence aux côtés des gardes
françaises d’artilleurs eux aussi acclamés par les femmes, des ouvriers.
    Un sergent a lu une « adresse au public » dans
laquelle il l’assurait « qu’il n’avait rien à craindre des troupes
nationales, que jamais la baïonnette et le fusil ne serviraient à répandre le
sang des Français, de leurs frères et de leurs amis ».
     
    Louis après avoir lu ces dépêches a l’impression que son
corps est une masse lourde qui l’écrase.
    Comme pour l’accabler, on lui a rapporté ces conclusions d’un
libraire parisien qui, le 8 juillet, a écrit à son frère :
    « On avait cru jusqu’ici que la révolution se ferait
sans effusion de sang, mais aujourd’hui on s’attend à quelques coups de
violence de la part de la Cour : ces préparatifs, tout cet appareil
militaire l’indiquent. On y ripostera sans doute avec autant et encore plus de
violence. »
    Mais comment éviter cet affrontement, alors que Louis veut
préserver l’ordre monarchique qu’on lui a transmis et dont il est le garant ?
    Or cet ordre est dans tout le royaume remis en cause.
    Les émeutes, les pillages continuent de se produire dans
toutes les provinces, en ce début du mois de juillet d’une chaleur qui augmente
jour après jour, et avec elle la nervosité, l’inquiétude, la colère contre le
prix élevé du pain, sa rareté, contre les menaces que la « cabale »
des aristocranes ferait peser sur le tiers état.
     
    On a faim. On a peur.
    On craint l’arrivée de nouveaux régiments étrangers. Ils
prendraient position sur les collines dominant Paris, prêts à bombarder les
quartiers de la capitale, le Palais-Royal, les faubourgs.
    On assure que le roi est entre les mains de la « cabale »,
dont le comte d’Artois et la reine sont les animateurs, avec certains ministres,
et Foulon qui aurait déclaré, évoquant les plaintes des Parisiens et des
paysans : « Ils ne valent pas mieux que mes chevaux et s’ils n’ont
pas de pain, qu’ils mangent du foin. »
    Louis n’ignore pas ces rumeurs et ces peurs qui troublent le
pays, et le dressent contre la monarchie. Mais le roi ne peut croire que ce
peuple qui lui a si souvent manifesté son affection, et le 27 juin encore, soit
profondément atteint par cette « fermentation », cette « gangrène »
des esprits.
    Il faut que le roi lui montre sa détermination. Et Louis
approuve les propositions de ses frères et de la reine.
    Il doit d’abord ressaisir le glaive, concentrer les troupes
étrangères autour de la capitale, afin qu’elles puissent intervenir si
nécessaire.
    Et briser cette Assemblée nationale qui, le 9 juillet, s’est
proclamée Assemblée constituante, et qui la veille a voté une proposition de
Mirabeau, demandant au roi d’éloigner les troupes étrangères de la capitale et
de Versailles.
    Il faut dissimuler ses intentions, répondre que ces
régiments suisses et allemands sont là pour protéger l’Assemblée, qu’on
pourrait d’ailleurs transférer à Noyon ou à Soissons, où elle serait à l’abri
des bandes qui troublent l’ordre à Paris et à Versailles.
     
    Louis ment, mais, pense-t-il, il en

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