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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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France d’autorité
supérieure à la loi ; le roi ne règne que par elle et ce n’est qu’en vertu
des lois qu’il peut exiger l’obéissance. »
    Mais à Troyes, le 9 septembre, le maire a été mis à mort par
le peuple, qui l’accusait d’être un accapareur de grain. Mais le 12 à Orléans, dix
mille chômeurs se rassemblent, dévastent l’hôtel de ville, et l’émeute dure
quatre jours, faisant quatre-vingts morts.
     
    Mais Robespierre écrit : « Le veto royal est un
monstre inconcevable en morale et en politique. »
    Mais le libraire Ruault, membre de la garde nationale, note :
    « Aujourd’hui on fait grand bruit du veto… Les ouvriers,
les porte-faix, disent, au coin des rues, que le roi ne doit point avoir de
veto. Il faut être témoin de tout ce qui se fait, et de tout ce qui se dit ici,
parmi le petit peuple, pour savoir combien il est facile de le mettre en mouvement
avec des paroles qu’il n’entend point ou qu’il entend à sa manière et de le
porter aux plus cruelles et aux plus criminelles actions. Si ce veto était
refusé au roi, il ne serait plus que le cheval de Caligula ou la botte de
Charles XII. Nous serions livrés au despotisme de 8 à 900 démocrates, mille
fois plus dangereux qu’un seul despote avec ses 3 ou 4 ministres… »
     
    « Plus de classes qui nous divisent, nous sommes tous
frères », a cependant proclamé dans son sermon à Notre-Dame l’abbé Fauchet,
en bénissant les drapeaux de la garde nationale parisienne.
     
    C’était le 27 septembre.
    Mais Louis, dès le 5 août au matin, quelques heures après
que l’Assemblée nationale l’a proclamé « restaurateur de la liberté
française » et que le clergé et la noblesse ont renoncé à leurs privilèges,
écrit à l’archevêque d’Arles :
    « Je ne consentirai jamais à dépouiller mon clergé, ma
noblesse… Je ne donnerai pas la sanction à des décrets qui les dépouilleraient ;
c’est alors que le peuple français pourrait m’accuser d’injustice et de
faiblesse. Monsieur l’Archevêque, vous vous soumettrez aux décrets de la
Providence ; je crois m’y soumettre en ne me livrant point à cet
enthousiasme qui s’est emparé de tous les ordres mais qui ne fait que glisser
sur mon âme. »

     
     
    19
    Louis, en ces derniers jours de septembre 1789, chasse. Et
ses longues chevauchées dans les forêts aux chaudes couleurs d’automne le
rassurent.
    Il se sent vigoureux. Il éperonne, il tire sur les rênes, il
cabre sa monture. Il force des sangliers et des cerfs. Il les abat d’une main
qui ne tremble pas.
    Et dans le crépuscule, d’un pas lent, il passe entre les
pièces alignées côte à côte sur l’herbe humide.
    Elles sont plusieurs dizaines. Il s’arrête devant les plus
puissantes qu’il a parfois lui-même affrontées le coutelas à la main. Comme il
l’a toujours fait.
    Il lui semble un instant même que rien n’a changé, que rien
ne changera, que rien ne doit changer.
    Il l’a écrit à l’archevêque d’Arles, il y a deux mois :
les événements ont glissé sur son âme.
    Il est toujours le roi, décidé à enfoncer sa tête dans les
épaules quand la tempête souffle, mais à ne rien céder ; sinon en
apparence.
    D’ailleurs, la Providence est la grande ordonnatrice, et il
ne sert à rien de vouloir échapper à sa loi.
    Il rentre au château.
    Le régiment de Flandre, fidèle, est arrivé le 23 septembre à
Versailles. Cela aussi desserre cette angoisse qui par moments l’étouffait.
    Peut-être, comme il l’espère depuis de nombreuses semaines, les
choses rentrent-elles dans l’ordre ?
    Necker a réussi à faire accepter une contribution
extraordinaire, patriotique, qui représenterait le quart du revenu et du
capital de chaque citoyen, et c’est un discours de Mirabeau qui, le 26
septembre, a convaincu l’Assemblée de voter ce nouvel impôt.
     
    Louis a dû reconnaître le talent de ce tribun, dont il se
méfie, et Marie-Antoinette encore plus que lui.
    Mais le peuple aime Mirabeau, l’appelle « notre bonne
petite mère », et les députés ont tremblé quand Mirabeau a évoqué « la
hideuse banqueroute, elle menace de consumer, vous, vos propriétés, votre
honneur… Gardez-vous de demander du temps, le malheur n’en accorde jamais… ».
    L’Assemblée s’est levée et a voté le décret créant l’impôt à
l’unanimité.
    Peut-être pourra-t-on échapper à ce gouffre des finances
royales, cause de tous les maux

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