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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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depuis deux siècles, a dit Mirabeau.
     
    Mais peut-il se fier à cet homme qui serait au service et à
la solde du duc d’Orléans, ou de Monsieur, le comte de Provence ?
    Et c’est lui pourtant qui ne cesse de proposer des plans à
Louis pour sauver la monarchie. Son intermédiaire est le comte de La Marck, un
grand seigneur et grand propriétaire terrien en Flandre française et
autrichienne, partisan de la révolution qui secoue Bruxelles, et député de la
noblesse aux États généraux.
    Louis le reçoit. Mirabeau se fait pressant, n’hésitant pas à
dire, en cette fin septembre : « Oui, tout est perdu, le roi et la
reine périront et, vous le verrez, la populace battra leurs cadavres. »
     
    Louis redevient sombre. La joie de la chasse se dissipe.
    Il y a tant de conjurations qui se trament contre lui. Celle
du duc d’Orléans, celle du comte de Provence, et celle de La Fayette, promu
général de la garde nationale, Gilles César , ainsi que l’appelle Mirabeau.
    Mirabeau qui aspire sans doute à remplacer Necker. Et La
Fayette voudrait devenir lieutenant général du royaume, le trône ayant été
dévolu au dauphin, un enfant de quatre ans. Et Louis se demande même si le
comte de Provence, son propre frère, n’a pas les mêmes ambitions !
    Et c’est pourquoi Louis hésite chaque fois qu’on lui propose
de quitter Versailles – de s’enfuir , pour dire le mot juste –, de gagner
Metz ou Rouen. Et l’on profiterait alors de son départ, de ce qu’il ressent
comme un abandon de ses devoirs, de son peuple, pour prononcer sa déchéance au
bénéfice du dauphin et d’un lieutenant général.
    Mais Louis chaque fois est tenté de céder, de répondre, en
partant, au vœu de la reine. Elle voudrait le convaincre de fuir, mais elle
restera auprès de lui, s’il demeure en France.
    Et cependant, depuis le 25 septembre, elle voit, elle écoute
Axel Fersen, qui s’est installé à Versailles, et voudrait que Marie-Antoinette
échappe à ces poissardes, à ces « enragés du Palais-Royal » qui la
haïssent.
    Mais Louis a confiance. Marie-Antoinette fera face, comme
lui. Et ce jeudi 1 er octobre 1789, Louis est satisfait. Il a tué
deux cerfs, dans les bois de Meudon. Et ce soir, les officiers des gardes du
corps ont invité à dîner les officiers du régiment de Flandre, et le banquet de
deux cent dix convives se tiendra dans la salle de l’Opéra du château.
     
    Lorsque le roi, la reine et le dauphin paraissent dans leur
loge, on les acclame.
    La reine porte le dauphin dans ses bras et, accompagnée du
roi, elle fait le tour de la longue table en fer à cheval.
    On scande : « Vive le roi ! », « Vive
la reine ! », « Vive le dauphin ! »
    On chante : « Ô Richard ! Ô mon roi l’univers
t’abandonne ! »
    Plus tard, des officiers escaladent la loge royale. Puis, quand
la famille royale s’est retirée, les officiers se rassemblent dans la cour de
Marbre, au pied des appartements royaux. Deux ou trois d’entre eux grimpent
jusqu’au balcon doré.
    « C’est ainsi, Sire, qu’on monte à l’assaut, nous nous
vouons à votre service seul », disent-ils.
    Un officier crie : « À bas les cocardes de couleur,
que chacun prenne la noire, c’est la bonne ! »
    Il s’agit de la cocarde autrichienne. La reine paraît
enchantée.
     
    Le samedi 3 octobre, les officiers de la garde nationale
refusent l’invitation que leur lancent les officiers du régiment de Flandre. Le
dimanche 4, les dames de la Cour distribuent des cocardes blanches : « Conservez-la
bien, c’est la seule bonne, la triomphante. »
    Et à ceux qui l’acceptent elles donnent leur main à baiser.
    Les gardes nationaux rejettent l’offre.
    La reine est heureuse, le regard plein de défi.
     
    Louis se tait.
    Comme Marie-Antoinette et les dames de la Cour, comme tous
ceux présents à ce banquet, il a été emporté par l’enthousiasme, l’ardeur des
officiers, leur ivresse, mais quand il a vu certains officiers, des gardes du
corps et du régiment de Flandre, arracher les cocardes tricolores et les fouler
aux pieds, crier « Foutre de l’Assemblée ! », il a été dégrisé.
    Il a eu la certitude que le destin inexorablement venait une
nouvelle fois de les entraîner tous vers leur perte. Et qu’il ne lui restait
plus qu’à être fidèle à ses engagements sacrés de souverain, choisi par Dieu.
    Dieu déciderait.
    Et Louis s’est tu.
    Il n’a pas été surpris, quand, dès le

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