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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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samedi 3 octobre, puis
le dimanche 4, on lui a rapporté qu’au Palais-Royal, dans les districts
parisiens des Corde-ers, du faubourg Saint-Antoine, la tempête s’était levée, pour
répondre aux défis du banquet.
    On siégeait en permanence. Un jeune avocat, Danton, aux
Cordeliers, faisait voter que tout citoyen sous peine d’être accusé de trahison
envers la patrie devait porter la cocarde tricolore.
    Il affirmait que « la patrie est dans la plus forte
crise », puisque Paris est affamé, que la Cour prépare la fuite du roi, que
le monarque refuse de sanctionner les arrêtés du 4 août, la Constitution et la
Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.
     
    Le journal de Loustalot, Les Révolutions de Paris, celui
de Desmoulins, Les Révolutions de France et de Brabant, et surtout L’Ami
du peuple de Marat, « qui a fait autant de bruit que les trompettes du
jugement dernier », appellent à la riposte.
    Il faut marcher sur Versailles, exiger du roi qu’il approuve
les décrets, la Constitution, la Déclaration des droits de l’homme et du
citoyen.
    Il faut désarmer le régiment de Flandre, les gardes du corps,
contraindre la famille royale à vivre sous la surveillance du peuple de Paris.
    « Tous les citoyens doivent s’assembler en armes »,
écrit Marat.
    « Ô Français ! Peuple libre et frivole, ne
pressentirez-vous donc jamais les malheurs qui vous menacent ? Vous
endormirez-vous donc toujours sur le bord de l’abîme ? »
    « Portons enfin la cognée à la racine ! »
lance encore Marat.
    « Il faut, précise Loustalot, un second accès de
révolution. »
    On dit que de l’argent est distribué, pour attiser la
révolte, organiser une manifestation de femmes, qui marcheraient sur Versailles
en réclamant du pain, et cela s’est fait déjà aux temps anciens en 1775, pendant
la guerre des Farines.
    On envoie des filles, pour « travailler » à
Versailles les soldats du régiment de Flandre.
    Et sans même avoir besoin d’y être invitées, les femmes se
rassemblent.
    Elles veulent du pain. Elles s’indignent de ces banquets
offerts par cette Autrichienne, de la cocarde noire, celle de cette drôlesse
couronnée, qui a été arborée.
     
    Et autour de ces portières, de ces couturières, de ces
poissardes, de ces femmes sans souliers et de ces autres bien mises, révoltées
aussi, s’agglomèrent des mendiantes, des vagabondes, des filles, et aussi, dit-on,
des hommes grimés en femmes, qui crient le plus fort : « Du pain et à
Versailles ! »
    Maillard, l’un des « vainqueurs de la Bastille », bat
le tambour. On se met en route et peu importe s’il pleut.
    Et on cherche à entraîner, après des heures de palabres, le
général La Fayette réticent.
    On dit qu’il faut amener à Paris « toute la sacrée
boutique ».
    Le tocsin sonne. On presse La Fayette, « plus mort que
vif », de choisir « Versailles ou la lanterne ».
    Il se met enfin en route avec quinze mille gardes nationaux,
suivis de quinze mille volontaires armés de fusils et surtout de piques.
    Il pleut sur la route, mais le lundi 5 octobre 1789, en fin
d’après-midi, ces femmes, ces volontaires, ces gardes nationaux approchent de
Versailles.
     
    Louis chasse du côté de Châtillon.
    Il pleut à verse mais il abat bête sur bête, quatre-vingts
pièces. Un cavalier surgit, crotté, fourbu, annonce que le peuple de Paris
marche sur Versailles.
    Il faut arrêter la chasse, rentrer au château, écrire dans
son Journal : « Lundi 5 octobre : interrompu par les événements. »
    C’est le destin qui roule, entraîne.
    Louis n’a pas voulu fuir. Il a refusé d’accepter les décrets.
    Il a lu le discours de ce jeune député Maximilien
Robespierre qui, à la tribune de l’Assemblée, a déclaré :
    « La réponse du roi est contraire aux droits de la nation.
Ce n’est pas au roi à censurer la Constitution que la nation veut se donner. Il
faut donc déchirer le voile religieux dont vous avez voulu couvrir les premiers
droits de la nation. »
    Et les femmes de Paris, trempées, jupons boueux, arrivent, pénètrent
en force dans l’Assemblée, crient : « À bas les calotins », invectivant
les prêtres, interrompant les orateurs.
    Elles veulent entendre Mirabeau, « notre bonne petite
mère ».
    Elles crient : « Assez de phrases ! Du pain ! »
    Elles hurlent :
    « Voyez comme nous sommes arrangées, nous sommes comme
des diables, mais la bougresse nous le

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