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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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dit :
    « Il faudra bien s’enfuir : on ne sait pas jusqu’où
iront les factieux ; le danger augmente de jour en jour. »

     
     
    21
    Louis ne répond pas à Marie-Antoinette quand, déterminée
mais la voix nouée par l’émotion, elle lui parle de la nécessité de fuir ce
palais des Tuileries, qui est en effet comme une prison, et dont les « enragés
du Palais-Royal » peuvent en entraînant le peuple forcer l’entrée.
    Et ce qui s’est passé à Versailles le 6 octobre montre que
cette populace ne respecte pas le caractère sacré de la famille royale.
     
    Louis ne l’ignore pas.
    Il a tremblé pour la reine et le dauphin. Il lit les
journaux, les pamphlets qui invitent à « purger » la nation, l’Assemblée,
les municipalités des « nobles et des prélats » et aussi des « plébéiens
ineptes et corrompus ». C’est Marat qui dans chaque numéro de son journal
recommande la vigilance, contre les « noirs complots qui vont former un
orage affreux ». « Déjà il gronde sur nos têtes », dit-il.
    Ce Marat est devenu populaire. La municipalité de Paris l’a
poursuivi, arrêté, mais il s’est réfugié en Angleterre, et il est revenu.
    Et il interpelle le roi :
    « Répondez-moi, Louis XVI ! Qu’avez-vous fait pour
que le ciel fît un miracle en votre faveur, vous fasse différent de ce que sont
les rois, des despotes ?… L’histoire n’est remplie que de leurs forfaits… Je
vous juge par votre conduite passée. Je vous juge par vous-même… Ne vous
flattez pas de donner le change aux patriotes clairvoyants. »
     
    Louis a ces propos en tête lorsqu’il reçoit le comte Axel
Fersen qui réussit à pénétrer discrètement dans le palais des Tuileries, et qui,
presque chaque nuit, se rend au château de Saint-Cloud quand la famille royale
est autorisée à y séjourner.
    Louis connaît les sentiments de Fersen à l’égard de la reine.
Mais peut-être à cause de cela, il croit au dévouement de ce noble suédois, qui
répète « qu’il n’y a qu’une guerre extérieure ou intérieure qui puisse
rétablir la France et l’autorité royale ».
     
    Louis ne s ’ y résout pas, et c’est aussi pourquoi il
ne veut pas fuir.
    Il veut attendre encore.
    Mille signes montrent que nombreux sont les députés qu’inquiètent
l’anarchie, les désordres, les jacqueries qui continuent d’ensanglanter
plusieurs régions : le Quercy, le Périgord, la Corrèze, la Bretagne.
    Les bourgeois de la capitale, comme le libraire Ruault, garde
national, patriote, constatent que « Paris se remplit de pauvres et de
mendiants qui accourent de toutes les villes et les campagnes. Cela inquiète
tous les habitants ». Les citoyens actifs ne veulent pas être menacés, entraînés
par les citoyens passifs. Et au club des Jacobins, ces derniers ne sont pas
admis.
    Et Marat condamne cette « assemblée d’imbéciles qui se
vantent d’être frères et qui excluent de leur sein les infortunés qui les ont
affranchis ».
    Louis pressent qu’il y a là un ferment de profonde division
des « patriotes ». On ne suit pas Marat ou Robespierre, qui pensent
que « l’égalité des droits comporte celle des jouissances ».
    Marat va jusqu’à écrire, interpellant les députés :
    « Votre fameuse Déclaration des droits se réduit,
en dernière analyse, à conférer aux riches tous les avantages, tous les
honneurs du nouveau régime. Ce serait donc en faveur des seuls heureux du
siècle que s’est opérée la glorieuse révolution… Mais qu’aurons-nous gagné à
détruire l’aristocratie des nobles si elle est remplacée par l’aristocratie des
riches ? »
    Cette « supplique de dix-huit millions d’infortunés »
effraie la majorité des patriotes.
     
    Louis s’en convainc, quand il reçoit de nouvelles avances de
Mirabeau qui veut arracher le pays à l’anarchie, et propose de réviser la
Constitution, de « rétablir le pouvoir exécutif dont la plénitude doit
être sans restriction et sans partage dans la main du roi ».
    Et en même temps, Mirabeau refuse l’idée d’une « contre-révolution »,
comme celle dont rêve le comte d’Artois.
    Depuis Turin, le frère du roi tente de soulever le sud de la
France, en ravivant les haines qui opposent protestants et catholiques.
    Tout s’y prête. Le refus par l’Assemblée – quatre cent
quatre-vingt-quinze voix contre quatre cents – déclarer le catholicisme
religion d’État.
    La décision de

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