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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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dépouiller l’Église de ses biens, de les « nationaliser »,
de les vendre.
    L’interdiction des vœux monastiques. La dissolution des
ordres religieux et, pour finir, le vote d’une Constitution civile du clergé (12 juillet 1790) qui fait élire les curés et les évêques par les citoyens
actifs.
    Et puisque les membres du clergé sont salariés par l’État, exiger
d’eux un serment à la nation, à la loi, au roi, et le respect de la
Constitution. Et la lecture à l’église des décrets et des lois !
    Déjà de nombreux curés et évêques annoncent qu’ils ne seront
pas des prêtres « jureurs », qu’ils choisiront d’être « réfractaires »,
puisque le pape n’a pas été consulté sur cette « Constitution civile ».
    Et les curés qui ont tant apporté au tiers état passent pour
une bonne part d’entre eux à la réserve, voire à la condamnation de la
révolution.
    Ils s’indignent que le pasteur Rabaut Saint-Étienne ait été
élu président de l’Assemblée au mois de mars, et qu’il déclare :
    « Le clergé n’est plus un ordre ! Il n’est plus un
corps, il n’est plus une république dans l’Empire… Les prêtres pourront marcher
à la cadence de l’État. Il ne reste plus qu’à les marier. »
     
    Un incendie vient d’être allumé, et les envoyés du comte d’Artois
l’attisent, dans ces provinces où les guerres de religion, la révocation de l’édit
de Nantes, les persécutions ont laissé des traînées sanglantes.
     
    À Toulouse, la procession qui rappelle et chante l’extermination
des albigeois donne naissance à une émeute entre « aristocrates » et « patriotes ».
    On se bat entre catholiques et protestants à Montauban. À
Nîmes, on comptera quatre cents morts. À Avignon, on revendique le rattachement
du comtat à la nation après avoir battu les « papistes ».
    Puis, les paysans des Cévennes, armés de piques, de fusils
et arborant la cocarde tricolore, descendent de leurs villages pour mater les « noirs »,
les aristocrates et les « calotins ».
     
    Louis sent qu’il y a pour la monarchie une partie à jouer. Le
chaos, l’anarchie, les jacqueries, la misère, le regain des haines religieuses,
la misère et ces ateliers de charité qu’il faut créer, les troubles qui se
produisent dans tous les corps de troupes et qui opposent officiers « aristocrates »
et gradés roturiers, alliés aux soldats patriotes, tout cela peut faire que le
peuple enfin retourne vers son roi.
    Mais il faut agir habilement, et d’abord dissimuler, convaincre
que l’on accepte et soutient ce qui a été accompli.
    Louis n’éprouve aucun trouble à l’idée de cacher sa pensée.
    Il est le roi. Son devoir sacré est de préserver son
autorité, afin de sauver sa dynastie, son royaume, d’y ramener l’ordre et la
paix.
    Et il veut le faire avec sagesse, en n’ayant recours à la force
que s’il n’y a pas d’autres voies.
    Il accepte la proposition de Necker, de se rendre à l’Assemblée,
d’y prononcer un discours que son ministre lui prépare.
    Les députés s’empressent autour de lui, le 4 février 1790.
    « Je défendrai, je maintiendrai la liberté
constitutionnelle dont le vœu général d’accord avec le mien a consacré les
principes », dit-il.
    On doit en finir avec les violences.
    « Éclairer sur ses véritables intérêts le peuple qu’on
égare, ce bon peuple qui m’est si cher et dont on m’assure que je suis aimé
quand on vient me consoler de mes peines. »
    On l’acclame. Il poursuit.
    « Ne professons tous à compter de ce jour, je vous en
donne l’exemple, qu’une seule opinion, qu’un seul intérêt, qu’une seule volonté,
l’attachement à la Constitution et le désir ardent de la paix, du bonheur et de
la prospérité de la nation. »
    Les députés prêtent serment à la loi, à la nation, au roi. Ils
scandent « Vive le roi ! », le raccompagnent au palais, où
Marie-Antoinette leur présente le dauphin.
    Seuls, les aristocrates sont stupéfaits et hostiles.
    Le roi, pensent-ils, a brisé son sceptre, en acceptant cette
Constitution.
     

Mais Louis a le sentiment d’avoir réussi à convaincre.
    « Vive Dieu, mon cher ami, écrit le libraire Ruault à
son frère, et Vive le bon roi Louis XVI, qui vient de se placer hier au rang
des princes justes. Sa visite à l’Assemblée nationale étouffe ou doit étouffer
tous les germes de la division, des opinions et des intérêts. Il

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