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Révolution française Tome 2

Révolution française Tome 2

Titel: Révolution française Tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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assis sur des bancs de bois. Danton
ne serait donc qu’un conspirateur, médiocre complice de Fabre d’Églantine !
     
    La pièce est bien montée, et Legendre, qui avait eu le
courage dans les heures qui avaient suivi l’arrestation de Danton de prendre sa
défense, est blâmé par les Jacobins. Il se rétracte, et sa voix tremble. Il
suffirait d’un regard de Robespierre pour qu’il se retrouve parmi les inculpés,
c’est-à-dire les condamnés.
    « Si j’ai commis une erreur, dit Legendre, je proteste
qu’elle est involontaire… Je m’en rapporte au Tribunal révolutionnaire. »
    Mais Legendre sait que les quatorze prévenus – auxquels on
ajoutera bientôt le général Westermann – ne peuvent rien espérer du Tribunal.
    L’accusateur Fouquier-Tinville, qui fut le protégé de Danton
et de Camille Desmoulins, n’ignore pas que les membres des Comités ont préparé
un ordre d’arrestation à son nom et à celui du président du Tribunal Herman, afin
de se prémunir contre toute faiblesse du Tribunal à l’égard des dantonistes.
    Et Fouquier-Tinville a lui-même choisi parmi les soixante
jurés les sept qui lui paraissent devoir être impitoyables envers les
Indulgents.
     
    Ils sont tous à leur place quand, le 13 germinal an II (2
avril 1794), les accusés répondent à l’interrogatoire d’identité.
    Camille Desmoulins est grandiloquent.
    « Trente-trois ans, âge de Jésus, critique pour les
patriotes. »
    « Georges Jacques Danton, âgé de trente-quatre ans, natif
d’Arcis-sur-Aube, bientôt dans le néant ensuite dans le Panthéon de l’histoire !
M’importe peu ! C’est à pareille époque que j’ai fait instituer le
Tribunal révolutionnaire : j’en demande pardon à Dieu et aux hommes. Mais
le peuple respectera ma tête, oui ma tête guillotinée. »
    Danton est gouailleur, méprisant, combatif, débordant d’énergie.
Il veut parler, hurler. Il espère que comme l’avait fait Marat, il saura
soulever, par son éloquence, ces citoyens assis dans la salle. Il se fait fort
de les arracher à leur passivité, à leur peur. Et il sera comme Marat acquitté
et porté en triomphe par les sans-culottes.
    Il veut le croire, faire semblant d’y croire, et cependant
le doute l’assaille, et il se voit, se sait perdu.
     
    Les plus éclairés des citoyens ne s’illusionnent pas.
    « L’anarchie la plus dévorante et la mort planent sur
toutes les têtes, écrit le libraire Ruault. Patriotes, royalistes, suspects, mécontents,
nobles, roturiers, valets, servantes, charbonniers, savetiers, banquiers, députés,
tous vont mourir à la même place du même genre de mort et par la même machine
qui trancha la tête du malheureux Louis XVI.
    « Et c’est parce que Danton et Desmoulins ont voulu
arrêter le mouvement de la guillotine qu’ils y passeront eux-mêmes…
    « Danton a fait ombrage à Robespierre qui est aujourd’hui
le roi de la Révolution, le pontife de l’éternel, l’apôtre de cette doctrine de
l’immortalité de l’âme qu’il a fait afficher sur le fronton de tous les temples…
    « L’anarchie dévore ses propres enfants, elle tue ses
frères, elle mange ses entrailles, elle est enfin le plus terrible et le plus
cruel de tous les monstres.
    « Ce monstre affreux est aujourd’hui parmi nous dans sa
plus grande vigueur. Nul de nous ne peut être sûr de l’éviter, car il frappe à
tort et à travers. »
     
    Mais Danton ne se soumet pas. Il interrompt l’accusateur
Fouquier-Tinville, le président Herman. Il contraint celui-ci à l’interroger
tout au long de la journée du 14 germinal.
    « Les lâches qui me calomnient oseront-ils m’attaquer en
face ? » clame-t-il.
    Il se moque.
    « C’est moi qui ai fait instituer le Tribunal, ainsi je
dois m’y connaître ! » dit-il au président Herman qui veut donner des
leçons de procédure.
    Et peu à peu, on sent que les citoyens, dans la salle, approuvent
les propos de Danton.
    « Moi vendu ? Un homme comme moi est impayable ! »
    « Danton aristocrate ? Sur mon front est imprimé
en caractères ineffaçables le sceau de la liberté, le génie républicain. Toi, Saint-Just,
tu répondras à la postérité de la diffamation lancée contre le meilleur ami du
peuple, contre son plus ardent défenseur… Mon nom est accolé à toutes les
institutions révolutionnaires, levée en masse, armée révolutionnaire, comités
révolutionnaires, Comité de salut public, Tribunal

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