Richelieu ou la quête d'Europe
d’elle. En contrepartie, Louis XIII décide de desserrer l’étau qui étouffe la résidence de Blois . Il rappelle M. de Roissy et éloigne les compagnies de cavalerie qui encerclent le château. Puis il autorise les visites à Marie de Médicis. Dès le mois d’octobre, les intrigues retrouvent toute leur vigueur.
L’évêque de Luçon , quant à lui, subit les coups du sort : en cet automne 1618, la marquise de Richelieu décède en donnant le jour à un fils. Henri de Richelieu et M. de Pont-Courlay obtiennent l’autorisation de revenir en France , non leur parent. Le nouveau-né ne survit pas à sa mère et décède à son tour en décembre. Louis XIII persiste dans son refus que l’évêque de Luçon rejoigne sa famille. Le coup est si rude que, souffrant, le prélat rédige un testament à l’âge de trente-quatre ans !
Au même moment, le père Arnoux est de retour auprès de Marie de Médicis, afin de lui faire signer une lettre par laquelle elle reconnaîtrait ses erreurs passées et s’engagerait à ne revenir au Louvre qu’avec l’accord du roi. Marie de Médicis a déjà arrêté son plan : profiter du relâchement de la surveillance exercée contre elle, des meilleures dispositions d’esprit de son fils, et s’échapper. Le 3 novembre, elle signe la missive qui lui est présentée. Elle obtient en échange un écrit de son fils affirmant qu’elle n’est pas prisonnière et qu’elle peut quitter le château de Blois . Elle a l’habileté de ne pas céder à la précipitation et d’y demeurer jusqu’au début de l’année suivante.
La fuite de Marie de Médicis
La résidence surveillée à Blois n’a pas que des inconvénients pour Marie de Médicis. Les protestations qu’elle répète contre le sort qui lui est réservé lui permettent de préparer l’opinion au bien-fondé d’une évasion. L’âme du complot est un abbé, Italien de naissance, de l’entourage de la reine mère, Ruccelaï, qui mène des tractations avec le duc d’Épernon. Ce dernier a provoqué un esclandre à Saint-Germain-l’Auxerrois pour une question de préséance, en chassant de l’église le garde des sceaux, Guillaume du Vair. Conscient de la maladresse de son geste, le duc d’Épernon a rapidement regagné les Trois-Évêchés , où Ruccelaï vient le solliciter de la part de Marie de Médicis. En décembre 1618 et janvier 1619, les émissaires secrets ne cessent d’aller et venir entre Blois et la Lorraine . Puis Épernon demande à Louis XIII l’autorisation de se rendre dans son autre gouvernement, celui d’ Angoulême . Le roi refuse, le duc passe outre. Au lieu de rejoindre la destination annoncée, il prend le chemin de Blois. Le souverain choisit le même moment pour annoncer son intention de rendre visite à sa mère. L’arrivée du duc d’Épernon à Loches étant prévue le 22 février 1619, Marie de Médicis décide de s’évader dans la nuit du 22 au 23.
Duplessis, secrétaire du gouverneur rebelle, organise minutieusement la fuite du château de Blois : la reine mère, malgré son embonpoint, enjambe le rebord d’une fenêtre, descend une échelle de corde puis profite de travaux de rénovation pour se laisser glisser jusqu’à terre sur un tas d’éboulis ! Un carrosse l’attend, et lui permet de rejoindre sans encombre son complice. Tous deux s’installent à Angoulême . À la cour, l’émotion est à son comble. Le gouvernement fait même dire que la reine mère a été enlevée. Louis XIII décide d’aller en personne punir le gouverneur de Metz . Face au cumul des charges détenues par le duc d’Épernon et face à sa puissance, le souverain en est réduit à recruter une troupe de mercenaires. Plus d’un million d’écus sont nécessaires : la paulette est rétablie.
Richelieu : le réconciliateur
Hasard de calendrier ou de circonstances ? Richelieu résilie le bail de sa résidence à Avignon dès la fin du mois de janvier 1619. Certains ont émis l’hypothèse que le prélat ait été prévenu de bonne heure du projet de fuite de la reine mère. Richelieu se sait peut-être l’homme providentiel : il charge en tout cas Bouthillier de La Cochère et le père Joseph d’en convaincre la cour, tandis que Déageant, accepte de se faire son avocat auprès de Louis XIII. Le roi et son favori se laissent convaincre. Le 7 mars, un cavalier arrive dans la cité des papes. Il s’agit de M. du Tremblay, frère du père Joseph. Il est porteur
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