Richelieu ou la quête d'Europe
ensemble, la force du prélat.
Luynes, pragmatique en la matière, se méfie toujours de lui. Le gouvernement, sous la houlette de Villeroy et du président Jeannin, remporte un certain succès. Le maréchal de Lesdiguières s’est retiré d’Italie à la mort de Concini, par crainte des troubles. Le duc de Savoie se retrouve donc seul face aux Espagnols. Le 25 juillet, les soldats du roi catholique s’emparent de Verceil . Charles-Emmanuel i er implore à nouveau l’aide de Louis XIII. Alors que le siège bat son plein, l’ambassadeur de Madrid à Paris , le comte de Monteleone, affirme au roi de France que son maître n’a aucun dessein conquérant et que son seul objectif est de faciliter les négociations entre le duché de Savoie et celui de Mantoue ! Mais, à l’issue de la reddition de Verceil , le gouverneur de Milan entame l’investissement d’ Asti .
Louis XIII décide de renvoyer Lesdiguières en Italie , avec le renfort du duc de Rohan et du comte de Schomberg. Dès le 1 er septembre, les Espagnols sont battus. Dans les jours qui suivent, de nouveaux succès français entraînent la retraite des troupes de Philippe III. Le 9 octobre, la diplomatie française peut imposer aux protagonistes la signature du traité de Pavie . Les territoires indûment occupés sont restitués à leur légitime détenteur. C’est encore à cette époque que l’archiduc Ferdinand de Styrie, désigné par l’empereur Mathias comme son successeur, trouve un accord satisfaisant avec la république de Venise .
Au plan intérieur également, Louis XIII ne peut que se féliciter de l’action de son gouvernement : les Grands ont regagné la cour et les alliés de Marie de Médicis restent sur leurs terres. Le duc d’Épernon, gouverneur de Metz , mais aussi de la Saintonge et de l’ Angoumois , colonel général de l’infanterie française, est cantonné dans les Trois-Évêchés ; et Condé reste enfermé à la Bastille. Profitant du contexte, Luynes convoque une assemblée des notables à Rouen à la fin de l’année. La réunion se déroule du 4 au 26 décembre. Villeroy vient de mourir. Le but du favori est de faire reconnaître ses succès personnels, et les notables lui décernent effectivement une motion de félicitation ! Dans les premiers jours de 1618, Luynes peut prendre la tête du Conseil. Un décret du gouvernement remanié abolit la paulette. Malgré l’autorité acquise par Louis XIII, la dictature de Luynes semble bien succéder à celle de Concini.
La toute-puissance de Luynes et l’ordre d’exil
Le favori du roi ne cache ni ses ambitions ni son avidité. Il s’est fait attribuer deux millions de livres de créances détenues par le maréchal d’ Ancre , le gouvernement de Normandie , ainsi que les places de Quillebeuf et de Pont-de-l’Arche . Cependant, la majeure partie de la fortune des Concini appartient toujours à Léonora Galigaï, mariée sous le régime de la séparation de biens. Insatiable, Luynes met tout en oeuvre pour s’en emparer et organise le procès de la maréchale.
L’instruction débute le 9 mai 1617. La procédure ne concerne pas que l’ancienne dame d’atour de Marie de Médicis. La reine mère elle-même est mise en cause pour d’obscures opérations financières. Richelieu, Mangot et Barbin sont à leur tour cités. Les papiers de Concini, passés au crible, recèlent des missives compromettantes pour l’évêque de Luçon . En raison des pressions exercées sur la cour de justice, le chef de sorcellerie est requis contre la Galigaï. La veuve de Concini est déclarée coupable et criminelle de « lèse-majesté divine et humaine ». Le 12 août, la fortune du couple, évaluée à quinze millions de livres, est confisquée par le roi et attribuée à Luynes. Un mois plus tard, ce dernier peut épouser l’héritière de l’un des noms les plus prestigieux de France , Marie de Rohan, fille du duc de Montbazon.
Le déroulement du procès de Léonora Galigaï ne fait que renforcer les craintes de Marie de Médicis et de son entourage. C’est le moment que choisit Louis XIII pour dépêcher à Blois M. de Roissy promu autoritairement chef du Conseil de la reine, en lieu et place de Richelieu. Marie de Médicis n’est pas plus consultée pour les fiançailles de Christine de France , soeur du roi, avec le prince de Piémont , héritier de Savoie . De même, M. de Brèves, le gouverneur de Gaston, duc d’Anjou , est remplacé sans
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