Richelieu ou la quête d'Europe
deux sont animés par la même préoccupation : assurer la pérennité d’une action gouvernementale efficace. Le 13 août, La Vieuville est convoqué à Saint-Germain-en-Laye . À peine arrivé, il est arrêté par le comte de Tresmes, capitaine des gardes du corps du roi et incarcéré à Amboise .
Les premiers pas à la tête du gouvernement
À son arrivée aux plus hautes responsabilités gouvernementales, Richelieu met en oeuvre un programme politique complet, conforme aux idées et à la méthode dont il s’est depuis longtemps doté.
À l’extérieur, la priorité est réservée à la Valteline et à la reconstitution d’un réseau d’alliances sur lequel puisse compter la France . Les pourparlers avec l’ Angleterre sont activés. Pour Louis XIII et son ministre, les avantages d’une telle union seraient indéniables : France et Angleterre pourraient s’allier contre l’Espagne, et les huguenots de La Rochelle perdraient leur principal soutien maritime extérieur.
Deux difficultés principales surgissent lors des négociations préalables au mariage : celle de la liberté de conscience pour les catholiques anglais que réclame Richelieu ; celle de la dispense qui doit être obtenue du pape, ce dernier subordonnant son accord à des garanties pour les catholiques équivalant à celles qui avaient été obtenues par l’Espagne. Richelieu dépêche à Rome le père de Bérulle, secondé par l’ambassadeur du roi, Philippe de Béthune, pour assurer Urbain VIII que la France est en mesure d’offrir autant que l’Espagne pour la défense de la religion catholique en Angleterre. Le chef du parti dévot est également chargé d’affaires plus générales : Richelieu conserve le souci de la réforme de l’Église de France. Il fait dire au souverain pontife que son indulgence pour certaines questions nuit à son prestige : sa tolérance à l’égard du cumul des bénéfices détenus par le prince de Condé, l’octroi d’indults à de simples évêques ou abbés, traités comme des cardinaux, pour le plus grand scandale des parlements et des cours souveraines du royaume ! Enfin, Bérulle est chargé des intérêts personnels de Richelieu, en tant qu’homme d’Église exerçant les fonctions d’homme d’État [5] . Il doit obtenir la permission, pour le cardinal-ministre, « d’opiner aux affaires de guerre et de justice, où étant question d’effusion de sang, il pourrait s’ensuivre quelque irrégularité » [6] . Richelieu est prudent et soucieux de son salut comme du respect de la hiérarchie ecclésiastique. Urbain VIII, au mois de décembre 1624, lui concède les autorisations nécessaires à l’exercice du gouvernement. Richelieu, en conscience, a besoin de toute latitude. À l’intérieur du royaume, de nombreuses réformes restent à entreprendre. Il faut d’abord régler la question des Grands. Il s’agit, sans trop réduire leurs prétentions, de ne plus les laisser agir à leur guise, au gré de leurs caprices, et d’affranchir le gouvernement de leur influence ou de leurs pressions [7] .
La tâche la plus urgente définie par Richelieu est donc celle de la Valteline . La fermeté est désormais le maître mot de l’action gouvernementale et diplomatique. Annibal d’Estrées, marquis de Coeuvres, est dépêché en Suisse pour obtenir l’approbation de la Confédération helvétique concernant les termes du traité de Madrid signé en 1621. Il est également chargé de recruter quatre mille Suisses aux frais du roi et de financer le soulèvement des Grisons contre les armées étrangères qui occupent leurs territoires. En France même, une petite armée se tient prête à intervenir.
Le 25 novembre 1624, la France et les Ligues grises renouvellent leur traité d’alliance. Le lendemain, celles-ci entrent en rébellion contre les Autrichiens. Le marquis de Coeuvres peut procéder à l’occupation des forts remis à la garde des troupes pontificales sans qu’aucune résistance vienne contrarier la manoeuvre. Le Saint-Siège ne tente d’obtenir le retrait des Français que par la négociation. Le 13 janvier 1625, le nonce apostolique, représentant du pape en France, Bernardino Spada, proteste officiellement contre l’intervention française en Valteline et réclame réparation [8] . Richelieu oppose une fin de non-recevoir ; les garnisons du souverain pontife sont expulsées.
Les contingents franco-suisses arrivent rapidement au sud de la vallée, en
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