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Richelieu ou la quête d'Europe

Richelieu ou la quête d'Europe

Titel: Richelieu ou la quête d'Europe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Catherine Vignal Souleyreau
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Lorraine . Il peut imposer sa protection aux villes de Metz , Toul et Verdun [16] . La France dispose désormais de bases avancées vers l’ Allemagne , et d’une présence militaire continuelle au coeur même des duchés lorrains.
    Le duc Charles III impose rapidement Nancy pour base logistique du parti catholique français, dirigé par la famille de Guise, branche cadette de la maison de Lorraine , joue un rôle déterminant dans la constitution de la Sainte Ligue [17] . La victoire de 1525 contre les Rustauds permet l’émergence d’un courant de pensée selon lequel le duc de Lorraine, soldat de Dieu, est investi d’une mission providentielle, celle de rétablir l’orthodoxie catholique dans toute la chrétienté. Les ducs de Lorraine, descendants supposés de Godefroy de Bouillon, auraient vocation à la croisade, aussi bien contre l’infidèle musulman que contre l’infidèle réformé. C’est également par le biais de l’hérédité que se forge le mythe de l’ascendance carolingienne de Charles III. Établi par des généalogistes complaisants, il permet au duc de Lorraine d’étayer ses prétentions à la couronne de France après l’assassinat d’Henri III et de s’opposer directement à la candidature d’Henri de Navarre [18] . La victoire du Bourbon met cependant fin aux ambitions de Charles III, aussi bien pour lui-même que pour son fils.
    La fondation de l’université de Pont-à-Mousson , sous l’influence du cardinal de Lorraine et des jésuites, permet à la même époque la formation juridique des spécialistes dont la Lorraine a besoin, mais également les progrès de la Contre-Réforme en Lorraine [19] . Le renouveau catholique connaît dans les duchés un essor extraordinaire, encouragé par les ducs. Pourtant, Charles III ne peut obtenir la création d’un siège épiscopal à Nancy , le territoire lorrain dépendant en matière spirituelle des évêchés de Metz , de Verdun , et surtout de celui de Toul .
    Au tout début du xvii e  siècle, l’ensemble constitué par les duchés de Lorraine et de Bar atteint son apogée. L’accord trouvé par Charles III et Henri IV, et peut-être plus encore la Trêve de Douze ans aux Pays-Bas , permettent un essor économique et démographique sans précédent. Lorraine et Barrois restent des terres de seigneurs et de paysans, d’autant moins sensibles aux bouleversements religieux que la législation des ducs ne laisse aucune chance au protestantisme. En revanche, l’adhésion des princes et du clergé lorrains à la réforme tridentine confère aux duchés une importance considérable dans la reconquête catholique. Les papes décident d’ailleurs d’entreprendre la Contre-Réforme à partir de la Lorraine [20] .
    Le règne du duc Henri II le Bon (1604-1624) met fin à la période de prospérité. Il n’a que deux filles. En 1621, il rédige son testament et désigne l’aînée, Nicole, pour lui succéder. Le comte François de Vaudémont, frère cadet du duc Henri II, et son fils Charles ne l’entendent pas de cette oreille. Ils se réfèrent au testament du duc René II, rédigé au tout début du xvi e  siècle, qui aurait instauré la loi salique en Lorraine et la masculinité nécessaire de la couronne. Si le testament de René II faisait jurisprudence, eux seuls pourraient prétendre à la succession. Une médiation papale débouche finalement sur l’adoption d’un compromis provisoire [21] . La princesse Nicole est mariée à son cousin germain. À la mort d’Henri le Bon, en 1624, Charles, devenu Charles IV, prend donc la tête des États lorrains au nom de son épouse. L’autorité souveraine en Lorraine est exercée conjointement par Nicole et par Charles [22] . Les arrêts sont prononcés en leurs deux noms, la monnaie est frappée à leur effigie. Ils ont le droit de condamner, de faire grâce, de déclarer la guerre et de traiter la paix, de lever l’impôt.
    Le mariage ne doit rien aux inclinations personnelles réciproques. La mésentente des jeunes époux est entretenue dès l’origine à la fois par François de Vaudémont, qui a d’autres ambitions que la souveraineté par délégation, et par la duchesse douairière, Marguerite de Gonzague, veuve d’Henri le Bon, et nièce de Marie de Médicis. Pour protéger les intérêts de ses filles, et les siens propres, Marguerite de Gonzague se fait la championne de la succession en ligne féminine telle qu’elle s’applique dans les duchés depuis

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