Richelieu ou la quête d'Europe
particulariste explique en grande partie l’âpreté des événements qui se déroulent dans les mois qui suivent.
En février 1627, les préparatifs dans les ports anglais de la Manche s’accélèrent. Richelieu ne peut accepter une telle menace, il prend une première série de mesures conservatoires en faisant consolider la défense du littoral atlantique. Sur le plan diplomatique, il renforce les liens unissant la France et les Provinces-Unies . Le cardinal se garantit aussi d’une concurrence commerciale ou militaire qui pourrait s’avérer préjudiciable. Puis, en avril, paradoxalement, c’est avec l’ Espagne qu’un traité est signé. Une alliance offensive et défensive réunit le roi très chrétien et le roi catholique contre l’ Angleterre . Le parti pro-espagnol français, celui des dévots, obtient gain de cause. Les craintes des protestants se renforcent.
Une flotte anglaise quitte alors Portsmouth avec 90 vaisseaux, et Buckingham à sa tête. Le 27 juillet, elle apparaît au large de l’ île de Ré . Buckingham et Soubise débarquent, malgré la vive résistance opposée par le maréchal de Toiras, gouverneur de l’Aunis, qui se replie dans le fort Saint-Martin.
Les Anglais et la municipalité de La Rochelle entrent en pourparlers. Huit cents volontaires français s’engagent aux côtés de Buckingham. Mais la cité, avant tout soucieuse d’autonomie, refuse la venue du duc de Soubise.
Au moment de l’arrivée des Anglais sur les côtes françaises, Louis XIII est malade. Une forte fièvre le contraint à garder le lit à Villeroy-en-Brie , alors qu’il s’apprêtait à rejoindre ses troupes et le duc d’ Angoulême en Bas- Poitou pour obtenir la soumission des protestants. Comme le souverain, le gouvernement est à bout de ressources. Pour faire face à la crise, Richelieu emprunte un million et demi de livres sur son crédit personnel et obtient une aide de quatre millions de livres du monde financier.
La priorité du cardinal à la cuirasse, qui est aussi gouverneur de Brouage , est de secourir Toiras. La reconquête de l’île de Ré, nécessaire préalable à la soumission de La Rochelle, est une affaire d’Église autant qu’une affaire d’État [43] . Bérulle mobilise les prières des Carmélites. Une armée d’environ dix mille hommes est rassemblée sur le littoral. Le mois d’août 1627 est consacré aux marchandages entre les agents de Richelieu et la municipalité de La Rochelle . Les pourparlers se soldent par un échec. Les rebelles exigent la destruction de Fort-Louis, ce qui ne peut être accepté. Début septembre, les troupes du roi sont envoyées sur place, aussitôt prises pour cibles par les Rochelais.
À peine rétabli, Louis XIII se rend sur le terrain d’affrontement et installe son quartier général à Aytré. Une expédition pour débloquer Toiras sur l’ île de Ré est prévue dans la nuit du 7 au 8 octobre. Les troupes du roi se rassemblent autour de La Rochelle lorsqu’un second foyer de rébellion se déclare en Languedoc , sous la bannière du duc de Rohan. Sans conviction, Richelieu demande le soutien de la flotte espagnole de Dunkerque , tandis que le prince de Condé est envoyé contre les protestants languedociens. Le père Joseph arrive à La Rochelle et organise un véritable ballet d’espions. La coordination de toutes ces actions permet de faire passer à Toiras les deux tiers des secours qui lui étaient destinés. Les Anglais se découragent : ils manquent de vivres et le mauvais temps leur apporte son lot de fièvres. Octobre est le mois des vendanges. Les Britanniques se ruent sur le raisin et voient leurs rangs ravagés par la dysenterie. Le 20 octobre, une offensive de Buckingham échoue encore contre les défenses de Toiras. Les Français parviennent pour la seconde fois à percer les lignes ennemies. Le maréchal de Schomberg peut se précipiter sur l’île. Buckingham est pris en étau. Il tente un dernier assaut contre les forts français, en vain. Le 7 novembre, la flotte anglaise se retire. Les efforts de Louis XIII peuvent se concentrer sur La Rochelle .
Richelieu craint un mouvement séparatiste de la cité en faveur du roi d’ Angleterre , qu’elle pourrait reconnaître pour souverain. Le commandement effectif des troupes est assuré par le cardinal. Le duc d’ Angoulême collabore avec lui et les maréchaux de Schomberg et de Bassompierre sont placés sous leurs ordres. La construction d’une digue
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