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Richelieu ou la quête d'Europe

Richelieu ou la quête d'Europe

Titel: Richelieu ou la quête d'Europe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Catherine Vignal Souleyreau
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favorables : aux Pays-Bas espagnols, le gouvernement était à la merci d’une révolte bien conduite. Philippe IV et Olivarès avaient de surcroît dégarni l’ Italie du nord pour faire face aux Suédois en Allemagne . Le moment était donc idéal pour profiter des difficultés logistiques, en réalité très relatives, de l’Espagne. Mais, au cours de l’hiver 1634-1635, la situation évolue nettement, et en faveur des Habsbourg. L’armée de Bernard de Saxe-Weimar doit battre en retraite face aux Impériaux, dirigés par un excellent général, Jean de Werth. Les opérations militaires se déroulent désormais sur la rive gauche du Rhin. Au moment de la défaite suédoise, la France occupait l’évêché de Bâle , le comté de Montbéliard , les villes d’ Haguenau , Bouxwiller , Bischwiller et Saverne en Alsace , Trèves et Sierck sur la Moselle, Coblence et Ehrenbreitstein sur le Rhin. Au printemps 1635, les places de Philippsbourg , Trèves, Sierck, Coblence et Ehrenbreitstein lui sont déjà soustraites !
    C’est pourquoi Richelieu temporise jusqu’à la dernière extrémité. La situation militaire de la France est beaucoup plus précaire qu’il ne le souhaiterait, notamment en Lorraine , en Franche-Comté et en Alsace . D’où le délai entre l’enlèvement de Philippe-Christophe von Soetern et la déclaration de guerre à l’ Espagne , notifiée au mois de mai. De plus, le cardinal et le roi de France ne peuvent s’engager que dans une guerre juste, à la fois pour l’opinion française et pour l’opinion internationale. Le secours porté aux Suédois et aux princes d’ Allemagne n’est qu’un argument politique. L’attaque soudaine de Trèves par l’Espagne et son refus de libérer l’archevêque, malgré les demandes répétées de libération formulées par Louis XIII et son gouvernement, fournissent la justification morale à l’entrée en guerre. Paradoxalement, la guerre contre Philippe IV est aussi déclarée au chef de file d’une certaine reconquête catholique de l’ Europe . Richelieu peut s’abriter derrière le précédent que constitue l’assassinat d’Henri IV, consécutif à des alliances analogues contractées par le roi très chrétien. L’enlèvement de l’archevêque de Trèves rend l’argument recevable et oblige le cardinal-ministre à se conformer au délicat jeu d’équilibre auquel il se soumet depuis 1624.
    Il faut du temps pour que ces éléments arrivent à maturation et que leur formulation réponde aux voeux de Richelieu. Louis XIII et son ministre hésitent d’autant plus à s’engager qu’ils savent l’infanterie espagnole redoutable. L’armée française semble bien faible face aux terribles tercios , et souffre de surcroît de la médiocrité de son commandement. L’indiscipline est un mal chronique chez les officiers français et le maréchal de La Force, qui supervise les contingents envoyés vers l’est, est un homme âgé et fatigué. Richelieu a depuis longtemps décidé de partager le commandement de chaque corps d’armée entre plusieurs généraux, afin de limiter le risque de rébellion. Mais les querelles et les jalousies minent les troupes. La seule supériorité de la France réside dans la forme compacte du royaume face à la dispersion des possessions espagnoles. Louis XIII peut aisément déplacer ses hommes d’un terrain d’affrontement à l’autre, alors que les Espagnols doivent non seulement franchir la Méditerranée pour se rendre en Italie , mais également les Alpes pour atteindre le Saint Empire . Dès le mois de mars, le duc de Rohan, en campagne entre Lorraine et Franche-Comté , envoyé en Valteline .
    La déclaration de guerre de la France à l’ Espagne se déroule selon le rituel traditionnel du défi médiéval. Un héraut d’armes, Jean Gratiollet, la notifie en grande pompe au cardinal-infant, à Bruxelles , le 19 mai. Ce jour-là, l’émissaire du roi de France multiplie d’abord les demandes d’audience, sans obtenir la moindre réponse. Don Juan d’Autriche réunit son Conseil et consulte son entourage sur l’attitude à adopter. Les Espagnols exigent du héraut d’armes français qu’il retire son habit de parade s’il veut être reçu. Mais la gravité de la démarche dont Gratiollet est chargé exclut tout compromis sur le cérémonial. La forme revêtue par la déclaration doit parfaitement adhérer à l’esprit conféré à l’initiative du roi de France : mener une

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