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Richelieu ou la quête d'Europe

Richelieu ou la quête d'Europe

Titel: Richelieu ou la quête d'Europe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Catherine Vignal Souleyreau
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de juin, les provisions sont totalement épuisées, mais la résolution de Jean Guiton reste inébranlable.
    À la suite du décès du duc de Buckingham, lord Lindsay est nommé commandant de la flotte anglaise. Le 17 septembre, une troisième expédition lève l’ancre. Dès la fin du mois, 150 navires anglais font leur réapparition au large de La Rochelle . Les canonnades sont échangées d’un bord à l’autre, sans résultat. lord Lindsay se résout à envoyer un émissaire auprès de Richelieu pour implorer la clémence du roi à l’égard de La Rochelle. Il conseille aux Rochelais de négocier, puis rentre en Angleterre .
    Le 28 octobre 1628, la place se rend, à bout de forces. Louis XIII fait preuve de la plus grande clémence. Il laisse la vie sauve aux survivants et accorde la liberté d’exercice du culte protestant. De vingt-huit mille âmes au début du siège, la population est tombée à cinq mille cinq cents. Les seuls protagonistes exclus de l’amnistie royale sont Jean Guiton, cinq membres de la municipalité et la duchesse de Rohan. Tous doivent quitter La Rochelle . En contrepartie, le souverain rétablit le culte catholique dans la ville. La mairie, l’administration et les franchises locales sont supprimées. Les fortifications doivent être rasées. Il est prévu que Brouage soit transformé en port de commerce et de guerre.

IX
    LA GUERRE OUVERTE
    La déclaration de guerre à l’ Espagne
    Après la défaite des Suédois à Nordlingen , la crédibilité de la France vis-à-vis des princes allemands avec qui elle s’est alliée oblige à un engagement marqué. Le mode d’intervention français dans la guerre de Trente Ans, qui privilégiait la diplomatie et la recherche d’alliances en Allemagne et dans le nord de l’ Europe , a trouvé ses limites. Richelieu retarde autant qu’il le peut l’entrée en guerre ouverte et déploie jusqu’au bout une intense activité diplomatique. Les Hollandais, en particulier, réclament un réel soutien militaire et logistique dans leur lutte contre la tutelle espagnole, une participation directe de troupes, en échange de gains territoriaux. Jusqu’en 1635 cependant, se rendre à une telle sollicitation revenait à entrer en guerre ouverte, échéance à laquelle Richelieu ne pouvait se résoudre [1] .
    Au mois de février, une alliance offensive et défensive est conclue avec les Provinces-Unies . Quelques semaines plus tard, le 28 avril, un traité est signé avec le chancelier suédois Oxenstern, à Compiègne . La France doit rompre officiellement avec les Habsbourg et laisser la Suède occuper l’archevêché de Mayence et l’évêché de Worms . En contrepartie, le représentant de la reine Christine s’engage à y respecter le culte catholique. Le principe de la neutralité religieuse appliqué aux territoires en cause, et imposé par Richelieu, est une nouveauté essentielle. Le cardinal prend une revanche tardive sur l’allié suédois qui s’est opposé à la reconquête catholique opérée par Ferdinand II dans ses États. Désormais, l’intervention française en Allemagne ne peut plus s’envisager que sur le terrain politique puisque le problème confessionnel fait l’objet d’un règlement préalable. Fidèle à son souci d’équilibre, Richelieu complète d’ailleurs le dispositif en juillet par le traité de Rivoli , signé avec le duc de Savoie et le duc de Parme, qui rassemblent leurs forces contre Philippe IV.
    C’est dans ce contexte que, le 26 mars, les troupes du cardinal-infant, récemment promu gouverneur des Pays-Bas espagnols à la suite du décès d’Isabelle-Claire-Eugénie, investissent la ville de Trèves , massacrent la garnison française et emprisonnent l’archevêque, mis au ban de l’Empire pour s’être placé sous la protection de Louis XIII. Le 1 er  avril, le conseil du roi, réuni d’urgence à Rueil , décide l’entrée en guerre contre Philippe IV. Les raisons profondes de l’engagement français sont multiples. À la crainte de l’encerclement du royaume, s’ajoutent les revendications territoriales, le choc de deux philosophies politiques antagonistes, de deux ministres, Richelieu contre Olivarès, mais aussi des contingences beaucoup plus immédiates.
    Avant même la bataille de Nordlingen, le cardinal a parfaitement perçu le risque d’un effondrement de la coalition protestante et la nécessité de soutenir ses alliés. Les circonstances semblaient d’ailleurs plus

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