Richelieu ou la quête d'Europe
captivité, des suites d’une rétention d’urine. Les circonstances de sa disparition impressionnent vivement Richelieu, qui souffre de plus en plus du même mal. Le grand prieur de Vendôme ne survit pas non plus à son emprisonnement à Vincennes . Quant à César, il est libéré en 1630, après la journée des Dupes. Le sort réservé aux comploteurs se veut exemplaire. Louis XIII, tout autant que Richelieu, est plus que jamais déterminé à faire respecter son autorité. Au mois de septembre 1626, le roi est de retour à Paris . Le 10, Anne d’Autriche est convoquée devant un Conseil étroit présidé par son mari. Lecture lui est faite de procès-verbaux rédigés lors des instructions qui ont eu lieu pour juger les rebelles. Ces pièces l’intéressent au premier chef, elle y est citée. Puis le roi ordonne la destruction des documents. La désunion du couple royal modifie l’équilibre des pouvoirs au sommet de l’État. Marie de Médicis et Louis XIII se réconcilient. Surtout, le roi se défait de toute appréhension à l’égard de Richelieu. Le cardinal lui a prouvé son attachement à la couronne, à sa personne, et a montré sa fragilité dans l’adversité. Le roi se sent reconnu à la fois comme chef d’État, comme chef de famille et sort affermi de l’épreuve. C’est lui désormais qui soutient son serviteur.
Ainsi est acquise la confiance du roi, pour laquelle Richelieu a déployé tant d’efforts, non pas l’exercice plein et entier d’un pouvoir disputé par les dévots et par les Grands du royaume. Après le décès du maréchal de Lesdiguières, la connétablie, jugée trop dangereuse, est supprimée. Baradas, entré en disgrâce, est remplacé dans le coeur de Louis XIII par Claude de Rouvroy, seigneur de Saint-Simon, un ami du cardinal. L’entente, pour un temps, semble parfaite entre le roi, la reine mère et le ministre. Le triumvirat s’attelle à la réforme de l’administration du royaume.
La réforme de l’administration et l’autorité acquise
Au début de l’année 1626, Louis XIII crée une nouvelle charge importante : celle de « grand maître et surintendant général du commerce et de la navigation », confiée à Richelieu. Les fonctions d’amiral du Levant et d’amiral du Ponant, détenues respectivement par le duc de Guise et par le duc de Montmorency, lui sont rattachées, moyennant compensations financières. Le cardinal prend non seulement le contrôle de la marine de commerce et de la marine de guerre, mais également celui de puissantes juridictions. Trois compagnies à vocation marchande, bénéficiant de privilèges considérables, voient le jour : au mois de mars, la compagnie du Morbihan , ou des Cent associés ; au mois de mai, la compagnie de la Nacelle de Saint-Pierre fleurdelisée ; au mois d’octobre, la compagnie de Saint-Christophe.
C’est également le 5 mars 1626 qu’intervient le traité de Monçon , pour la plus grande satisfaction de Marie de Médicis et des dévots. Le lendemain, Richelieu prend la responsabilité directe des Affaires étrangères. Un édit organise autour de lui un véritable ministère avec quatre secrétaires d’État et une importante équipe de collaborateurs. S’ajoute à ce premier texte un règlement qui précise les attributions dévolues à chacun. Richelieu bénéficie enfin d’une place clairement définie au Conseil.
Au début du mois d’octobre, le gouvernement convoque une assemblée des notables pour poursuivre les réformes. Il s’agit d’un « conseil du roi élargi » [41] , dont les participants sont choisis par le souverain lui-même. L’assemblée des notables a un rôle purement consultatif. Richelieu se méfie des états généraux, trop brouillons et dominés par les querelles partisanes des trois ordres. La multiplication des révoltes populaires contre la fiscalité, à Tours , à Troyes , à Montélimar , notamment, rend indispensable un débat de fond sur la situation économique et financière du royaume.
Cinquante-cinq prélats, seigneurs et officiers de cours souveraines se rassemblent. Le 2 décembre, Michel de Marillac prononce le discours d’ouverture de l’assemblée. Le garde des sceaux met l’accent sur les charges financières imposées par les guerres civiles et sur les efforts consentis pour la restauration de la marine et du commerce. Le maréchal de Schomberg prend ensuite la parole. Il souligne la nécessité de se ménager des sources de
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