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Ridicule

Ridicule

Titel: Ridicule Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Remi Waterhouse
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mademoiselle, la manie devient une frénésie. On dit que le duc de Bourgogne en est mort d’épuisement ! Il avait rappelé ces tristes vérités et ne désirait plus y revenir.
    — Mais c’est une conversation de médecin, mademoiselle. Il n’est pas décent que nous l’ayons !
    Il esquissa une révérence d’autant plus affable qu’il avait laissé paraître un peu d’humeur.
    — Grégoire Ponceludon de Malavoy.
    Charlotte venait de franchir le seuil pour aller couper des herbes aromatiques et elle poussa des cris de joie en apercevant Mathilde. Les deux femmes pleurèrent dans les bras l’une de l’autre, pendant que Ponceludon, trop heureux de cette diversion, détalait vers la rivière pour chercher Bellegarde.
    Le marquis avait écrit autrefois un petit traité de physiologie sur les dangers de l’onanisme pour la santé. La morale n’y tenait aucune place, mais les maux endurés par les jeunes gens qui s’y adonnent sans retenue étaient décrits avec rigueur et minutie. Il y appelait médecins et pédagogues à combattre ce fléau, cause d’une jeunesse indolente, lymphatique et lascive.
    Il avait accusé les prêtres du peu de succès de cet ouvrage qui chassait sur leurs terres, tout en ne faisant aucune part à leurs arguments. Si le marquis était préoccupé plus que de raison par ce « vice frénétique », c’est que la dépense vaine des forces vives lui inspirait une véritable horreur en lui laissant entrevoir un amoindrissement des qualités de l’espèce. Quand son humeur s’assombrissait, ses idées de dégénérescence revenaient le hanter, et il songeait avec angoisse que ses faiblesses d’homme d’esprit trouvaient leurs racines dans les mauvaises habitudes contractées dans son jeune âge. Cet intérêt pour la santé des jeunes gens valait à Paul d’être entravé, mains attachées dans le dos, toutes les fois qu’il était convaincu d’onanisme.
    Prévenu par Ponceludon, Bellegarde s’était précipité vers la serre. Mathilde s’y trouvait, en effet, penchée sur le bac des tulipes « perroquet ». Bellegarde profita qu’il n’était pas encore découvert pour la regarder à son insu. Elle était si belle depuis quelques années, et si ressemblante à sa mère dans ses moindres gestes !
    À la vue de son père, un pâle sourire adoucit son visage volontaire.
    — Merci, père, d’avoir veillé sur elles.
    — M. de Montalieri n’est-il pas satisfait de toi ? Ta lettre m’a inquiété, elle n’en disait rien.
    Mathilde détourna la tête, sans répondre. Sa lettre ne donnait pas de raison à son voyage, non plus que de date précise. C’était autant d’indices qu’un événement important perturbait la vie de la jeune femme, et son père ne s’inquiétait de rien d’autre que de sa qualité de gouvernante !
    — La place est excellente, Mathilde. Cette référence de préceptrice servira tes ambitions, plus tard.
    — Le chevalier est très satisfait de l’éducation de ses enfants, mais...
    Mathilde hésita.
    — ... il ne serait pas décent que je reste plus longtemps sous le toit de Mme de Montalieri.
    Elle ne doutait pas que son père donnerait son consentement à son projet de mariage, elle aurait seulement voulu qu’A devinât son trouble. Bellegarde l’avait toujours traitée en être responsable, et en cet instant elle désirait être une enfant, une enfant dont on essaye de deviner le secret.
    — Les nouvelles de sa santé m’ont alarmé. Comment se porte-t-elle ?
    Se pouvait-il qu’un père fût sourd à l’embarras de sa fille ? Mathilde désespérait de le mettre dans la bonne voie, et ne pouvait se résoudre à un aveu que le marquis aurait dû lui arracher.
    — Le chevalier de Montalieri est à Versailles et veut vous entretenir...
    C’était dit avec la gravité de circonstance. Bellegarde n’en fut pas plus troublé, et son visage, au contraire, s’éclaira.
    — Le chevalier ! À Versailles ? C’est toujours un tel ravissement !
    — Quel était ce jeune homme ? demanda Mathilde qui venait de renoncer, pour l’heure, à avoir une conversation avec son père.
    Bellegarde était loin d’être indifférent à sa fille, et son plus grand souci était d’en être digne. Mais elle était dans son coeur de père veuf un tel idéal de pureté, qu’un mariage avec un vieillard marié déjà trois fois n’était pas une éventualité susceptible de lui venir à l’esprit. Ses joies et ses peines

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