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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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à ferrures et des armoires répartis autour de la pièce, à la fois salle de garde et vestibule.
     
    Zélia entraîna aussitôt Axel vers l’escalier. Tandis qu’ils le gravissaient, côte à côte, le jeune homme s’enquit, une nouvelle fois, de la présence d’Adrienne dans le château.
     
    – J’ai ordre de vous conduire d’abord à Zichy, dit sèchement la suivante, comme pour décourager toute question.
     
    – Vous êtes plus aimable avec moi d’habitude, Zélia, quelle mouche vous pique ?
     
    – Ne parlez pas, dit-elle en indiquant du regard les tapisseries suspendues aux murs.
     
    – Si les murs ont des oreilles, ils risquent d’entendre des vérités qui ne leur plairont guère, dit Axel en haussant le ton.
     
    Cet éclat parut effrayer la jeune femme, qui lui jeta un regard implorant.
     
    – Très bien, j’attendrai de voir Carabosse en face pour lui dire mon sentiment, conclut-il à voix basse, avec un sourire.
     
    Le palier du premier étage ne montrait que des portes closes et Zélia pressa son compagnon de poursuivre leur ascension vers l’étage supérieur. À peine étaient-ils engagés dans la seconde volée qu’une porte palière s’ouvrit pour livrer passage à un moine, dont la robe de bure était exagérément courte. Le religieux encapuchonné dévala l’escalier sans leur prêter attention, mais, durant la brève ouverture de la porte, Axel perçut des bruits pareils à ceux produits par un atelier en activité. Il se garda de poser une question et suivit Zélia, maintenant engagée dans un long couloir bien éclairé par des candélabres. Les nombreux tableaux suspendus aux murs, parmi lesquels il identifia des toiles flamandes et françaises, lui parurent aussi précieux que les meubles et les sièges. Une porte à double battant fermait l’extrémité du couloir. Un moine qui somnolait sur une banquette se leva à l’approche de Zélia, s’inclina et tira sur un cordon. Un instant plus tard, la porte s’ouvrit.
     
    Le spectacle qui s’offrait aux regards stupéfia Axel. Il ne vit d’abord qu’un demi-cercle de femmes, couvertes d’oripeaux multicolores, assises ou à demi allongées sur des coussins, qui fixaient avec curiosité le visiteur. Il repéra aisément, au centre de cet étrange cénacle, la mère d’Adrienne. Dans le visage jaune et maigre, strié de rides profondes, il reconnut aussitôt celui de sa demi-sœur. La Tsigane n’avait pas, bien sûr, le regard vairon des Fontsalte, mais ses yeux étaient encore plus étranges. Leur pupille aux reflets de grenat, pailletée d’or, telle l’escarboucle de Bohême, rappelait celle des fauves. « Comme la pierre magique des contes, et suivant l’antique croyance, ce regard lapidaire est-il capable, de jeter assez de feu pour éclairer une chambre et guérir la peste ? », se demanda Axel. Coiffée d’une sorte de turban emperlé, vêtue d’une ample tunique de soie verte, Zichy affichait un sourire moqueur en fumant, comme la plupart de ses compagnes, un tabac odorant, dans une pipe à long tuyau d’ivoire.
     
    – Bienvenue à Koriska, dit-elle en faisant signe à Axel d’approcher.
     
    Debout au milieu de ces femmes, dont plusieurs jeunes et belles, Axel sentait la gêne le gagner quand la Tsigane l’invita à s’asseoir près d’elle, sur un coussin recouvert d’une fourrure de loup.
     
    – En vous voyant, j’ai cru revoir votre père, il y a plus de vingt-cinq ans, dit-elle d’une voix grave et douce.
     
    – Et moi, je vois en vous votre fille, répliqua Axel, aimable.
     
    Plusieurs femmes gloussèrent. Axel en déduisit que celles-ci comprenaient le français.
     
    – C’est d’ailleurs Adrienne que je suis venu voir, déclara aussitôt le jeune homme.
     
    – Vous la verrez bientôt. Elle est occupée avec ce que vous appelleriez sans doute le trésorier. Nous avons été prévenues, elle et moi, il y a deux jours, de votre arrivée. J’étais impatiente de rencontrer ce demi-frère et amant aux yeux vairons, dont elle parle avec une tendresse qui n’est pas dans ses habitudes. Racontez-moi un peu, avant qu’elle ne vous enlève, où et comment vous vivez.
     
    La surprise passée, Axel s’exécuta avec courtoisie, car cette femme singulière possédait un charme irrésistible. Il admit qu’elle ne s’embarrassât pas de circonlocutions hypocrites. N’eût été l’extravagant décor, il se fût senti, près d’elle, parfaitement à l’aise, comme

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