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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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bon ami des naïades et des nymphes des eaux », avait appris de ces jolies baigneuses « à rendre les cascades » !
     
    Les deux amis regagnèrent, plus tard, la rue des Granges. La conversation revint, tout naturellement, à la peinture. Axel apprit qu’Anicet Laviron, alias Cinna Liron, loin de faire amende honorable après réception d’une mercuriale paternelle, avait envoyé au banquier une lettre que M. Laviron qualifiait d’irrespectueuse.
     
    – Ce qui a le plus vexé papa, c’est que mon frère fait, un peu fallacieusement, référence, pour soutenir son étrange conception de la peinture, à un Genevois que nous aimons tous, Rodolphe Töpffer. N’ayant pu devenir peintre, comme son père, Adam, dont nous venons de voir un beau paysage d’hiver, à cause de sa mauvaise vue, Rodolphe s’est fait pédagogue et critique d’art.
     
    – Et comment diable ce professeur, dont on dit qu’il est ennemi du progrès et particulièrement des machines à vapeur, peut-il apporter de l’eau au moulin révolutionnaire d’Anicet ? s’étonna Axel.
     
    – Il n’en est pas là, mais Anicet a trouvé dans une de ses chroniques une phrase qui lui plaît et prouve, d’après lui, comme il a osé l’écrire à papa, que certains Genevois, intelligents et éclairés, peuvent apprécier une autre peinture que celle des mièvres barbouilleurs – ce sont ses termes – dont la ville haute fait des Lorrain ou des Breughel !
     
    – Et que dit M. Töpffer ?
     
    Juliane tira un petit carnet du réticule pendu à son poignet.
     
    – J’ai noté cette phrase pour vous la servir, cher Axel : « Le beau de l’art, la première chose dont il convient de s’assurer, c’est s’il ne serait point, par hasard, la pure et simple reproduction du beau de la nature ? Auquel cas nous le planterions là, puisque alors, n’existant pas par lui-même, nous n’aurions rien à lui dire 6 . »
     
    – C’est assez vague pour susciter différentes interprétations, reconnut Axel, alors que la calèche s’arrêtait devant le portail des Laviron-Cottier.
     
    Comme il prenait congé de la jeune fille et refusait, en prétextant la nécessité de partir, l’après-midi même, pour Vevey, une invitation à entrer pour prendre une collation, Juliane revint sur l’incident du 15 juillet.
     
    – J’ai conscience, ce jour-là, de vous avoir donné le sentiment que je sous-estimais votre amitié. Or je l’apprécie, croyez-moi, Axel, plus que vous ne pensez. Oserai-je dire qu’elle m’est devenue précieuse, indispensable ?
     
    Axel, respectueux, mondain, s’inclina en silence. Il n’entendait pas encourager des confidences sentimentales. Mais Juliane avait encore à dire.
     
    » En revanche, je ne pense pas que mon amitié vous soit, à vous, nécessaire. J’ai d’ailleurs l’impression que rien ni personne ne vous est nécessaire. Que vous vous passez très bien de la présence de ceux qui ont de l’affection pour vous, dit-elle, un peu chagrine.
     
    – Ne confondez pas discrétion et indifférence, dit Axel, sur ses gardes.
     
    – Alors, mon ami, soyez moins discret ! répliqua-t-elle avant de passer vivement le portail et d’aller, trottinant sur les pavés de la cour, vers la maison familiale.
     
    Au pied du perron, elle se retourna pour adresser à son compagnon un signe de la main et un sourire. Mais Juliane n’eut qu’une brève vision du large dos de M. Métaz qui s’éloignait, à grands pas, sous le plein soleil de midi.
     

    Ainsi qu’il avait été prévu, les bateliers de l’ Héloïse , une de ses barques qui apportait à Genève les pierres de Meillerie, attendaient Axel pour le reconduire à Vevey. Le faible vent blanc, que les Genevois nomment vent bourguignon, qui, par beau temps, souffle de l’ouest, obligea le bateau à louvoyer. Après une navigation en zigzag de huit heures, à la fois active et langoureuse, l’ Héloïse fut amarrée, au crépuscule, devant Rive-Reine. Pernette guettait l’arrivée de son maître.
     
    – Régis et moi, on tire peine pour Blanchod. Il a monté à Belle-Ombre avec la mule, l’après-midi, et voilà qu’il est pas encore descendu. La Fine, la servante à Simon, vient de passer pour voir s’il était pas chez nous. Elle est allée chez Pierre Valeyres, où Simon s’arrête souvent, le soir, pour une verrée, mais y est pas non plus. Même s’il avait fait un gros clopet 7 , avec cette tiède 8 qu’on a eue

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