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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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concours, en ajoutant encore quatre cents francs plus une médaille, qui vaut cinq cents francs. Il donnera quatre ans aux auteurs pour remettre des mémoires sérieux et originaux 13 .
     
    Le visiteur qui pénétrait pour la première fois dans le parc de La Fenêtre, à Pregny, découvrait un lieu enchanteur. Bosquets, gazons, massifs de fleurs, allées sablées, grands arbres de diverses essences faisaient de cette campagne ordonnée un lieu paisible et grandiose. La vue sur le lac, la côte, les Alpes, la Savoie incitait à la méditation. Le mont Blanc, majestueuse pyramide, retenait le regard. Ce décor avait inspiré à M. de Sellon le nom de sa propriété, vaste fenêtre ouverte sur la belle nature. Les bâtiments et monuments confirmaient un certain goût du faste chez le propriétaire. La loge du portier, traitée dans le style néogothique, donnait déjà à penser que le comte logeait somptueusement son personnel. Sur un tertre dégagé, la grande maison de maître, pourvue d’une galerie centrale soutenue par quatre colonnes formant le vestibule d’entrée, ne manquait ni de sobriété ni de grandeur 14 . En revanche, l’obélisque de marbre noir 15 devant lequel Juliane conduisit Axel, pouvait paraître prétentieux.
     
    – C’est l’obélisque pastoral d’Ermenonville, cher à Jean-Jacques Rousseau, qui a servi de modèle. Et voyez, M. de Sellon a fait graver dessus les noms des pacifistes qu’il admire et il ajoutera ceux des hommes qui, dans l’avenir, défendront le mieux la paix, dit Juliane.
     
    Axel lut : William Penn, Livingston, Nicolas de Flüe, Wilberforce, Henri IV, Sully et d’autres noms. Il rit franchement en découvrant que Jean-Jacques de Sellon ne s’était pas oublié parmi ces célébrités, dont certaines, comme Henri IV, n’avaient pas toujours été ennemies des armes !
     
    Mais la construction la plus symbolique était bien le temple de la Paix 16 , édicule monoptère à six colonnes, bâti sur le modèle des temples de l’Amour, que tous les riches propriétaires des bords du lac faisaient élever dans leur parc. Là aussi, Axel déchiffra des inscriptions : «  Stop and hear Byron  », « Henri IV voulait donner la paix à l’univers, il faut l’imiter », et encore : « L’amitié embellit le bonheur et fait supporter le malheur. »
     
    – Seule la dernière de ces formules me paraît accessible aux humains ordinaires, dit Axel.
     
    En quittant le parc, ils aperçurent une maison suisse traditionnelle.
     
    – C’est la maison du jardinier, dit Juliane.
     
    – Si l’on me donnait à choisir une résidence dans ce parc, c’est ici que je voudrais vivre, dit Axel, désignant le chalet de bois.
     
    – Eh bien ! moi, je préfère votre Rive-Reine, répliqua Juliane en montant dans le cabriolet, la visite terminée.
     
    Axel mit le cheval au trot et, tandis que l’attelage descendait vers le lac, à travers la campagne, Juliane rappela à son compagnon qu’Antoine Calvin, le frère du réformateur, avait possédé là une métairie, puis, désignant une bâtisse qu’elle nomma un peu abusivement château, dit que Voltaire l’avait autrefois achetée à Charles de Brosses, le fameux président du parlement de Dijon, exilé à cause de son indépendance d’esprit.
     
    – C’est ainsi que Voltaire agrandit son domaine de Ferney et acquit, avec ces terres seigneuriales, le titre de comte, dont ce faux modeste fut bien aise de se parer quelquefois, compléta Métaz.
     
    Arrivés au pied de la colline, ils s’engageaient sur la route des berges, en direction des Pâquis et de Genève, quand la jeune fille saisit affectueusement le bras de son compagnon.
     
    – J’ai prévu de quoi faire un pique-nique, dit-elle. Si vous n’êtes pas trop pressé, nous pourrions nous arrêter au bord du lac. Il y a une crique tranquille, où je me suis souvent baignée avec Anicet. Il fait assez chaud, aujourd’hui, pour se tremper. Qu’en pensez-vous ?
     
    – Mais… rien. Ou, plutôt, si. Je ne suis pas certain que vos parents approuveraient une baignade avec un étranger… et sans chaperon. Et puis je n’ai pas de maillot, dit Axel, interloqué par la proposition soudaine de M lle  Laviron.
     
    – Il n’y a aucun mal à se baigner entre bons amis par une chaude journée de juin. Et maman ne trouvera rien à redire. Pour ce qui est du maillot, j’ai apporté, avec le mien, un tricot d’Anicet qui vous ira très bien,

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