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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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Martin.
     
    – Prenez garde, plaisanta Vuippens, nous sommes sur le chemin de l’orgie !
     
    Ainsi, bien souvent, cet hiver-là, les soirées de Rive-Reine furent animées et gaies, que l’on commentât les événements ou que l’on entamât, sans jamais la conclure, une de ces discussions philosophiques qui perpétuent la triple interrogation de l’être : d’où venons-nous, pourquoi sommes-nous sur terre, où allons-nous ?
     
    C’est au cours d’une chasse au chamois que Vuippens porta sur les soirées de Rive-Reine un jugement qui fit sourire Blaise de Fontsalte, troisième chasseur.
     
    – Sais-tu qu’avec ton Élise, l’institutrice, tu mènes une vie qui a toutes les apparences de la vie conjugale ? Chantenoz m’a dit que vous prenez maintenant le repas du dimanche à la même table, que tu l’as emmenée à Lausanne avec Alexandra, chez ta mère, que vous projetez d’aller tous les trois à Genève, au printemps !
     
    – Quel mal voyez-vous à cela ? Une institutrice n’est pas une domestique. Elle vit dans l’intimité de la famille et M Ile  Delariaz est charmante et très bien élevée, intervint Blaise.
     
    – Je n’y vois, moi, aucun mal, mais à Vevey on commence à jaser. Les commères parlent. La mère Chatard, ta voisine, dont j’ai l’insigne privilège de visiter périodiquement l’intimité, dit que M. Métaz est beaucoup plus souvent chez lui depuis que la petite Alexandra a une institutrice à demeure, précisa Louis.
     
    – Laissez barjaquer 5 les lavandières, Louis, conseilla Blaise.
     
    – Il est exact que, M lle  Élise et moi, nous partageons beaucoup de choses… sauf le lit, dit Axel, agacé.
     
    – C’est bien ce que je dis, un vrai couple, quoi ! lança Vuippens.
     
    Tous trois se mirent à rire, mais Axel Métaz retint l’avertissement. Il ne devait pas compromettre une jeune fille qui, confiante, logeait sous son toit. Pernette et Lazlo ne pouvaient passer pour des chaperons attentifs !
     
    Avec la fin de l’hiver, le vignoble et les affaires allaient fournir au maître de Rive-Reine de nombreux prétextes à se déplacer et à réduire ce que Chantenoz, tout aussi direct que Vuippens, nommait « une intimité néo-conjugale ».
     

    Dès que l’assemblée générale de l’Abbaye des vignerons eut officiellement fixé, aux 8 et 9 août 1833, les journées de la deuxième fête du siècle, Axel eut à s’employer. L’abbé – tel était le titre du président de l’antique confrérie, M. Vincent Doret – fit admettre comme principe de base que la fête de 1833 devrait être plus minutieusement préparée que la précédente de 1819, qu’on s’appliquerait à lui donner plus d’éclat, plus d’ampleur, plus d’attraits spectaculaires, afin d’attirer les touristes, nombreux, en été, sur le littoral lémanique.
     
    Au cours des réunions qui se succédèrent, la direction de la fête fut confiée, comme en 1819, au conseiller Walther. M. Samuel Glady 6 , ancien élève du conservatoire de Munich, violoncelliste de talent, qui avait chanté le rôle du grand prêtre en 1819, fut chargé de composer sept partitions originales. Son père, David Glady, professeur de musique à Vevey, qui, lui, s’était contenté, pour animer la fête de 1819, d’arranger et d’orchestrer des morceaux empruntés à divers compositeurs, dirigerait les musiciens et les choristes. Le peintre veveysan Christian Gottlieb, dit Théophile, Steinlen, reçu l’année précédente bourgeois de Vevey, dessinerait les décors et costumes de la fête et réglerait les jeux et évolutions des figurants avec le maître de danse, M. David Constantin. Ce dernier étonna les membres du comité en exigeant cinq cents francs d’honoraires, ce que l’on trouva exagéré. On lui accorda trois cent vingt francs, assortis de trente billets de faveur, qu’il pourrait vendre aux amateurs imprévoyants qui auraient négligé de retenir leurs places dans les délais ! Certains trouvèrent que c’était donner la prépondérance à la danse sur la musique, le compositeur ne recevant que trois cent vingt francs ! Quant à la participation féminine, elle fut, après bien des discussions, limitée aux huit demoiselles d’honneur de la noce villageoise. Palès, Cérès, nymphes, dryades, bacchantes et bergères, seraient, comme avant la Révolution, des garçons travestis en filles.
     
    Bien qu’Axel et d’autres vignerons fussent opposés à

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