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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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discrètement.
     
    – Avec son canon à tuer les éléphants, bien sûr, au cas où il y aurait un pachyderme au rendez-vous ! persifla Axel, cependant ému par la sollicitude de cet homme, dont l’affection lui était devenue précieuse.
     
    Le comte, résigné, haussa les épaules et prit, coup sur coup, un fou et un cavalier à son ami. La partie terminée, comme Axel s’apprêtait à descendre à son appartement, le comte lui tendit une dague dans son fourreau.
     
    – C’est une noble lame, qui appartenait à mon père. Prenez-la, je vous prie, et n’hésitez pas à vous en servir. Faites-moi au moins cette promesse, ami.
     
    Axel Métaz prit l’arme, fit coulisser le fer dans sa gaine de cuir clouté d’argent et donna l’accolade à son ami.
     
    – Je vous la rendrai demain, dit-il.
     
    Plus intrigué qu’inquiet, Axel Métaz changea de vêtement, choisit un bonnet épais, sachant combien la nuit devait être froide sur l’eau. Il connaissait assez Venise et les mœurs vénitiennes pour comprendre le souci que le comte avait de sa sécurité. À Venise, on pouvait saisir un homme et le pousser dans une chausse-trape au fond hérissé de pieux aigus ou le jeter dans la lagune, une pierre au cou. Les assassins disparaissaient aisément dans une cité aux innombrables caches et recoins, pourvue d’un labyrinthe de passages insoupçonnés, qui faisaient communiquer les maisons ordinaires avec les palais et les quais. Certaines demeures anonymes possédaient des escaliers en spirale conduisant aux toits, sur lesquels les initiés trouvaient des passerelles volantes toujours à disposition. Celles-ci permettaient de parcourir tout un quartier sur les toitures et de trouver, dans telle ou telle altana 7 , un autre escalier en spirale conduisant à une discrète porte d’eau, devant laquelle une gondole était amarrée.
     
    Quand vint l’heure, le Vaudois descendit et se tint dans l’ombre, au bord du canal. Il vit bientôt arriver une gondole sans lumière et ne reconnut aucun des gondoliers athlétiques d’Adrienne. Un homme, mince et vif, lui tendit la main comme pour l’aider à monter dans le bateau, mais Axel comprit qu’il voulait seulement lui remettre un petit objet. C’était une bague d’Adrienne, qu’il connaissait bien. Celle qu’elle avait fait confectionner et tremper dans un bain d’or, avec, en guise de pierre, le bouton de hussard arraché au dolman du jeune capitaine Fontsalte. « J’avais quatre ans et il était venu me voir chez ma nourrice. C’est le seul souvenir de notre père que j’aie jamais possédé. C’est mon talisman », avait-elle ajouté ce jour-là.
     
    Ce bijou valait bien un mot de passe et Axel embarqua sans hésiter. La nuit eût été claire si de gros nuages effilochés n’avaient, sporadiquement, voilé la lune. Le gondolier, avec assurance, emprunta, sans jamais racler sa gondole contre un soubassement d’immeuble, une série de petits canaux. Axel, voyant que le bateau traversait le Grand Canal, comprit que sa destination n’était ni le casin d’Adrienne ni le palais Sentini. Peut-être l’emmenait-on à une de ces réunions libertines dont il commençait à être lassé ?
     
    – Puis-je savoir où vous me conduisez ? demanda Axel en dialecte vénitien.
     
    – Là où l’on vous attend, répondit l’homme, laconique.
     
    Après plusieurs détours, dont il devina qu’ils étaient destinés à lui faire perdre la notion de l’itinéraire, le gondolier aborda devant un escalier conduisant à un sottoportego 8 des plus obscur. Aussitôt, une silhouette apparut. Il reconnut Zélia, qui lui prit la main.
     
    – Suivez-moi, vous êtes attendu, dit-elle simplement en entraînant Axel sous une voûte de brique humide, au sol gluant.
     
    Dans une encoignure, hors de vue du canal, la servante prit une lanterne et la lui tendit.
     
    – C’est au premier étage, dit-elle en désignant un escalier étroit.
     
    Serrant sa cape, Zélia se fondit dans l’ombre. Axel commençait à prendre goût au mystère. Il s’imagina en train de vivre un roman de Walter Scott et, sa curiosité l’emportant sur ses craintes, il gravit les marches. Une seule porte ouvrait sur le palier. Il la poussa et découvrit une grande chambre, chichement éclairée par un seul candélabre posé sur une table, derrière laquelle se tenait Adrienne. À son entrée, elle posa sa plume et vint, mains tendues, à sa rencontre. Elle avait les traits

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