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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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ne pense qu’à faire activer le divorce et ses hommes de loi passent leur temps à rechercher des témoignages de… de ma faute, dit Charlotte en s’animant soudain. Mais je leur ai fait dire de ne pas forcer leur talent. Je reconnais tous mes torts, mes « turpitudes », comme ils disent ! Je ne discuterai point. Je suis la parfaite épouse adultère, licencieuse, paillarde, indigne, en un mot ! Mais que j’aie, au moins, l’avantage de la répudiation ! Qu’on me laisse en paix, qu’on ne s’occupe plus de moi, ni ma mère, qui a pris le parti de Guillaume, ni Blandine, ni toi, si tu crois te compromettre en rendant visite à une femme qui devrait coudre un grand A écarlate, comme adultère, abomination, affreuse, sur son corsage, afin que nul n’ignore son crime ! Cela se fait, en Amérique, paraît-il ! Guillaume l’a écrit à Simon Blanchod !
     
    L’agressivité et la colère soudaine de sa mère surprirent si fort Axel qu’il se rassit. Il ne s’attendait guère à pareil accueil. Tandis que Charlotte jetait sa capeline sur le canapé d’un geste rageur puis, tirant la rose de son décolleté, en respirait le parfum comme une femme défaillante respire des sels, il ralluma posément sa pipe. La maîtrise de soi et le silence du garçon rendirent son calme à M me  Métaz. Elle s’assit à son tour et, attendrie, regarda son fils. Comme il ressemblait à Blaise ! Même prestance mâle, mêmes cheveux noirs bouclés, même menton volontaire, même regard bicolore et dominateur. Et cette inclinaison de la tête vers l’épaule, quand il avait rallumé sa pipe. Un geste de Fontsalte, comme la façon de croiser les jambes, qu’ils avaient tous deux longues, avec aisance et désinvolture. Ah ! il n’avait rien des Métaz, paysans trapus au col épais, cet enfant de l’amour !
     
    Comme s’il devinait ses pensées, Axel s’enquit du général.
     
    – Oh ! il ne vit pas ici, rassure-toi ! s’empressa de répondre Charlotte.
     
    – Ne vous insurgez pas, mère ! Je ne suis pas votre juge mais votre fils. Je voudrais seulement savoir si vous avez une chance d’être heureuse. Car, les choses du passé étant ce qu’elles ont été et leurs conséquences étant ce qu’elles sont, mon désir est que vous soyez heureuse avec celui que vous avez aimé au-delà de toute mesure. Et cela, aujourd’hui, je puis le comprendre. Je sais, moi aussi, ce qu’est la passion. Je l’ai vécue.
     
    – Toi ! À ton âge ! L’expérience de la passion ! Mon Dieu, on ne connaît pas ses enfants !
     
    – Il arrive aussi qu’un enfant ne connaisse pas sa mère telle qu’elle est. Qu’il ne puisse imaginer que le foyer paisible et douillet où il grandit n’est qu’une construction sociale et mondaine artificielle, bâtie sur le mensonge et les faux-semblants. Quand tombent les masques, c’est le drame, certes, mais c’est aussi la lumière, n’est-ce pas !
     
    Charlotte, tête inclinée sur la poitrine, demeura silencieuse un court instant puis, quittant son fauteuil, fit quelques pas dans la pièce et s’immobilisa devant la fenêtre, présentant son dos à Axel, comme si elle avait honte de parler en faisant face à son fils.
     
    – Ne crois-tu pas que le moment est venu que tu saches exactement ce que furent mon péché et ma vie ?
     
    – Et que vous appreniez ce que furent mes aventures ?
     
    – Tout doit devenir clair entre toi et moi. Ce n’est qu’au prix d’une mutuelle sincérité que nous pourrons vivre dans la paix du cœur, sans mépris ni honte.
     
    – Je le crois, mère. Sans honte ni mépris.
     
    – Je vais donner des ordres pour le repas. Tu dors ici, bien sûr. Il y a une chambre pour toi. Benjamin, c’est le valet, le mari de Gertrude qui t’a ouvert la porte, va y monter tes bagages et nous parlerons.
     
    – Mais je croyais que vous alliez au théâtre ?
     
    – Je n’irai pas. Flora, qui vit tout près d’ici, prendra ma place. Je vais la faire prévenir. Elle sera enchantée. Comme je ne peux lui cacher que tu es arrivé, il est probable qu’après le spectacle elle voudra te voir. Tu as toujours été son préféré.
     
    Pendant des heures, au cours de cette soirée, la mère et le fils se racontèrent sans réticence ni fausse pudeur. Charlotte se complut même à retracer sa rencontre avec le capitaine Fontsalte et toutes ces années d’attente et de patience.
     
    – Sais-tu que, jusqu’au jour du scandale, en

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