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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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ceps.
     
    – Comme nous avons eu un beau temps sec, les premiers labours sont terminés depuis une bonne semaine. La mauvaise herbe est détruite et la terre bien ouverte à l’eau. Le bon Dieu n’a plus qu’à nous envoyer un peu de pluie. La nature sera en avance, cette année. J’ai fait venir deux journaliers pour retourner les échalas et j’ai commencé, hier, à tailler la grand-vigne.
     
    – À un œil et le borgne, récita Axel, pour montrer qu’il n’avait pas oublié les leçons de Simon.
     
    – Tu devrais bien t’y mettre, à la taille, car le souffle me manque un peu, maintenant, pour grimper dans les parchets. Peut-être ne sais-tu pas que j’ai passé septante ans ?
     
    Ainsi, Blanchod fit l’état des travaux de la vigne pour Axel, comme il l’eût fait pour son père. Quant aux affaires de commerce, à part le chantier des barques et les carrières de Meillerie, dont Guillaume Métaz avait confié la surveillance à Pierre Valeyres, c’était Charles Ruty, le notaire, qu’il fallait voir.
     
    – Toutes les fois que je le rencontre, il me demande : « Quand rentre-t-il, ce chenapan ? » Tu devrais aller lui parler.
     
    Axel n’entendait pas faire de cachotteries. Il révéla à Blanchod et à Pernette qu’il s’était arrêté chez sa mère, à Lausanne, et que la procédure de divorce, demandée par Guillaume, était engagée. Puis il se rendit chez les Ruty. En cours de route, plusieurs personnes l’abordèrent, manifestant leur satisfaction de le voir de retour au pays. Nul ne fit allusion au passé, certains demandèrent des nouvelles de Guillaume, que les Veveysans appelaient déjà l’Américain, mais personne n’évoqua l’absence de M me  Métaz.
     
    Charles Ruty et Élise, sa femme, la seule Veveysanne à rendre régulièrement visite à Charlotte, firent à Axel un accueil familial. Sitôt les effusions terminées, le notaire conduisit le visiteur dans son cabinet.
     
    – Je dois te faire part des dispositions prises par ton père à l’égard de ses affaires, qui deviennent tiennes. Elles sont précises, strictes, mais équitables en ce qui te concerne. Tous les papiers sont en règle, les droits payés et les actes enregistrés, dit M e Ruty en tirant d’un classeur un épais dossier.
     
    – Mon père a toujours été sévère mais juste, convint Axel.
     
    – Et généreux, pourrais-tu ajouter. Il n’est impitoyable que pour ta mère. Il la considère comme inexistante, morte en quelque sorte, et ne veut plus entendre prononcer son nom. Élise et mes filles te diront que c’est d’une cruauté assez peu chrétienne, mais ce sont des femmes. Il faut comprendre Guillaume. On ne peut avoir d’indulgence pour l’épouse qui vous a trompé pendant dix-huit ans sans frémir.
     
    – Je le comprends et mon esprit approuve son attitude, dit Axel.
     
    – Ton esprit, dis-tu, pas ton cœur ?
     
    – Le cœur a ses raisons que la raison ignore, dit Axel, citant Pascal.
     
    – Pour moi, esprit et cœur condamnent d’une même voix. C’est tout un !
     
    – N’en parlons plus, répliqua Axel, un peu sec.
     
    Charles regarda par-dessus ses lunettes ce garçon qu’il connaissait depuis sa naissance. Axel lui paraissait avoir acquis une pleine maturité. Il marqua un temps de silence, pour prouver qu’il avait été sensible au ton nouveau, et reprit le fil de la conversation professionnelle.
     
    – Je ne vais pas t’imposer la lecture de ces actes, rédigés dans notre jargon de juriste. Je vais seulement te dire ce qu’ils contiennent. Tu as désormais la pleine et entière propriété de Rive-Reine, car cette maison figurait, dans la dot de ta mère, comme bien non récupérable en cas de décès de celle-ci ou de rupture de l’union. Guillaume, qui en était donc plein propriétaire, t’en fait donation. De la même façon, il te donne les parts qu’il détenait dans les entreprises Rudmeyer, les carrières de Meillerie, le chantier des barques, les barques elles-mêmes, la société de transport lacustre. Tu deviens donc copropriétaire de ces affaires avec ta mère. En ce qui concerne les entreprises créées par ton père, les carrières de grès de Grandvaux, celles de calcaire et de tuf d’Agiez et Montcherand, et les intérêts qu’il a dans la fabrique de chocolat, l’horlogerie, les entrepôts à vins et fromage, comme les greniers construits lors de la disette de 1817, tu dois en assurer l’exploitation

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