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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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forgeron.
     
    – Le système McAdam est un revêtement routier fait de pierres concassées, rudement damées et soudées entre elles par un mélange de sable et de silicate. Cela fait de bonnes routes, bien roulantes, sans ornières, toutefois dures aux pieds des chevaux, expliqua-t-il.
     
    Mais le sujet de conversation qui revenait le plus souvent chez les Veveysans portait sur le projet d’uniformisation des poids et mesures et sur le concordat monétaire à l’étude dans plusieurs cantons. Ce dernier projet intéressait particulièrement les petits commerçants et les citoyens ordinaires. Depuis que les cantons avaient retrouvé leur autonomie en matière de frappe, s’était reconstituée la mosaïque de monnaies qui, déjà, sous le régime bernois, compliquait les transactions.
     
    Certains regrettaient, sans oser le dire, le temps de la République helvétique, entre 1798 et 1803, quand Napoléon Bonaparte avait décrété que le droit de battre monnaie serait réservé au gouvernement central. Le seul étalon admis était alors celui de Berne, et le franc suisse, divisé en 10 batz et 100 rappes, constituait l’unité monétaire de la République.
     
    Mais l’Acte de Médiation de 1803, en restituant à la Suisse son indépendance et aux cantons leur souveraineté, avait, du même coup, rendu à ces derniers le droit de battre monnaie. À Zurich, on frappait ducat, thaler, schilling, batz, rappe ; à Berne, ducat, thaler, kreuzer ; à Bâle, as double et multiple, zwölfer, zehner ; à Coire, blutzger, pfennig, groschen, tandis que les Genevois utilisaient toutes les monnaies qui leur tombaient sous la main, avec une préférence pour le florin et le franc. L’atelier monétaire du canton de Vaud frappait depuis 1804 des pièces de 40, 20, 10 et 5 batz ainsi que des pièces de 1 batz, 1/2 batz, 1/4 de franc et 1 rappet 5 . Il fallait savoir que deux rappes faisaient un centime, que le batz valait quatre kreuzers ou dix rappes, que le ducat équivalait à onze francs cinquante et que le thaler représentait deux gulden ou cinq francs et vingt-quatre centimes !
     
    Banquiers et négociants trouvaient leur compte à ce méli-mélo monétaire, dans lequel ils étaient à peu près les seuls à évoluer aisément. Traitant des affaires avec tous les pays voisins, ils plaidaient pour une politique fiduciaire ouverte. Ils considéraient plus profitable de laisser circuler en Suisse des monnaies étrangères plutôt que de transformer celles-ci en une monnaie fédérale, ce qui pourrait indisposer les souverains des États limitrophes.
     
    La situation restait aussi confuse en matière de poids et mesures. La livre fédérale comptait pour 500 grammes, mais celle de Berne pesait 520 grammes, celle de Lausanne 489 grammes, celle de Vevey 550 grammes ! Le pot fédéral, qui servait à mesurer les liquides, ce qui avait son importance au pays du vin, devait contenir 1 500 centimètres cubes, mais le pot vaudois n’en comptait que 1 350 et 400 pots de Berne valaient 576 pots de Lausanne ! Il en était de même pour les mesures de superficie. La pose fédérale, soit 400 perches, équivalait à 3 600 mètres carrés tandis que la pose vaudoise, soit 500 perches, en contenait 4 500 ! Axel, comme la plupart des gens sensés, souhaitait que le Grand Conseil vaudois adoptât le système métrique pour référence d’une harmonisation espérée.
     
    Le peuple vaudois tenait, avant tout, à l’ordre et à la liberté de goûter dans la paix, et le plus commodément possible, les profits du travail. Il préférait aux théories politiques les améliorations concrètes de la vie quotidienne. On trouvait, comme toujours, des intellectuels, généralement nantis, pour désavouer ce genre d’aspiration, qu’ils jugeaient terre à terre, vulgaire, philistine, et pour reprocher aux Vaudois, le plus souvent hors de leur présence, leur manque d’élévation d’esprit et d’idéal !
     

    Un visiteur attendait Axel à Rive-Reine, un homme venu spécialement de Lausanne pour faire une proposition à M. Guillaume Métaz, dont il connaissait, dit-il, le caractère entreprenant et l’habileté en affaires. Quand Axel eut expliqué que, M. Métaz étant parti vivre en Amérique, il remplaçait son père, l’homme lui tendit une brochure.
     
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