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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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connaître, ces enfants des amours furtives, des veilles ou des lendemains de bataille, conclut mélancoliquement le général Chaslin en invitant Axel à s’asseoir.
     
    – Mais qui vous a dit que je suis le fils de Blaise de Fontsalte ?
     
    – C’est lui. Et, croyez-moi, jeune homme, il en est foutrement fier. Et il parle de votre mère avec une sorte de vénéra tion. Tenez, je suis sûr qu’il ne s’engagera plus à fond dans nos actions antiroyalistes à cause d’elle, maintenant qu’elle est seule. C’est un homme de devoir.
     
    Axel estima que Blaise de Fontsalte avait sans doute manqué de discrétion, mais il apprécia la franche simplicité de ces hommes qui, tous, avouaient, sans hypocrisie et même avec la fierté des mâles bien nés, avoir essaimé des enfants de leur forte race à travers l’Europe.
     
    – J’ai un pli pour M. de Fontsalte, savez-vous où je puis le trouver ? dit le Vaudois après qu’il eut, avec les grognards, vidé un verre à la santé de ce père jusque-là sans rôle, mais non sans gloire.
     
    – Il sera là demain, révéla Chaslin.
     
    Reçu comme un membre à part entière de cette étrange confrérie d’exilés, Axel participa à leur repas, au cours duquel on vida force bouteilles avant que chacun allume sa pipe.
     
    – Tiens, tâte un peu de mon tabac, il vient d’Amérique, de la Virginie, dit un demi-solde, tendant à l’invité sa blague de cuir patiné.
     
    En tirant sur sa pipe, le jeune homme trouva cette herbe américaine légère, douceâtre, entêtante, mais propre à susciter la rêverie. Il se plut à imaginer Guillaume, son père selon la loi, en train de fumer ce même tabac, à des milliers de lieues de Genève.
     
    – Dès demain matin, je préviendrai Fontsalte que son fils va venir le voir. Sûr qu’il sera content, dit Chaslin, quand Axel prit congé du groupe.
     
    La fraîcheur du soir tombait sur la promenade de la Treille quand le jeune homme quitta le café Papon. Le vin lui ayant échauffé la tête, il décida, bien que cela pût prendre près d’une heure, de se rendre à pied à l’auberge de Champel, où devait l’attendre Adrienne. Chemin faisant, il supputa ce que pourraient être ses rapports avec Blaise de Fontsalte et finit par se convaincre, les grognards du café Papon ayant donné l’exemple, qu’ils devraient avant tout être empreints de la droiture virile et toute militaire qui avait dû présider aussi à sa conception !
     
    Une décevante surprise l’attendait à l’auberge de la Roseraie. À peine avait-il franchi le seuil que l’hôtelier, qui devait guetter son retour, se précipita à sa rencontre.
     
    – Votre madame a dû partir précipitamment. Un deuil dans sa famille, qu’elle a dit à ma femme. Elle a laissé un billet pour vous et aussi sa voiture.
     
    – Le coupé ? Mais comment voyage-t-elle ? demanda Axel, interloqué.
     
    – Un petit brigantin savoyard est venu la prendre. Elle a embarqué avec son grand ours de valet et sa femme noire, précisa l’aubergiste, un rien méprisant.
     
    Comme Axel, abasourdi, se dirigeait vers sa chambre, l’homme le rattrapa.
     
    – La femme noire a aussi donné quelque chose pour vous, dit-il en lui tendant une petite enveloppe.
     
    Le billet d’Adrienne n’expliquait rien.
     
    « Mon Axou, les circonstances font que je suis obligée de passer le lac. Ne t’inquiète pas. Tu auras de mes nouvelles. Je te fais cadeau de ma voiture. Je t’embrasse comme tu aimes. Adriana. »
     
    C’était la première fois qu’elle signait de son vrai prénom. « Quelle femme étrange ! Dans quel guêpier s’est-elle encore jetée ? » se dit Axel, plus désorienté que fâché. Il rangea le billet puis ouvrit l’enveloppe laissée par Zélia à son intention, escomptant une explication complémentaire. Elle ne contenait aucun billet, mais une petite médaille d’or tomba sur le lit où le jeune homme s’était assis. L’avers portait une tête de mort, une rose entre les dents 17 , le revers, une croix en tau et la formule « Saint Pertinent, defensor ».
     
    Axel n’avait jamais entendu ni lu le nom de ce saint protecteur, mais il apprécia le message de Zélia, bien que l’effigie macabre ne lui parût pas de bon augure.
     
    Adrienne avait abandonné son coupé, mais le Tsigane, Axel le sut par un domestique, avait emmené le cheval.
     
    – Trouvez-moi un cheval de poste et un postillon pour demain matin sept

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