Sachso
pour un « ouvrier qualifié », quatre pour les autres, c’est le tarif pratiqué par les négriers S. S. Ils font même l’incroyable calcul de rentabilité d’un détenu pour une vie moyenne de neuf mois ! Le voici :
Location journalière d’un détenu
6 marks
déduire pour nourriture
0,6 mark
déduire pour amortissement des vêtements
0,10 mark
soit pour une durée de vie de 9 mois
5,30 m x 270 =
1 431 marks
Utilisation rationnelle du cadavre : dents en or, vêtements, objets de valeur, devises moins les frais d’incinération de 2 marks, soit un gain moyen de
200 marks
Gain total en 9 mois
1631 marks
La plupart des entreprises qui appartiennent aux S. S. eux-mêmes se trouvent à quelques pas du camp que les prisonniers regagnent chaque jour : les 1 700 de l’usine d’armements D. A. W., les 2 100 de l’atelier d’entretien et de réparation de véhicules militaires K. W. A., etc. La briqueterie Klinker qu’ils font construire sous l’égide de la D. E. S. T. (Deutsche Erd und Steinwerke) est à proximité également, mais elle possède ses propres baraques pour les concentrationnaires. Elle est un sous-camp comme il s’en élève aussi de plus en plus aux portes des usines de tous les grands noms de l’industrie allemande qui profitent de l’aubaine : Siemens, A. E. G., Krupp, Auer, Heinkel, I. G. Farben, Daimler-Benz, Henschel…
Tentés par cette masse de cinquante millions de marks qui tombe chaque mois dans leur caisse, les S. S. se servent au passage. « De cette manière, l’adjoint de Himmler, Pohl, se constitua une grande fortune », avoua Kaindl, un des commandants de Sachsenhausen. « Il se procura en 1942-1943 plus d’un million de marks pour la construction et l’ameublement de sa maison. »
Dans la ville d’Oranienburg, la fonderie Kayser emploie 200 prisonniers, alors que l’usine de masques à gaz Auer utilise 1 800 détenues qui, venues de Ravensbruck, sont rattachées au camp d’Oranienburg-Sachsenhausen. À quelques kilomètres d’Oranienburg, le sous-camp de l’usine d’aviation Heinkel est le plus important kommando de Sachsenhausen, puisque plus de 7 000 prisonniers y travaillent, parmi lesquels de nombreux Français. Plus loin, à une trentaine de kilomètres, près de Spandau, les baraques du kommando de Falkensee, élevées en 1943, abritent 2 500 prisonniers, qui fabriquent des obus et des chars « Tigre » pour la société D. E. M. A. G. Là aussi il y a un fort contingent de Français.
De nombreux kommandos sont installés dans Berlin même : 1 400 hommes et 350 femmes chez Siemens à Haselhorst ; 1 500 hommes à Lichterfelde pour des travaux de construction, puis le déblaiement des ruines après les bombardements ; 800 femmes aux moteurs Argus, 700 à l’usine de câbles A. E. G.etc.
Par le dispersement des nationalités que recherche l’administration S. S., certains Français se retrouvent seuls ou presque dans certains kommandos. Un de ceux-là est Trebnitz, à quatre-vingt kilomètres de Sachsenhausen, au nord de la route Berlin-Kustrin. Il n’y a qu’une seule baraque, mais 800 prisonniers.
Bien isolés aussi les Français des Baubrigaden, kommandos itinérants créés à partir d’octobre 1942 pour réparer les voies ferrées endommagées par les bombardements aériens. Ou ceux qui sont sur les bords de la Baltique, à Peenemünde, l’usine et la base d’essai des V 1 et V 2.
Ces noms ne sont que quelques-uns des cent et quelque kommandos d’Oranienburg-Sachsenhausen qui confirment le rayonnement tentaculaire du grand camp sur toute l’Allemagne et même sur les territoires occupés. Du 24 mars au 27 mai 1943, un kommando de Sachsenhausen existe par exemple à Riga, en Lettonie !
LIÉ À L’HISTOIRE
Le nom d’Oranienburg-Sachsenhausen est encore lié à bien des événements qui ont marqué l’histoire de la Seconde Guerre mondiale en raison du rôle de certains services spéciaux des S. S. et de l’inspection générale des camps qui y avaient leur siège.
Un de ces événements est le déclenchement de la guerre elle-même. Il fallait un prétexte à Hitler pour envahir la Pologne : ses S. S. de Sachsenhausen vont le lui fournir. Le 20 août 1939, des prisonniers parmi lesquels Van Bargen, de Hambourg, sont extraits des cellules du camp. Quelques jours plus tard, ils sont tués par des piqûres empoisonnées. Leurs cadavres,
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