Sachso
revêtus d’uniformes de l’armée polonaise, seront abandonnés le 31 août 1939 près de la station allemande de radio de Gleiwitz, proche de la frontière, où un S. S., pour corser la mise en scène, lit au micro un message en polonais, pendant que ses complices simulent une fusillade. Berlin crie aussitôt qu’un détachement de l’armée polonaise a passé la frontière et s’est attaqué à la station de Gleiwitz. La preuve ? Plusieurs des agresseurs ont été tués sur place. Et les troupes de la Wehrmacht s’ébranlent…
Le 15 septembre 1939, pendant qu’elles occupent la Pologne, la première exécution publique a lieu à Sachsenhausen ; les journaux la relatent ainsi : « Le 15 septembre, pour refus de remplir ses obligations militaires, August Dickmann, né le 7 janvier 1910 à Dinslaken, a été fusillé. Il fondait son refus sur son appartenance aux Témoins de Jéhovah. »
Les premiers convois de Polonais arrivent au camp en novembre, avec beaucoup d’universitaires parmi eux. À la même époque, des rafles massives de professeurs et d’étudiants ont lieu en Tchécoslovaquie. Dans la nuit du 17 novembre, un train de prisonniers part de Brno et charge encore à Prague. Mille huit cents Tchèques entrent au camp. Avec les Polonais, ils grossissent les contingents d’étrangers qui n’ont commencé d’apparaître à Sachsenhausen qu’en août 1938 avec des Autrichiens.
La mise au pas s’effectue aussi dans la Wehrmacht. Deux cent cinquante soldats qui ont critiqué l’attaque contre la Pologne sont internés à Sachsenhausen. Ils sont regroupés dans une S. A. W. (Sonder Abteilung Wehrmacht : section spéciale de la Wehrmacht) et la « gymnastique » qui leur est imposée éclaircit considérablement leurs rangs. Mais ce n’est pas dans les chiffres des S. S. que l’on retrouvera le compte exact de toutes les disparitions enregistrées.
Par exemple, les registres d’immatriculation ne portent pour décembre 1939 que des numéros matricules allant de 5 454 à 6 157, alors que certains détenus reçoivent des numéros entre 8 377 et 8 539 et que l’effectif est de 12 168 prisonniers. Cette singulière comptabilité s’effectue sous les ordres de l’adjudant S. S. Rudolf Hoess, adjoint du tortionnaire Baranowski, lequel avait remplacé en 1938 le commandant Koch, parti diriger le nouveau camp édifié à Buchenwald. Ayant fait ses preuves, Hoess partira à son tour le 4 mai 1940 prendre le commandement d’Auschwitz. Il laisse Sachsenhausen sous la férule du successeur de Baranowski, le commandant Loritz, qui va donner son nom à l’un des kommandos du camp. Puisque le pillage et la rapine vont de pair, chez les S. S., avec l’assassinat, Loritz voit tout de suite le parti qu’il peut tirer des dépouilles de ses victimes qui s’entassent à l’ Effektenkammer (magasin des vêtements et objets ayant appartenu aux détenus). Il crée donc un kommando spécial, le kommando Loritz, qui comptera jusqu’à mille détenus, pour trier les vêtements, l’or, les bijoux ; les entreposer dans une baraque de la forêt ; les mettre en caisses ; les charger sur les camions qui transporteront le butin vers une des résidences de Loritz ou vers celles de complices soigneusement choisis dans la hiérarchie S. S. pour couvrir ses détournements.
C’est sous le règne de Loritz qu’en juillet 1941 le premier convoi de Français est déporté à Sachsenhausen (244 mineurs du Nord et du Pas-de-Calais), puis en octobre 1941 le premier convoi de Norvégiens. Le dernier numéro matricule attribué cette année-là est le 40 648.
En 1942 commence la construction de la station Z, la station d’extermination du camp. Elle entre en service fin mai 1942, pour l’exécution de 250 juifs en représailles de la mort de Heydrich, abattu par les résistants à Prague, où Hitler l’avait nommé chef du protectorat de Tchécoslovaquie. Cette année-là, l’adjoint de Loritz, le S. S. Suhren, fait exterminer en une seule « opération » deux cents prisonniers du kommando Klinker et reçoit quelques jours plus tard le commandement du camp de Ravensbrück. Loritz, de son côté, part semer la terreur en Norvège, et le S. S. Sturmbannführer Kaindl devient le commandant du camp d’Oranienburg-Sachsenhausen, poste qu’il occupera durant trois ans, jusqu’à la fin de la guerre.
Fin 1942, le camp compte 16 577 prisonniers, chiffre qui coïncide pratiquement avec
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