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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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choses n’avaient pas de prix en ces lieux, tellement c’était un besoin pour survivre » ; pour Bernard Benoist : « Je fus l’un des prisonniers à recevoir une petite tartine de ce que nous appelions “la solidarité” et j’en garde toujours le souvenir » ; pour tant d’autres encore…
    Afin d’être plus efficaces, les bonnes volontés sont coordonnées, essentiellement sous l’égide du « Front national », qui regroupe le plus de militants au sein du kommando. Il y a un représentant dans chaque hall ; la direction générale est assurée au départ par Charles Désirat et Jean Szymkiewicz. Fernand Châtel est leur principal agent de liaison. Chaque soir après l’appel, il laisse à son voisin de table du block 7 A, le père Cottard, un vétéran de Saint-Pierre-des-Corps, le soin de prendre sa ration et de veiller sur elle. Une musette en bandoulière, il fait la tournée des blocks où les responsables des halls l’informent des faits saillants dans leur secteur, lui signalent les cas de secours les plus urgents. De son côté, il leur transmet des informations, des consignes et leur remet, selon ce qui a été précédemment décidé, un certain nombre de portions prélevées sur l’ensemble qui a été collecté. Cela ne fait guère que dix à quinze casse-croûtes à répartir chaque soir. Bien peu certes, d’autant que, pour obtenir quelque effet, c’est au même qu’il faut réserver une tartine pendant trois, quatre ou cinq jours.
    Aussi est-il évident que le mode de répartition fait l’objet de longues discussions. Certains pensent que cette solidarité doit d’abord aller aux propres membres de l’organisation alors que les principaux responsables sont formels : il doit s’agir de tous les Français sans distinction. Le débat rebondit au printemps 1943 avec l’arrivée des premiers colis, mais il trouve rapidement sa solution la plus juste.
    Des « familles », des « collectivités » se forment d’une façon plus précise sur la base des régions d’origine, des affinités politiques ou résistantes. Une règle s’établit, strictement suivie par ceux qui sont bien organisés et, par contagion de l’exemple, plus ou moins observée par les autres. Chaque groupe, selon son importance, doit comporter un ou plusieurs Français qui ne reçoivent rien.
    Une attention particulière est toujours portée aux plus jeunes, qui sont les enfants de tous, comme le ressent Pierre Gouffault un soir de cafard : « L’appel terminé, nous rejoignons notre block. Comme des fauves nous attendons d’y entrer pour dévorer notre maigre pitance. Un détenu s’aperçoit de ma tristesse et me dit affectueusement : “Tu es seul ?” – “Oui.” – “Viens avec nous, un camarade a reçu un colis, tu nous aideras à le partager…” Par la suite, j’ai su que ce camarade s’appelait Escarré, que c’était René Pape qui m’avait interpellé et qu’il y avait aussi André Vialaneix… J’étais seul et brusquement, par un mot, un geste, me voilà entouré de trois amis sincères. Tels des pères affectueux et dévoués, ils m’aideront matériellement, m’entoureront de leur aide morale, plus précieuse encore. Du fond du cœur je leur dis encore aujourd’hui merci ! »
    Il est également recommandé, à chaque colis reçu, d’en remettre une part à un jeune Russe en changeant chaque fois d’invité, puisqu’aucun d’eux n’a plus de lien avec son pays. Autre règle combien douloureuse : remettre deux cigarettes par paquet de tabac reçu, afin de constituer un « trésor de guerre » pour l’activité clandestine.
    Les Français qui appliquent de telles directives sont eux-mêmes affamés. Ils ont déjà aidé spontanément les plus faibles autour d’eux. Cependant l’élan est tel qu’il permet, exemple peut-être unique dans l’histoire des camps, d’étendre plusieurs fois la solidarité des Français à l’ensemble des détenus de tous les pays rassemblés au kommando Heinkel. Cela grâce à une initiative du groupe de la cuisine qu’explique José Carabasa :
    « Devant la difficulté des camarades à faire cuire les pâtes, farines, légumes secs reçus dans les colis, nous proposons de les faire cuire collectivement à la cuisine. Ce n’est possible qu’avec l’aide du Vorarbeiter, notre camarade Hein Külckens, et la tolérance du S. S. chef de la cuisine, dont nous achetons le silence et le supplément de combustible

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